vendredi 20 avril 2018

Fin des mimosas, fin de l’hiver ?...



Aux tous premiers jours de janvier, lumineux il est vrai cette année, je rencontrais au détour d’une rue de village dans le Sahel un jeune mimosa au tronc lisse, gris et fortement incliné... Un petit miracle puisque en général les mimosas fleurissent dans l’algérois aux premières semaines de mars...
C’était mon premier de l'année à la veille de la fête de Yennayer... 
De son tronc incliné par les vents, un riverain avait eu l’idée simple de mettre une planche sous une des branches pour le tenir plus à l’aise dans le frémissement de son éclat…
J’ai donc photographié cet arbre sauvage de tranquillité et de beauté, en souhaitant qu'il nous rapproche plus du miracle quotidien de la nature, sa simplicité et sa sérénité...





Et un selfie souvenir du Sahel…

En fait, le premier dont j’ai gardé la photographie date d’il y a … 13 ans ! C’était un jour de petite brume au Quartier des Jasmins, quartier « historique » qui a bien changé aujourd’hui et sur lequel, par le tragique hasard d’une catastrophe (inondations de Bab El Oued de 2001) j’avais écrit un petit poème paru dans mon recueil : « ô ville de cent lieux, ville noire » paru en 2008…







En fait le mimosa (les mimosas, devrait-on dire) est une variété des acacias et, sous des formes différentes, avec ou sans épines, dont on peut extraire ou non une « gomme arabique », qui est très répandu dans notre pays, au nord bien sur, mais jusque dans certains oued asséchés du Hoggar. Son nom commun en arabe est « talha »…


Dans cette intéressante encyclopédie (bien plus rare que les livres de cuisine et de sucreries) publiée en 2000 à Alger, l’auteur note à propos de la variété Acacia arabica Willd :


« Les feuilles tendres de mimosa sont utilisées contre les maux de gorge et comme cicatrisantes. Sa gomme mélangée avec du blanc d’œuf peut être utile pour les brûlures ». Et d’ajouter en conseil quelques alinéas plus loin : « Les acacias doivent être utilisés avec modération ; à éviter en cas d’inflammations rénales »…




Mal de gorge, maux d’hiver…

Entre une succession de jours et nuits de pluie battante et quelques éclaircies, un de ces mimosas de Ain Naadja, banlieue sud d’Alger,  dore ses boules duveteuses sous un brin de soleil tamisé attendant un printemps qu'il annonce déjà... 




Et la nuit, même nuageuse et sans lune, il donne l’impression de feuillages étoilés en bordure des grands boulevards…


Très vite, en moins de deux semaines, il fleurit de toute sa magique amplitude alors que bien d’autres arbres, majestueux, sont encore dénudés…



Et ses boutons de se mettre peu à peu à chuter et dorer discrètement, mais surement, les bords des parapets et des escaliers publics qu’il ombrage…


En fait à cette période (fin mars, début avril) le printemps sort plus que le bout de son nez… Ce sont les derniers jours de magnificence du mimosa en fleurs…


Un arbrisseau, mais aussi un arbre pouvant atteindre plusieurs mètres de haut qui nous vient de loin, de très loin. Transplanté d’Australie (où il fleurit d’ailleurs en septembre, puisque c’est l’hémisphère sud), il s’acclimate en Europe du sud au 19 eme siècle, puis sur les rives nord de l’Afrique tout comme son compère l’eucalyptus qui lui aussi venait d’Australie et fut planté, dit-on, pour la première fois en Algérie du coté de Chéraga. Mais cela est encore une autre histoire…

Puis c'est la decrepitude de tout le fleuri de l'arbre.... Les boutons disparaissent. On les retrouve encore parfois complètement déteints sous d'autres feuillages morts...




En tout cas les trois coups pour le début de la pièce du printemps ont été donnés.

Un mythe dit que le mimosa aurait le pouvoir de favoriser les rêves prophétiques…
Alors : renaissance et perpétuation…



Abderrahmane Djelfaoui, texte et photographies

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