vendredi 16 mars 2018

Alger séparation





elle disait


ferme les yeux
étouffe le klaxon des mots
et laisse-toi descendre
jusqu’à la jointure de mes os

mais cette ville sépare
nos pieds des sables
nos rires
de leur sillage

pour certain matin  tordre
nos cous dans la rade



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qu’est-ce qui fond
soir de cette ville
ma ville

que l’obscure lueur
de lieux anonymes

étoile
suspendue
sans plus de mémoire

aveugle amante
d’indu nom en son soir






ici nos aubes


creuset d’astéroïdes
brûlent croissants en Vésuve
yeux forêts de fatigue

filtrées de leur peine
elles allument un brin
de cieux inédits


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ville affalée
d’amertume

prairies et
chardons
y survivent
lambeaux de ciel
greffés

*

ville où nous vivons
sous nuages éboulis
et souterraines galeries du dégoût

mais quand d’autre cime
l’oiseau passe
se racontent à l’or vieilles romances






c’est dans cette ville
qu’il m’arrive rêver
du désert

pierrailles
vents et lunes
d’errance

c’est en ses désordres loqueteux
généreux restes quotidiens
dégradés et haves
que se conçoit (sevra) le rêve
chuintant
d’une paix philosophale



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cette ville reste
suspendue
étages en mer

la nuit fissure
l’horizon
d’une pluie seule
à sillonner les rues

Ah si les yeux
pouvaient s’agenouiller
boire
à la flaque du monde

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la ville tousse ses buées


la pluie en’ allée
éveille brûlée
un midi esseulé

la poésie pose là
parfois ses dés
d’une pluie solaire

par-delà les sables des pensées
la mémoire égrène
un futur de déraisons


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ces escaliers
où tous bruits de la ville
soudain s’estompent
ouvrant marche à marche
l’été aux rumeurs de cieux autres

c’est Alger

encore elle la fourbe
qui s’offre courbe de sa baie
entre hauts frémissements
d’arbres et
l’oubli




j’ai tant marché dans cette ville
mémoire tue
rues oublieuses  oubliées
où s’arrête parfois
un de ces retraités
au goût de cuir
déchu

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quand
soudain
un navire
remonte
pétaradant comme un scooter
la grand rampe des quais

illusoire
port
sans partances




tôt matin
martinets fous des brumes
au silence plané des mouettes
sans rumeur visible sur mer

une lumière crevette
sur les bâtiments à quai
évente à tous cils
ses rêves

elle sourit épaule nue
à un nuage qui file
une pudique tendresse
à son ultime chance de caresse

elle perd nuit
à la gaine d’aube



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Alger sèche sous la pluie
comme si les bulbes noirs
du ciel
aspiraient toute l’humidité
des terrasses
feuillages et rues

elle s’éveille
aux ablutions
avant de défenestrer
ses aveux
au premier cri
d’une mouette





Cité Pouillon, Villa Raïs


 ...


Mais pour y aller
De ma banlieue commencer
Extrême bus à prendre
Autoroute de trombes bruits et vents
Avec le sourire voyageur d’une enfant

Puis le téléphérique
Jusqu’au minaret d’église
Pointant son croissant aux matins
Pour inscrire quelque virgule
A la grisaille
Du monde

Dessous

L’insecte téléféérique

Sur Belcourt
Encâblé

Vieux garages
Usines trépassées
Quartier indien
Quartier de  squaws
Oublié des dieux

Ah  cervantuesque  ville
De mon enfance
Démurée de ses silences

Au choix du cœur
Choix du souffle
Prendre les escaliers éclopés
Du djebel

Ou le téléférique
Poussif
Dont on se demande s’il ne tire pas
Encore au gazogène
L’ascension oblique
De sa rebelle colline en ruines

Tout cela donc et bien d’autres encore

Avant d’atteindre aux vieux palmiers
De Boufarik
Elevés ici
Sur la pierre blanche d’auteur
Venue elle
Des sud
Confins
De France

Là haut  vue magique :

Conteneurs métastasant le port
Alignés aux quais d’un train perdu

D’un sifflet
D’une houle dans la brume
Ombre plissée
Faux dattiers
Ceux d’une  Mitidja avant béton
Ici transplantés lors d’une autre guerre...

C’est tout cela  E-dzâyêr
La perle
Blanche
Merveille toute mouillée en ses dessous
Trop discrète au fard de jour
Pour être honnête épouse d’un seul
Bon dieu

Mais une fois là plus envie de débouler
D’hauteurs si racées aux basses poussières
du délire





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Humblement :
Perches lovées aux cieux derniers
Les arbres palmes de lumière ont
A l’heure d’aire
Arôme de poivrons frits

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C’est aux soleils et tortures

Dans cette ville où l’oiseau siffle
Encore un souvenir
De plaines et d’éphémère
De tant d’empires passés
Plus quelques représentants d’anges
Que s’alignent aux crêtes des collines
Roches de silence
Pierres impatiences

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Au lendemain de tempête
La cité se fait (encore) œuf
De faux silence
Air de faïence
Antique oubli...

Elle aura aidé la douleur
A glisser sa larme
Et l’oiseau envier
La migration...





el djazaïr


plume d’oiseau arrachée
aux calendes du doute
bleu nylé des collines du temps
qui de blanc furent
et disparurent

ville d’eaux inconnues






comme si


elle se vêt chaque matin
d’une lumière neuve
aux rets d’un café noir
veuf du lendemain



©Abderrahmane Djelfaoui, poèmes et photographies

Pour lire d'autres textes voir mes sites: 

@AbderrahmaneDjelfaouiMaPMoesie 

https://djelfalger.wixsite.com/poem






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