jeudi 7 avril 2016

Vautier s’invite au Festival du film court de Mosta

9 minutes ! C’est certainement le passage le plus court d’une personnalité du cinéma durant les cinq jours du Festival du documentaire et film court qui s’est tenu à la Maison de la culture Ould Abderrahmane Kaki du 27 au 31 mars derniers…

René Vautier, juillet 2009 à Alger




9 minutes où « Mr RENE VAUTIER brosse son portrait de cinéaste militant anticolonialiste. Il revient notamment sur sa participation et ses tournages en Algérie pendant la guerre de libération nationale, où il a été blessé par un tir de soldat français sur sa caméra et dont il a gardé un fragment dans le crane », dit le synopsis distribué lors de la projection…

9 minutes denses où,  avant de résumer sa riche et inégalable carrière, celui que certains ont vite et respectueusement nommé « le père du cinéma algérien » pour avoir filmé dans les maquis, dit de lui même: « René Vautier vient  d’apprendre qu’il a un cancer qu’on ne plus soigner. Les toubibs ont renoncé à s’occuper de lui en lui disant : tu as quelques mois pour régler tes affaires alors règle les »…
Emotion dense que celles de ces quelques minutes qui rendent hommage au cinéaste disparu en janvier 2015 (le film est bouclé en mars 2015), un cinéaste humble et passionné qui de son adolescence de résistant au nazisme jusqu’à la fin de sa vie n’a cessé d’œuvrer pour les causes de libération des peuples du joug colonial français.
Cette fraternelle et pathétique surprise nous a été offerte par le cinéaste documentariste Hadj Fitas qui avait rencontré René Vautier lors du Festival Panafricain d'Alger il y a 7 ans , Festival dont Vautier était l'invité d'honneur aux cotés d’autres cinéaste du monde tel l’américain Dany Glovéro…

Festival panafricain –Hadj Fitas et Dany Glovéro


Heureuse et simple rencontre entre hommes d’images….
Hadj Fitas a fait depuis les années 70 un long parcours de journaliste, de reporter radio et surtout de producteur et réalisateur indépendant de documentaires. Il avait notamment réalisé en 2004 un film de 13 minutes  « Cinéma et histoire », où il faisait un parallèle entre la guerre du Vietnam et celle d’Algérie en interrogeant l’historien Benjamin Stora, les cinéastes Yves Boisset, Mohamed Chouikh et Mohamed  Bensalaha ainsi que l’essayiste Malek Chebel…
Pour ce coup, Fitas a trouvé durant le Festival Panafricain d’Alger de juillet 2009, en accord avec René Vautier, la formule juste pour un témoignage fort : poser sa caméra à hauteur du réalisateur breton, le cadrer en gros plan et le laisser faire son autoportrait…



Pour la performance il faut être bien entendu René Vautier. Et René Vautier explique avec calme et un sourire souverainement pacifique qu’il se consacre désormais à Brest, région où il était né en 1928, à classer pour la cinémathèque l’ensemble de ses films qu’il a fait aux quatre coins du monde… Il a du d’abord les chercher, ses films et, comme il dit « en recoller les morceaux » suite à toutes les atteintes terribles que n’a cessé de lui assener la censure (et les condamnations des tribunaux) au cours des soixante ans de sa longue et extraordinaire carrière. Une trentaine de films dont les plus célèbres sont sans doute  « Algérie en flammes » (1958) et « Avoir 20 ans dans les Aurés » (1972), mais nous n’oublierons pas pour notre part de rappeler ici « Les trois cousins », une fiction tragique sur la vie de trois cousins algériens à la recherche d’un travail en France dont un des rôles saillants était interprété par le regretté Mohamed Zinet, chef d’orchestre de l’inoubliable « Tahya ya didou » projeté sur l’écran du cinéma l’Algéria de la rue Didouche Mourad en 1971 en présence de Mohamed Salah Mentouri premier maire d’Alger…

Puisse ce court film être largement distribué par les moyens modernes que nous connaissons afin que la majorité des Algériennes et des Algériens puissent le voir ; car, comme le souligne Vautier lui-même dans ce film : « L’histoire moderne s’écrit en images »… 
Souhaitons également longue vie et santé à tous les festivals ici et là dans le pays qui permettent de faire réellement connaitre le patrimoine culturel, le faire vivre, le préserver, le transmettre.


Abderrahmane Djelfaoui



Hadj Mohamed Fitas / Bio express:

- Etudes de sociologie à l'université d'Oran
-Journaliste au quotidien "La République" d'Oran (1974/75)
-Formation de réalisteur à l'Institut National de l'Audiovisuel de Bry sur Marne/ Paris (1976-77)
-Reporter radio à "Radio France", et à "Radio France Internationale" (1977-78)
-Réalisateur au Centre audiovisuel de la Zone Industrielle d'Arzew de SONATRACH (1980-90)
-Producteur et Réalisateur indépendant, depuis la création de "VIDEO PRO" en 1990 et sa filiale "VP FILMS". Cette filiale a réalisé des documentaires pour le compte de la Télévision Algérienne, et les chaines France 2, France 3, TV5 et Radio Canada






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