« En mai 2009, le plasticien Ernest Pignon Ernest rendait hommage
au poète palestinien Mahmoud Darwich,
décédé
le 9 août 2008,
en
collant des portraits de l’artiste en Cisjordanie, mais également en Israël,
sur
les ruines du village de naissance du poète, Birwé… »
Lors de la cérémonie de
dédicace de son recueil « Comme les
fleurs d’amandiers » à Ramallah,
Mahmoud Darwich en poète novateur disait dés la première phrase:
« Je
ne suis pas de ceux qui se regardent dans le miroir avec satisfaction. En ce
qui me concerne, le miroir reflète un moi tombé dans le domaine public.
Autrement dit, les autres ont maintenant le droit d’y rechercher le reflet de
leur moi. Si quelqu’un trouve des expressions et des images qui lui ressemblent
ou le concernent, il dira : c’est bien moi. S’il n’y trouve aucun point
commun avec le texte/image, il s’en détournera en disant : cela n’a rien à
voir avec moi ! »
(paru dans la revue littéraire «Moussou’at
el-karmel et-thaqafiya » fondée par le poète en
1981, Ramallah , n° 85, 2005)
Dans l’un des vingt longs poèmes en prose de son avant-dernier livre
paru de son vivant, « Présente
absence » (2006), l’auteur circonscrit en douze lignes l’humilité de
sa condition humaine…
« Ne reproche pas à tes
aïeux de t’avoir transmis l’innocence du regard sur les collines sans attendre
d’un ciel bas la révélation, mais pour compter les étoiles de tes dix doigts.
Pourquoi confirmer l’évidence par la preuve quand la preuve aspire à la
dépouiller ainsi que la flibuste le vaisseau égaré ? Comme le faon
transpercé par son sentiment d’être en sécurité, comme toi, comme toi, l’évidence
est sans armes dans ce champ ouvert aux archéologues en armes qui n’ont cessé
de t’interroger : Qui es tu ? Tu as alors tâté tes membres et dit :
Moi ? Je suis moi. Ils ont dit : Peux-tu le prouver ? Tu as
répondu : Je suis la preuve. Ils ont dit : Ce n’est pas suffisant,
nous avons besoin d’une carence. Tu as
dit : Je suis la perfection et l’imperfection. Ils ont dit : Dis que
tu es une pierre pour que nous achevions les fouilles. Tu as alors dit : Ah
si le jeune homme était de pierre. Mais
il ne t’ont pas compris »
Mais il ne t’ont pas compris
Ils t'ont chassé du champ. mais ton ombre ne t'a ni suivi ni trompé. Elle s'est clouée là-bas et pétrifiée. Elle a ensuite verdi tel le plant de sésame, vert le jour, bleu la nuit, puis elle a grandi et s'est élevée tel le saule pleureur, vert le jour et bleu la nuit "...
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