samedi 6 mai 2017

Tehouissa fi Jnân Dzair (Ballade à…)

A peine revenu de Mostaganem par l’autoroute Ouest-Est, je suis appelé par Ratiba Aitchafaa au téléphone qui propose de me guider dans la nouvelle grande exposition qu’elle coordonne au Bastion 23 pour plusieurs mois et à laquelle elle partici
pe à donner le ton d’un temps retrouvé, sa densité de belle ombre plurielle, ombre claire…





Dés le début de cette promenade me voila confronté, avec plaisir, à des œuvres de deux générations : l’une « d’argent » venue de Mostaganem, l’autre « à la patine du vieux port de Franco » d’Alger…


Et, parmi les visiteurs, je rencontre une fillette particulièrement enjouée et timide à la fois, Rania…
Comme je la trouve magnifiquement en  place devant l’œuvre d’un des artistes décorateurs et céramistes qui exposent
je lui demande d’y rester une seconde encore pour la  photo… ce qu’elle fait avec grâce
et lui montre le cliché qui la fait sourire parce qu’elle s’y reconnait …


Et « la nave va » (va le navire) comme aurait dit Fédérico Fellini …
à travers les escaliers, les balcons et les salles des Palais des Rais où l’on ne cesse d’entendre le roulis de la mer.
Palais où sont exposées diverses œuvres des siècles  passés
en provenance du Musée National des Beaux Arts
ou du Musée des Antiquités,
juste avec la signature de leurs auteurs.
Ici et ci-dessous deux tableaux de Mohamed Temmam (1915-1988)
côtoyant d’autres peintures de l’Ecole dite d’Alger


Ce même Temmam peintre et miniaturiste écrivait en 1976
en Présentation du livre de photographies La Casbah d’Ali Marok
« Ce vieil Alger « où l’on tissait l’or et la soie »… 






« … Nous sommes en Afrique. Ce soleil, cet espace d’azur et d’eau, ces verdures ont entouré les gestes de Salambô, les actes de Scipion et d’Annibal comme de Kheireddine le Barbaresque. La mer, la chaine de l’Atlas et les monts de Kabylie déploient leurs fastes bleus.  La terre est rouge. Les végétations sont de palmiers, d’eucalyptus, de gommiers, de chênes-lièges, d’oliviers et de figuiers de Barbarie ; les parfums, de jasmin et de mimosa. Du premier plan jusqu’aux confins des horizons, la symphonie est immanente …»
Ecrivait Le Corbusier en 1950 dans « Poésie sur Alger » republié pour l’Algérie par les éditions Barzakh en 2013.







Rania qui a cueilli quelques feuilles au milieu du patio s’amuse maintenant à leur parler
sur les marches qui mènent aux galeries de l’étage supérieur…


« …On ne l’a pas su. Elle était méconnue des historiens de l’Art, éblouis par l’abondance de décor du Maghreb occidental et de l’Espagne ; elle est le très pur fruit du génie algérien. On la disait turque mais les maisons de Turquie n’ont pas ses patios, ne lui ressemblent en rien. A leur arrivée, les Turcs ont construit comme il était déjà d’usage dans le pays ».
La Casbah d’Alger, et le site créa la ville,
de André Ravéreau (Sindbad 1989)






Rania a maintenant un petit peu faim…
Au jardin de ses jeux et murmures insouciants
c’est l’heure de son gouter pour lequel elle traverse en petite course l’étage à ciel ouvert…





Pour moi, à la sortie lumineuse de ce Palais des Rais, il est temps avant le grand rush d’aller marcher un bout et prendre le métro rejoindre par la ballade des souterrains ma banlieue sud…




Abderrahmane Djelfaoui

1 commentaire:

  1. À travers cette agreable promenade dans les galeries d'âmes et d'art une chanson chaabi vint s'accrocher à mon coeur
    "ناسك يا زينت البهاء
    يا لغزالة غانو
    سماوك يا ضي عياني
    مولاتي غنية
    و انيا في طرز اشعاري
    سميتك يا ولفي غانو..."

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