dimanche 9 juillet 2017

L’ÉTÉ 17 D’ANNA GRÉKI

Le 3ème colloque international Anna Gréki organisé en commun entre la Bibliothèque Principale de Lecture Publique  de Batna et la section locale de l'association culturelle El Djahidiya s’est ouvert dans la capitale des vieux monts des Aurès  le 5 juillet 2017, jour anniversaire de l’indépendance de l’Algérie.

Le monument dédié à Mostefa Ben Boulaid
« Père de la révolution libératrice » au centre de la ville

Mis au courant à peine 48 heures avant son ouverture officielle, j’ai personnellement fait les 400 kms avec ma petite voiture depuis Alger pour y assister…

Longeant les premiers reliefs du  Parc National de Belezma,
face à la plaine où se trouve l’aéroport de la ville de Batna

Ne sachant rien du contenu de cette rencontre dont je prenais connaissance « par la bande », j’y allais  en pensant que je serais le témoin de communications inédites sur l’enfance d’Anna Gréki (alors Colette Grégoire) née à Batna  le 14 mars 1931 et ayant passé les premières années de son enfance au village de Menaa où enseignaient son père et sa mère… « Menaa » titre d’un de ses plus célèbres poèmes écrit en prison et qui ouvre « Algérie Capitale Alger » édité juste une année après l’indépendance en 1963…



La Bibliothèque Principale de Lecture Publique où s’est déroulé deux jours durant le colloque est située au quartier de Hamla 1 ; Bibliothèque moderne qui  jouxte une toute nouvelle mosquée  dans la périphérie de Batna au bout du tracé de la ville qu’on appelle « La route de Biskra »…




Après les discours officiels de bienvenus, l’hymne national et la présentation (originale) de la biographie d’Anna Gréki dite tour à tour en arabe par quatre enfants, les toutes premières personnes dont je fais connaissance dans la salle de conférence de la BPLP de Batna en ce jour anniversaire du 5 juillet sont Mohamed Bensaci, Maitre assistant en littérature comparée à l'université de Batna.et son collègue Zibat Ayeche professeur d'anglais. Ils m’apprennent qu’ils animent depuis 2003 un cercle de débat littéraire indépendant, dont une session fut consacrée à... Anna Greki ("Algerie Capitale Alger")


(quotidien El Watan du 9 mars 2016)


Bensaci m'informe qu'il est même peintre à ses heures perdues...




La séance du colloque du 5 juillet est présidée par le moudjahid et universitaire Larbi Dahou qui la mène avec une faconde intarissable. Une très longue et dense séance qui se termine vers 14 heures et durant laquelle sont données pas moins de quatre conférences :
-« La vue poétique dans la poésie révolutionnaire algérienne », par  Said Ayadi, de l’université de Blida
-« Le discours de libération dans la poésie d’Anna Gréki »,  par Tayeb  Ould Aroussi de l’Institut du Monde Arabe (IMA) de Paris. Directeur de la chaire think thank à l'Institut du Monde Arabe (ou il décortique le discours religieux avec Mohamed Chehrour).
Tayeb Ould Aroussi fait une lecture des deux recueils poétiques d'Anna Greki et en dégage les thèmes de la force du vécu de l'enfance, le village de Menaa, la révolution algérienne, la prison et les dédicaces aux camarades de lutte....
Il note un parallèle de la poésie d’Anna Gréki avec celle d'Eluard et particulièrement celle du tunisien Abou Kacem Echabbi qu’Anna a pu lire a partir d'une traduction de Amer Guedira réalisée en 1956 a Lyon...

Tayeb Ould Aroussi


Les deux autres interventions  de cette première journée:

-« La notion de responsabilité dans la littérature algérienne », par Abderrezak Jellouli, de la Radio algérienne
-« Image du combat algérien  pour la libération dans la poésie d’Anna Gréki »,  (à partir des traductions en arabe réalisées par Lamis Saidi et récupérée sur Internet) par le Docteur Houeida Saleh de la République Arabe d’Egypte (auteur d’un ouvrage : « La Marge sociale dans la littérature. Une Lecture socioculturelle. »)


Sur la question de la marginalisation (sociale, religieuse, sexuelle, linguistique, etc)
traitée dans la littérature égyptienne des années 1990

Lors des débats de cette séance inaugurale, (débats parfois tendus autour des notions d’identité littéraire…) et suite à plusieurs interventions à partir de la salle ainsi que de l’estrade même des intervenants est décidé l’ajout de mon intervention à la séance du lendemain en tant qu’auteur de l’ouvrage : « Anna Gréki, les mots d’amour, les mots de guerre »…

Après une après midi de lectures poétiques diverses qui voit l’intervention d’auteurs en provenance tant de Djelfa, de Sousse et Tunis, de Tanger (Maroc), de Batna, de Tebessa, etc… la séance du lendemain 6 juillet, présidée par Tayeb Ould Aroussi (de l’IMA), donne à entendre trois conférences. Un honneur inattendu m’est fait par le Président de séance d’être le premier intervenant pour, en dix minutes, présenter mon ouvrage et quelques  images fortes de l’itinéraire révolté, révolutionnaire et poétique d’Anna Gréki (1931/1966) avec une particulière insistance sur une question : comment une jeune femme de 26 ans qui vient d’être arrêtée par l’armée coloniale, qui est sauvagement torturée puis emprisonnée à Serkadji avec des dizaines de détenues en vient elle à écrire de la poésie dans la sordide cellule collective qu’elle partage dignement avec 40 autres femmes dont Djamila Bouhired, Zhor Zerari, Nassima Hablal, Jacqueline  Guerroudj et Fadela Dziria?...


Je conclue par l'extrait d'un poème d'amour d'Anna à la mémoire d'Ahmed Inal mort en martyr dans les monts de Tlemcen...



Une des dernières photos d'Ahmed Inal au maquis...

Mon intervention est suivie par la conférence  (particulièrement émouvante) du jeune docteur Ahmed Harichi du Maroc intitulée : « La révolution algérienne vue et soutenue dans la poésie religieuse et séculaire marocaine »


Le docteur Harichi lors de son intervention

Après un riche débat et lecture de poèmes d’Anna, les trois conférences sont suivies par la projection d’un film documentaire réalisé par Abdelkader Mame (connu pour ses nombreux documentaires sur la chaine  El Djazira) intitulé: « Les crimes de guerre coloniaux en Algérie » (réalisé en 2016). Un film dont une importante séquence est consacré à l’enfumade de la tribu des Ouled Riah dans le Dahra par le général Pélissier en juin 1845…

Abdelkader Mame lors du débat de son film où est annoncée l’idée commune entre lui et moi de travailler à un film documentaire sur Anna Gréki, mais où sont également citées et commentées nombre de réalisations du cinéma algérien des années d’avant le terrorisme dont  « Colonialisme sans empire »  et « Combien je vous aime » du regretté Azzedine Meddour commenté par Abdelkader Alloula…


Fin d’après midi l’ensemble des colloquants est invité à une visite de la ville romaine de Timgad située à une cinquantaine de kms de Batna, y recevoir les diplômes de participation à ce colloque ….


De retour à l'hôtel Hazem, ce sera enfin au tour des enfants de recevoir en terrasse et de nuit leur diplôme de remerciement pour leur participation à l'ouverture du 3ème colloque international Anna Gréki de Batna en présence du responsable du bureau local de l'association El Djahidhiya.





Abderrahmane Djelfaoui texte et photos

2 commentaires:

  1. Merci pour cette couverture vivante où je retrouve l'empreinte d'un réel hommage à Greki. Je m'en voulais d'avoir manqué ce rendez-vous mais le film de votre présence a dissipé mes regrets.

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  2. Merci pour cette couverture vivante où je retrouve l'empreinte d'un réel hommage à Greki. Je m'en voulais d'avoir manqué ce rendez-vous mais le film de votre présence a dissipé mes regrets.

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