lundi 23 octobre 2017

Retour d’un voyage au long cours à l’ouest d’Alger….

Jeudi 5 octobre au matin, au bord de la magnifique baie toute bleue allant d’Arzew à la Salamandre, à quelques kilomètres à l’ouest de Mostaganem, nous étions levés du bon pied, avions pris le petit dej en échangeant nos multiples impressions et photos en nous préparant à quitter l’hôtel situé sur les Sablettes où nous n’avions passé qu’une nuitée…


La journée précédente avait été celle des fortes émotions par la (re) découverte de la maison de Sidi Ali (ex Cassaigne) où Jacques Fournier, fils d’un médecin de la colonisation des monts du Dahra dans les années 1920-50,  avait passé son enfance. (Médecins avaient été également le grand père de Jacques tout comme son oncle, le frère de son père). Une maison qu’il pouvait enfin présenter directement à ses petites filles Delphine et Caroline qui visitaient pour la première fois leur terre originelle d’Afrique…

Sous les grenadiers d’un jardin d’antan…

Dans la rue de la maison, rue baptisée depuis du nom du chahid Dourar Mohamed (1901-1956)

Une grande partie de cette belle journée revenait à Mostefa Abderrahmane, cinéaste, qui aura notre guide depuis Mostaganem et, une fois arrivés à Sidi Ali, aura pu contacter par son savoir faire de terrain, humble  et coutumier, les voisins puis l’un des petits enfants des occupants de la maison (qu’on alla chercher à la mairie) qui nous ouvrit la porte et fit visiter la maison aux Fournier avec la simplicité souriante d’un villageois tranquille…


Demandant pour la petite histoire (comme on dit) à Mostefa Abderrahmane ce que le Dahra représentait pour lui, il me répondit  après un moment de méditation:
« Sidi Ali comme tous les lieux de mémoire où j'ai réalisé la plupart de mes documentaires à l’image des villages et lieux dits de Nekmaria, Oulad Maâlah, Sidi Lakhdar, Hadjadj, Amariche...représente pour moi une halte plus que nécessaire dans le vaste et majestueux Dahra.
C'est dans cette contrée à la fois naturelle et sauvage où j'ai rencontré des êtres d'une générosité sans limites. Face à la caméra, ces femmes et hommes qui ont été de véritables acteurs de la révolution ont livré leurs cœurs et des témoignages forts émouvants toujours à l'aise ; alors que la plupart n'ont jamais été devant une caméra. Leur posture et leurs gestuelles ainsi que leurs paroles m'ont enseigné l'art d'être soi-même, d'être généreux. Ils ont des cœurs où l'on entre sans frapper. »

« Hadjaj Beach »

A une quarantaine de kilomètres à l’est de Mostaganem, Nadir Kaid, retraité, nous reçoit dans son cabanon à la magnifique vue panoramique sur la plage et sur le couchant sur l’horizon marin…

(photo Nadir Kaid)

(Photo Nadir Kaid)

De cette région de vielles montagnes et ses plages, Jacques Fournier écrit dans son livre autobiographique et d’essai « L’Algérie retrouvée » :

« L’Algérie retrouvée. 1924-2014 », page 28, éditions Bouchène ; Paris, Saint Denis, 2014…



C’est ce livre, -après que moi et les filles sommes allé nous baigner, pratiquement seuls dans l’eau douce et fraiche d’octobre (à l’exception de deux Algériens de Paris qui campaient sur la plage !) que Jacques, entouré de tous, va sortir de son sac et dédicacer à l’ami Nadir.
Un livre étonnant, fouillé et rigoureux qui se divise en 8 chapitres allant de « Famille pied-noir », « Jeunesse algérienne » , « Alliance kabyle »  (qui narre le mariage de Jacques Jacqueline à la fille ainée de Mohand Tazrout), « Décolonisation »,  « Vu de l’autre rive », des passages sur ses voyages en Palestine et certains aspects de la colonisation française en Algérie jusqu’à une projection de ce que pourraient être au 21 ème siècle les rapports de cœur et de raison entre « L’Algérie et la France »… 



Flashs sur la route de Ténes-Alger



Arrêt pique-nique, 
après nous être approvisionnés dans une épicerie de village tenue par deux femmes 
dont une fille de moudjahid qui nous dit, à Jacques et moi, 
qu’il lui semblait bien avoir entendu
son vieux père parler d’un médecin de ce nom là…


A une autre halte, Delphine a tenu à sortir de la voiture, 
traverser la chaussée et marcher pieds nus 
sur les chardons 
de la terre d’Afrique…

Caroline devant la montagne du cap de Ténes.


La route en lacets creusée dans la falaise : beauté féérique du paysage et, juste à nos pieds, un amas de canettes de bière et autres détritus…

Sous un eucalyptus dans la région de Gouraya, Jacques Fournier est un peu fatigué certes, mais il le dit : il est heureux d’avoir à nouveau accompli à son âge vénérable le voyage de l’enfance et du souvenir et de l’avoir partagé cette troisième fois avec les enfants de son fils Denis, Delphine et Caroline, elles mêmes émerveillées.

Que dire pour cette fin de voyage qui n’en est pas une en fait, mais à considérer seulement comme une étape ? Je crois que Mostefa Abderrahmane l’a bien dit et résumé en parlant de l’homme lui-même :

« Jacques fait aussi partie de ces gens du Dahra, humbles et grands. Pour moi, il n'a jamais quitté l'Algérie qu'il porte dans son cœur, cette Algérie qu'il voudrait voir aller dans le concert des Nations parmi les plus prospères. Durant les trois courts et riches séjours qu'on a partagés depuis l'année 2005, il nous a procuré beaucoup d'émotions et de partage comme savent le faire les hommes de sa stature. »



Merci Jacques et à bientôt !


Abderrahmane Djelfaoui.

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