Juillet 1962 :
un fondement
de l’histoire
et de l’art contemporains
Mustapha Adane arrive à Alger en juillet 1962 ; il a
29 ans. Il a terminé la 1ere partie de ses études artistiques à Leipzig en RDA
où il avait été envoyé par le GPRA depuis Tunis en 1959. Il y arrive avec une
joie sans borne de retrouver son pays et sa famille. Il ne connait alors aucun
artiste algérien ni aucune galerie d’art sur le territoire national. … « Parti
en pleine guerre, me dit-il, je revenais dans mon pays libre, mais je revenais
dans un monde inconnu… »
Il retrouve sa mère dans la
maison paternelle de Kouba
Il dessine alors
un projet de monument qui décline le nom de l’Algérie en plusieurs langues. Mais
ce projet restera sans suite vu la situation chaotique de l’été 62 …
Par contre
l’organisation des étudiants UGEMA dont il était responsable en Allemagne de
l’Est (et qui n’a pas encore été transformée en UNEA), lui demande d’organiser une
exposition au VIII -ème Festival mondial la jeunesse et des étudiants pour la
paix et l’amitié, Helsinki, Finlande du 28 juillet au 6 août 1962…
La situation à
la fois joyeuse et dramatique à Alger, lui donne l’idée d’organiser une
exposition d’art populaire. Il décide de faire rapidement le tour d’Algérie en
voiture pour rassembler des objets d’art représentatifs (tapis, fibules,
bijoux, poterie, photographies des peintures rupestres du Tassili, etc …)
Fibule berbère
En Kabylie, on
lui fait rencontrer le Père Ouyahia. « C’était, me dit Mustapha Adane,
un bonhomme assez corpulent et souriant tout le temps. Ce qui m’a frappé de
suite c’est sa gandourah carrément blanche, très simple et son chapeau kabyle.
Une chechia ronde et haut de forme comme un pot… Elle était teinte en rouge
carmin, propre à la teinture berbère… Elle n’était pas unie mais rugueuse, en
fait une chechia pour l’hiver… Le père
Ouyahia, un chrétien profondément imprégné de culture berbère et d’humanisme
n’avait pas de croix dessus le col de sa gandourah… Nous avions d’ailleurs la
même vision de l’être humain… »
Mis au courant
du projet d’exposition d’Helsinki, Le père Ouyahia, l’emmène voir « des
fresques dans une chambre où un mariage allait se dérouler… Des fresques en
allège qui étaient en train d’être peintes par des femmes sur une bande de
1 m 20 de hauteur qui faisait le tour des quatre murs de la chambre… »
N’ayant pas
d’appareil photo pour prendre les vues de ce travail en cours d’art populaire
féminin, Mustapha Adane ne l’oubliera jamais…
Près de
cinquante ans plus tard, après une carrière artistique foisonnante (dessins,
peintures, sculptures, architecture, fresques monumentales, restauration
d’édifices, etc), Mustapha Adane, en souvenir de cet été 62 où il avait eu le
privilège de suivre des femmes qui peignaient les murs de la chambre de mariée,
peint ce « Mur berbère », tableau d’art contemporain.
« Mur berbère » de Mustapha
Adane inspiré de la chambre nuptiale de 1962
1 mètre x 1 m 80.
© Abderrahmane Djelfaoui
(Le présent montage de texte et photos est extrait du Chapitre 7 – « ÉTÉ 1962 – L’ALGÉRIE RETROUVÉE ?.. » de mon ouvrage réalisé avec l’artiste « Mustapha Adane au fil de ses naissances »
Alger- 22 novembre 2025
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