mardi 11 septembre 2018

Service d’imagerie : Rencontre avec le maitre du Guembri de Blida




Alors que j’emmenais ma fille à un service de radiologie spécialisé pour une échographie de contrôle, je fais une de ces rencontres  qui ne m’arrive qu’une fois l’an et encore !

Rencontre fabuleuse !

Dans le hall d’attente, ma fille assise sur une chaise roulante, je vois sortir par les portes battantes de la chambre du Scanner (« danger  radiations ») une silhouette amie que je n’avais pas vue depuis longtemps…

Est-ce bien lui ?... Il n’avait pas son habituel fez rouge sur la tète, mais une casquette de marin et  il avançait lentement, péniblement, à l’aide d’une canne vers une chaise pour s’assoir…

BAHAZ, - descendant d’une lignée d’artistes africains, maître du Guembri, cet instrument à trois cordes qu’il fabrique lui-même avec de la peau de chameau qu’il ramène du Sahara…



Je l’interpellais affectueusement. Nous nous serrons la main et il se met  immédiatement à me parler de santé qui n’est plus ce qu’elle était… De la carte d’artiste qu’il avait reçue il y a deux ans maintenant mais qui ne donne pas du tout ce qu’on espérait d’elle…


Puis ayant passé sa main dans sa vénérable barbichette de 76 printemps, il sourit en disant : « Oui, je me rappelle, tu nous as photographié Denis Martinez et moi, à Mostaganem, devant le bulldozer qu’il avait peint lors de la biennale des artistes »…

Il y a de cela des années, mais c’est comme si c’était hier…

Un portrait-poème de Denis Martinez en hommage à son ami Bahaz


Je lui rappelais de mon coté ses relations d’amitiés avec mon cousin feu Mohamed Belhadji, cinéaste, son camarade des années 60… Le nom fit tilt et il me dit qu’ils fréquentaient ensemble le club de l’USMB et enchaina sur le père de Mohamed Belhadji, Abdelkader qui était alors infirmier à l’HPB de Blida. Un hôpital psychiatrique où venait  également Abderrahmane Aziz chanter au profit des malades…

Souvenir qui l’emmena à en évoquer bien d’autres, les yeux luisants : Nadir qui avait créé le premier ballet au TNA d’Alger ; le « train culturel » vers l’ouest initié par feu Mohamed Boudia « assassiné à Paris allah yerhmou par les israéliens » ; Nouredine Saoudi et la musique andalouse; les villages de Racont-Arts avec Denis Martinez…

Une des infirmières ayant appelée ma fille pour descendre en salle d’échographie, j’eus, le cœur serré, juste le temps de l’embrasser, de lui souhaiter prompt rétablissement et bonne santé. « Je suis heureux, me dit-il,  qu’on ai parlé un peu de Denis Martinez, même s’il n’est pas là. Lui aussi a de petits problèmes de santé… »

Je le laissais avec sa fille qui l’accompagnait…







Abdererahmane Djelfaoui : texte et photographies

1 commentaire:

  1. Touché par ce rappel attendrissant. Je lui en toucherait un mot mardi prochain. Merci.

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