En descendant de Kairouan sur une cinquantaine de kilomètres vers le
sud-est à mi chemin de Sfax, et en contournant la sebkha de Sidi Hani on
aboutit à la petite ville d’El Djem… (Nous sommes alors, pour ce qui est de
l’Algérie, à la même latitude que Khenchela, Batna, M’sila ou Tissemssilt (ex
Vialar) dans les monts de l’ouarsnis…)
Souk Ahrass est en haut, à l’extrême
gauche, face à la ville d’El Kef…
« Vente d’orge »…
Cette pancarte sur le bas coté de
la route rappelle que nous traversons une zone proche de la steppe. Avant la
merveille d’El Djem, il faut savoir comme le note La Revue de Botanique Appliquée & d’Agriculture Tropicale de
l’année 1929… « … surtout dans la région
du Centre et du Sud (de la Tunisie)… La culture de l’Orge se trouve tout
indiquée dans les régions à pluies très incertaines où la culture des Céréales
devient une sorte de jeu entre l’homme et la nature ; aucune autre céréale
ne supporte mieux l’adversité et ne donne autant de fois « la mise »
lorsque tombe la pluie bienfaisante »…. Tout comme il en est depuis
des siècles de certaines hautes plaines arides d’Algérie…
Entrée dans
la ville d’El Djem édifiée sur les ruines
de la cité antique de Thysdrus
qui disposait
d’un marché de grains et d’olives trés prospère …
Apparaissent les étages supérieurs de
l’amphithéâtre romain…
Un selfie
avant l’achat des tickets…
Une portion
de la façade d’entrée de l’amphithéâtre dont la hauteur dépasse les 30 mètres,
soit celle
d’un bâtiment moderne de cinq à six étages…
Vue panoramique de l’arène
Ce théâtre romain (appelé aussi
Colisée) qui aurait été construit dans le 1er tiers du 3ème
siècle après JC, mesure 148 mètres sur 122 ; son arène centrale où
s’affrontaient bêtes fauves et gladiateurs mesure 65 mètres sur 39 (j’apparais pour
ma part sur cette photo parce que je suis au premier plan, proche de
l’objectif…)
Non circulaire mais en forme
d’ellipse, sa capacité de 27 000 places le met au 3ème rang des
théâtres antiques après le Colosseo de la capitale impériale, à
Rome et celui de Capoue…
Comme le note l’archéologue Hedi
Slim : demeuré intact jusqu’au 11ème siècle selon le témoignage
de l’historien et géographe andalou Abu Ubayd El Bekri, des pans entiers
d’étages, de voutes et grands escaliers de ce gigantesque amphithéâtre menaçaient
de s’effondrer dans les années 1960. C’est qu’il avait été attaqué plusieurs
fois par les beys de Tunis au 17 ème siècle du fait que les populations
citadines, rurales ou commerçantes locales s’y réfugiaient contre eux… Puis
bombardé par l’aviation allemande durant la deuxième guerre mondiale (comme le
seront par ailleurs les Djeddars de la région de Tiaret par l’armée française durant la
guerre de libération nationale dans les années 50)
C’est donc in extremis qu’il est
sauvé lors d’une longue campagne de rénovation avant d’être inscrit au
Patrimoine mondial de l’UNESCO en 1979 et accueillir depuis, dit-on, prés d’un
demi million de visiteurs chaque année... Chaque été, il est le centre d’un
Festival de Musique Philarmonique mondiale dont les participants arrivent de
Tunis par voie de chemin de fer dans le train présidentiel de feu le Président Habib
Bourguiba, rénové…
Croquis de ce qu’il avait du être il y
a quelques 18 siècles…
Vue du premier étage
de l’édifice.
L’ensemble
monumental de cet amphithéâtre est construit
uniquement en
pierre de taille, sans aucune brique…
Quels
inouïs travaux d’esclaves, de masses d’esclaves, aura-t-il fallu
pour
l’ériger à 50 kms de la cote méditerranéenne,
elle-même à
moins de 150 kms de l’ile de Lampédusa….
A plus de trois mètres sous l’arène, un long tunnel supporté lui aussi par
des voutes de pierres taillées traverse l’amphithéâtre. De chaque coté on
trouve des chambres étroites et nues pour chaque gladiateur ; chambres côtoyant
celles où l’on entreposait les bêtes sauvages dans leur cage, le temps de les
monter par un système de poulie sur l’arène et les y lâcher pour le plaisir hurlant
des milliers de spectateurs venus assister aux combats sans espoir pour les
bêtes ni même pour les gladiateurs…
Un des
guides sur le site nous explique qu’ici les pierres taillées sont ajustées
et coincées
les unes aux autres sans utiliser aucun mortier pour les lier…
Des pierres
de taille qui signalent leur origine par le fait de fossiles marins qui y sont
souvent incrustés…
Vu la
réalité steppique des environs de El Djem,
cette pierre
était transportée depuis le rivage de Mahdia, distante de 50 kms…
Le tunnel
se poursuit vers le nord bien au-delà du Colisée… En fait, nous dit-on, d’une
longueur réelle de plus de 40 kms
Ce tunnel va
sous la steppe jusqu’au rivage méditerranéen, aux environs de Mahdia et son
port d’où les romains débarquaient ou embarquaient pour Rome et les autres
régions de l’Empire.
Ce tunnel
est aujourd’hui bouché.
Trous d’aération
creusés dés l’origine dans la voûte
On voit sur
lez sol de l’arène, au premier plan, les croisillons des trous d’aération et de
lumière
pour le
tunnel qui se trouve dessous…
Voilà ce
que nous avons pu voir et apprendre lors d’une courte visite à l’amphithéâtre
(ou Colisée) d’El Djem avant de reprendre la route vers le golfe de Hammamet
dans le Sahel, au-delà de la steppe…
Abderrahmane Djelfaoui
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