Photo: Abderrahmane Djelfaoui
Abdelkrim El Khattabi en janvier 1925
Ouverture du 1er Congrès économique musulman à Karachi- 1949
Photo: Abderrahmane Djelfaoui
Abdelkrim El Khattabi en janvier 1925
Ouverture du 1er Congrès économique musulman à Karachi- 1949
Quelques propos et souvenirs de Mustapha
Adane sur sa participation au Festival Panafricain ( PANAF) de 1969
[…] Pour le
PANAF, si j’étais informé des délégations algériennes qui parcouraient les pays
du continent pour inviter les officiels et les artistes, comme des préparatifs
et de l’embellissement de la capitale, des rénovations de certaines salles
d’exposition comme la mairie d’Alger, etc, nous ne savions pas grand-chose de
la manière dont ce festival allait se dérouler ni l’ampleur qu’il aurait…...
L’initiative était surtout politique et était traitée au niveau gouvernemental
d’Etat à Etat... La surprise allait être inouïe le jour de l’ouverture tant la
manifestation organisée chez nous sept ans après notre indépendance chèrement
acquise fut la plus grandiose d’Afrique...
C’est donc en
amont, quelques semaines avant la tenue du PANAF que j’ai créé une médaille
pour le PANAF. Je n’avais alors à ma disposition d’autres informations que la
date, le lieu, le logo et l’intitulé de la manifestation en arabe, en français
et en anglais...
Photo : Abd. Djelfaoui
Pour ce qui est
des arts plastiques nous n’avons malheureusement pas eu le temps d’avoir de
vrais contacts entre artistes africains... A la galerie de la mairie d’Alger,
galerie officielle où j’organisais une très grande exposition, ils étaient
arrivés en bloc avec les caisses contenant leurs œuvres choisies par leurs
gouvernements ; on a fait déballer la centaine de toiles et autres objets
d’art, on les a arrangés. […] Le gros
problème c’est que tout s’est passé rapidement sans qu’il y ait eu de
réunion, d’échanges bien organisés, de catalogues ou rencontres débats entre
nous ou avec le public. On sentait que c’étaient les gouvernements qui géraient
et décidaient tout par le haut ! Pour les arts plastiques nous n’avions
pour fonction que d’être une grande salle d’exposition de toute l’Afrique,
l’Algérie comprise...
Le Président Boumediene, accompagné
dans sa visite
par Adane Mustapha Président
de l’UNAP
[…] Ailleurs qu’à la mairie d’Alger, L’Union nationale des
artistes peintres (UNAP) avait monté une exposition à la petite galerie [de la
rue Pasteur] où étaient exposés les seuls peintres algériens. Une autre
exposition d’arts africains avait lieu au Musée national des beaux-arts du
Hamma dont le conservateur était Ahmed Kara, peintre. […]
Une œuvre d’un peintre
sénégalais
Avec Choukri
Mesli, professeur comme moi à l’Ecole des beaux-arts, nous avons décidé de
contacter les peintres marocains, pas nombreux (dont le célèbre peintre et
militant Mahjoubi Ahardane que Mesli à rencontré seul) et les peintres
tunisiens pour projeter une union maghrébine des arts graphiques... Mais cela
n’a jamais été plus loin…
Je pense que
les choses ont été plus spectaculaires pour des artistes comme Myriam Makéba et
d’autres musiciens, ce qui était normal vu la forte charge de leur chant et
l’importance de leur public... De même pour le cinéma et certainement le
théâtre. Les écrivains étaient eux
nombreux en symposium au Club des Pins ainsi qu’au centre de l’attention de la
presse...
Il faut dire
aussi que les médias français qui dominaient à l’époque le monde des arts
francophones ne donnaient de chance qu’au compte-goutte aux plasticiens
africains pour se faire connaitre... Epoque où le néocolonialisme mettait par
exemple au pouvoir ses pions comme Bokassa qui se déclarait « Empereur de
Centrafrique » ! L’envergure des manifestations artistiques du PANAF
avait pris la plupart des médias français au dépourvu... Ils ont voulu quand
même s’en accaparer. Heureusement pour cet évènement capital du PANAF il y a eu
le film de William Klein ! […]
Abderrahmane
Djelfaoui
Larges extraits de mon ouvrage :
« Adane au fil de ses naissances », chapitre 11.
Qui sait ce qu’était Rmilet
La’oued à Bab el oued ?..
C’est ce que m’a raconté l’artiste Mustapha Adane à
l’époque lointaine de son enfance entre 1933 et les dures années de la deuxième
guerre mondiale…
Ce témoignage est extrait du premier chapitre du
livre : « Adane au fil de ses naissances » dont le
manuscrit achevé ces derniers mois attend d’être édité.
Né au n° 2 de l’impasse de l’intendance dans la basse
Casbah (ruelle qui n’existe plus aujourd’hui), Mustapha Adane, est un fin
connaisseur de la ville d’Alger et de son centre historique. Avant même qu’il
ne soit adolescent, il avait pour voisin le regretté Sid Ali Kouiret (qui fréquentait
la même école primaire derrière Ketchaoua), et connaissait également Mustapha
Toumi ou Ali Drabki avec lequel il allait écouter Hadj Mrizek et bien d’autres
dans leurs soirées de fêtes et mariages…
Djamaa' Ketchaoua était « La cathédrale d’Alger » durant la période coloniale.
Ici, souvenir de La Cathédrale en1930 sous forme de cendrier…
Dans nos discussions, Mustapha Adane, recoupe souvent tel ou tel fait de l’actualité de ce 21 -ème siècle par une évocation brève, vivante et humoristique de tel ou tel aspect vécu de la Casbah, sa vie communautaire, les jeux inventifs de ses gosses, ses fêtes traditionnelles dans la rue, la proximité de la caserne des sénégalais « dont les soldats ne mangeaient que du riz », les forts de cette cité millénaire aux noms oubliés avec des pans de leur histoire à la fois réelle et légendaire tel Bordj Ezzoubia (le fossé des immondices) ou le Fort de la Négresse (Bordj Taklit), etc…
Le Fort Setti-Taklitt (aujourd’hui disparu) est vu dans ce
dessin du 19 eme siècle à peu près du lieu où se situe aujourd’hui le Bastion
23.
Mais venons-en à l’anecdote « en mode rigolo »
comme aime à dire l’artiste lui-même
[… ] Au bas de la Casbah, me dit Mustapha Adane, après
Ka’ Essour et le marché Nelson, Remilat La’ouad était une plage de Bab El Oued
réservée aux musulmans…. La sortie du tunnel qui venait de la pêcherie
débouchait juste à côté. Un peu plus loin, dans le prolongement de cette énorme
plage trônait la piscine El Ketani…
Les gens l’appellent encore aujourd’hui Remilet
La’oued ; mais savent-ils pourquoi on l’appelait comme ça au 19 -ème
siècle ? En fait c’est parce qu’il y avait la caserne des militaires d’où,
vers 1870, on sortait les chevaux de la cavalerie pour les faire tourner sur la
plage. Cette cavalerie qui était chargé de surveiller et réprimer les tribus
indigènes… Alors on entrainait les chevaux à marcher et à galoper sur le sable
et les galets de la plage et même sur les vagues… Bien sûr quand la voiture et
l’auto-mitrailleuse sont apparues, le cheval pour la cavalerie a disparu !
Mais le nom est resté…
C’était une plage pour les musulmans et seulement pour eux ; il leur arrivait même de camper là… C’était en dehors de Bab El Oued où vivaient les espagnols ; loin d’eux …
Quand j’y suis allé pour la première fois j’avais cinq
ans ! On y allait à pied, on y allait en bande de gosses de la basse
Casbah.
J’étais un blondinet turbulent et fonceur. El bhar, el
bhar ! : la mer !..
J’y allais, bien sûr sans avertir quiconque dans la
grande maison paternelle où vivaient aussi nombre de familles de voisins…
Mustapha Adane à l’âge de cinq ans
Ma mère qui me cherchait à la maison et dans l’impasse
ne m’ayant pas trouvé avait alerté tout le monde : ça y est, il a dû
lui arriver quelque chose de mauvais…
Et là : ça déclenche une
incroyable aventure. Le tram de l’époque qui traversait le bas de Bab El
Oued avait une station à côté de Remilat La‘oued. Le wattman de ce tram,
Djellouli, Allah yerhmou, habitait chez nous où il était locataire. … Et ma
mère de le supplier : retrouve mon fils, je ne sais plus où il est !
Il a dû partir avec ses diables de copains…
Arrêt du tram face aux escaliers de la pêcherie
Djellouli qui prend son service sur la ligne arrive à
l’arrêt de Remilet La’oued et, de loin, l’œil perçant, il distingue une petite
tête blonde… Ça ne peut être que lui ! (C’est à dire moi !). Pour
Djellouli (comme pour tous les gens de mon quartier) : Il n’y avait que
moi pour avoir une tête pareille !
Il serre le frein du tram et descend jusque sur
la plage. Il m’a empoigné, m’a remonté et jeté comme un sac devant lui, dans
l’espace étroit où, debout, il conduisait le tram. Moi accroupi dans la
demi-obscurité je ne voyais que ses jambes ! … Le tram a fait retour jusqu’à
Djamâa el kbir, à côté de la Chambre de commerce. Là il y avait une ruelle qui
remontait droit en face de chez mon père. Cette ruelle commençait avec Kahwet
Tlemçani et le café de mon père était à l’autre bout…
Et le wattman laissant à nouveau son tram à l’arrêt
m’emmène jusque sous le nez de mon père ; une catastrophe ! Il me donne
une raclée et ordonne à son employé de me ramener en pleurs à la maison
…
Mustapha Adane aujourd’hui en 2025
(Photographie Abderrahmane Djelfaoui)
©
Abderrahmane Djelfaoui
Khraissiya-Douéra
18
mai 2025
Cyclistes algériens à La Havane :
Cuba Si !
L’équipe algérienne dans le
stade de La Havane. Photo : Prensa Latina
Comme toute histoire de légende, l’histoire de nos cyclistes professionnels à Cuba est une belle histoire….
Beauté de l’invitation et beauté du voyage
transatlantique ; parce que, comme me le raconte Ahmed Djelil, capitaine
de cette équipe, l’aventure est à plusieurs étapes. D’abord d’Alger à La havane
c’est d’abord Alger-Madrid par Air Algérie, puis le lendemain avec la Compagnie
d’aviation cubaine la traversée de l’Atlantique Nord (en avion à hélices en
1969) jusqu’à Gander en Terre Neuve (en dessous du Groenland), puis le survol des
Bermudes face à la Côte Est des USA avant de déboucher enfin après des heures
de vol sur les Bahamas et atterrir dans la capitale et ville portuaire de Cuba :
La Havane…
Un périple
de plus de 10 000 kilomètres ! Et cela juste 7 ans après
l’Indépendance de l’Algérie…
Feuilleton
n° 1 : Algérie années 70 !
Savoir que le
Tour cycliste de Cuba est inscrit au Calendrier international des Tours
cyclistes et donc plusieurs nations y concourent. L’équipe nationale de l’Algérie,
pays ami de Cuba, était officiellement invitée et attendue par la Fédération
cubaine du cyclisme. Elle était la seule d’Afrique à participer à ce Tour de
qualité en 1969. D’ailleurs quand
l’équipe atterrira à l’aéroport de La Havane elle sera reçue à la descente même
de l’avion non seulement par des officiels mais aussi par une population
enthousiaste !...
Pour broder sur
cette petite histoire d’amitié (qui est en fait une grande histoire), l’agence
de presse cubaine Prensa Latina qui faisait en 1965 le classement de centaines
de sportifs professionnels du continent africain toutes disciplines confondues avait
classé Ahmed Djelil (cyclisme) à la 5 -ème place et Hacène Lalmas (football) à
la 7 -ème…
Feuilleton
n° 2 : Panique au-dessus de l’Atlantique Nord !
Ahmed Djelil,
me dit : je vais te raconter cette histoire incroyable…
« A
l’époque c’était des avions à hélices qui faisaient de longs trajets. Le vol
était archicomble et les membres de notre équipe étions depuis plus d’une heure
en train de jouer à la belotte à l’arrière de l’avion. Comme j’étais à côté du
hublot j’ai vu l’hélice ne tournait pas : elle était à l’arrêt… Je l’ai
dit à mes compagnons, jeunes et inconscients. Tout le monde s’est mis à
regarder et ça a été le chaos dans l’avion qui faisait demi-tour pour
revenir sur Madrid ! Mais comme les réservoirs étaient pleins de kérosène,
il a dû éjecter pendant plus de deux heures son kérosène pour permettre à l’appareil
de revenir en toute sécurité. Le danger c’était qu’en vidant ainsi ses
réservoirs, si jamais il y avait une étincelle tout pouvait exploser. Si nous
algériens étions inconscients, le reste des passagers étaient affolés. Je me
rappelle de la femme de l’ambassadeur de Cuba à Madrid, qui ne fut calmée que
par un membre de notre équipe, Kaddour Mahieddine, de Blida, allah yerhmou, qui
alla chercher une couverture pour l’envelopper ce qui la calma… En fait
l’équipe d’Algérie, inconsciente mais très calme, a pris possession de l’avion
pour calmer les passagers apeurés. Nous avons atterri sains et saufs à Madrid.
« Mais
pour remplacer la pièce défectueuse de l’avion il fallait qu’il l’importe de ne
je ne sais quel pays, ce qui a fait que nous sommes restés en attente une
semaine à Madrid ! Sans pouvoir ni nous entrainer ni savoir que faire de
notre temps. Le Tour à Cuba devait commencer, et avait commencé sans nous !.. »
Contre son
retard, l’Algérie bénéficie d’un nouveau départ du Tour.
Voilà comment
Wikipédia résume à sa manière à l’arrivée des Algériens à Cuba.
« … La
commission technique du Tour de Cuba décida de couper la compétition en deux
Parties. Les cinq premières étapes donnèrent lieu à un classement autonome,
appelé le Tour d'Oriente. Le vainqueur en était [le cubain] Sergio
« Pipian » Martinez. Le Tour prit un second départ (…) le 11
février 1969 à Holguin avec l'accord des coureurs cubains et
mexicains, "en solidarité avec le peuple frère algérien". Deux
coureurs algériens se mirent en évidence, dont Kaddour Mahieddine, vainqueur
d'une étape et Madjid Hamza 2e de cette même étape »
« Pépian », un héros populaire.
Et voilà comment Ahmed Djelil résume
« Pépian ».
« C’était un coureur extraordinaire. Il était
bon sur tous les plans. Il était rapide. C’est lui qui a gagné l’étape la plus
difficile, celle de la Sierra Maestra devant Mahieddine. Il connaissait le
terrain, il avait aussi le matériel qu’il fallait. Il faut dire qu’il était
aussi populaire que le Président de Cuba ». Fidel Castro…
« Non seulement nous étions bien reçus,
insiste Ahmed Djelil, notamment par la population, mais nous étions reçus nous
Algériens avec considération. C’était extraordinaire ».
Sur la photo de l’Agence de Presse Cubaine Prensa
Latina, ’équipe algérienne composée de Sayah Ali, Mahiedine Kadour, Hamza
Madjid, Chibane Belkacem avec au centre son capitaine d’équipe Ahmed Djelil
(entouré d’un cercle gris), discute avec le ministre de la jeunesse et des
sports de Cuba, à gauche le poing levé.
Feuilleton
n°3 : « le Mur » de la Sierra Maestra…
L’équipe algérienne au
départ. Dos à dos Djelil (en casquette blanche)
et Mahiedinne (en casque,
de profil)
« Il
faut d’abord dire que c’était le début de saison pour nous. Une saison cycliste
qui commence normalement au mois de février pour se terminer au mois d’août.
Donc pour nous le Tour de Cuba était prématuré, il s’est fait avant que nous
ayons commencé nos entrainements. Nous étions partis pour Cuba parce que c’est
un pays ami. Nous n’étions pas prêts ; nous n’étions pas dans l’état de
forme qui se prépare à partir de mai-juin.
« Deuxièmement
nous sommes partis sans connaitre les réalités de la topographie de Cuba, avec
un matériel qui n’était pas adéquat pour leur terrain de montagne ;
surtout pour les vitesses des vélos ; nous étions partis avec des braquets
pour rouler sur le plat ou légèrement en côte. Le braquet est ce qui
permet la transmission de la chaine du pédalier avant vers les roues dentées du
pignon arrière. Nous n’avions pas les vitesses qu’il fallait pour monter les
pentes raides de la Sierra Maestra. Nous avons été pénalisés par ça. »
[On pourrait
traduire Sierra Maestra par : La Maitresse de la chaine de montagnes]
Vue d’une partie de la
Sierra Maestra et sa végétation foisonnante (un des monts culmine
à plus de 1900 mètres
d’altitude).
Photo : Oôinn
A 56 ans de
distance Ahmed Djelil se souvient encore avec émotion et soupir de cette
épreuve !
« Dans
les 10 derniers kilomètres de l’étape de la Sierra Maestra, nous avons vu un
mur se dresser devant nous… Les jeeps que les équipes techniques utilisaient
pour ravitailler, pour dépanner ou donner des conseils, ces jeeps là
n’arrivaient pas à monter en première !
« Par
exemple chez nous, pour monter à Chréa il fallait un braquet de vitesse de 21.
Mais là-bas un 21 ne suffisait pas ; pour monter leur montagne il fallait
un 32 ! Nous n’avions pas ce braquet ; nous avons été pris de court,
parce que nous ne savions pas… Moi-même à certains endroits j’ai dû mettre pied
à terre, alors que j’étais le meilleur grimpeur de l’équipe… Ensuite pour
remonter sur le vélo ce n’est pas une mince affaire ! C’était très
dur !
« N’empêche
qu’un des nôtre, Mahiedine Kadour, a fini deuxième de l’étape. Il était tout à
fait derrière le peloton ; j’ai été le chercher et je l’ai enguelé en lui
disant que la course se fait devant pas derrière !. Dans ce type de course
de haut niveau il y a la tête et les jambes ! Il n’y a pas que la force. Je
pense que l’entraineur en me désignant capitaine d’équiper savait ce qu’il
faisait. Mahiedine est passé devant. Nous étions une équipe combative. Nos
coureurs ont fait en sorte de bloquer le peloton et Mahiedine a fini par
arriver deuxième, allah yerhmou… »
Après cette
épreuve, l’équipe algérienne bénéficie d’une journée de repos dans un village
touristique fait de huttes dans la Sierra Maestra.
Chibane Belkacem en blanc,
Hamza Madjid au milieu et Ahmed Djelil en survet noir.
Mahiedine
acclamé par la population !
« Par la suite notre comportement a été extra.
Nous avons participé d’une façon permanente à la combativité de toutes les
étapes qui ont suivies. En tant que capitaine d’équipe, mon rôle était de
surveiller, de ramener dans ou devant le peloton celui qui restait
derrière ; d’encourager et d’essayer d’attaquer…
« C’est comme ça que Mahiedine a ensuite gagné
une belle étape sur le plat. Il était encore à l’arrière ce qui m’a mis en
colère. Je lui ai crié dessus en lui disant : ce n’est pas ta place
ici ! Allez, attaque ! Il est parti comme une flèche. La centaine de coureurs
du peloton ne le connaissaient pas. Ils l’ont laissé partir devant pensant
qu’ils le rattraperaient et le boufferaient facilement par la suite. Mais
Mahiedine roule ; il roule prenant 100 mètres, puis de200 mètres et EBQA 3LA KHIR ! Au revoir !
Je me suis mis moi-même avec Hamza Madjid et Chibane
Belkacem devant le peloton pour couvrir Mahiedine et lui permettre de maintenir
son avance. L’extraordinaire c’est qu’après la remise des prix à la fin de
cette étape, comme il était premier, on lui a aussi remis une corbeille de
légumes avec des choux fleurs et tout ça. Cuba était un pays pauvre… Lui,
entouré de monde qui l’acclamait, tout gai, a distribué sa corbeille à la
population. Ils étaient heureux… C’était à l’intérieur du pays… »
Mahiedine Kadour à Cuba,
alors qu’il avait 25 ans
Au final du Tour complet de Cuba de ce mois de
février 1969, le capitaine d’équipe, Ahmed Djelil, est appelé à recevoir un
trophée pour l’ensemble l’équipe algérienne.
Ahmed Djelil à côté de son
interprète tenant le trophée. Photo : Prensa Latina.
Les Algériens visitent une usine de canne à sucre.
Photos : Prensa Latina
Un des
meilleurs souvenirs de Djelil…
Sur la plage de
Varadéro, une des plus belles plages de Cuba. Cette plage populaire avec ses
hôtels et ses complexes touristiques, s’étend sur plus de 20 kms de sable blanc
et une eau de mer d'un bleu turquoise … Ahmed se fait photographier (février
1969) avec des noix de coco.
La plage de Varadéro , aujourd’hui
au 21 -ème siècle.
Abderrahmane
Djelfaoui
Sébala
(Draria) - Douéra
16 et 17
avril 2025