Portrait imaginaire de Joaquin, « Le
Voleur des Montagnes »…
Cette histoire vraie d’un bandit d’honneur me rappelle, entre autres,
celle du chaoui Messaoud Benzelmat, surnommé Le gaucher, de la tribu des Beni Bouslimane, né vers 1894 et tué
par les goumiers en 1921…
Pour ce qui est de Joaquin Murieta, voilà de larges extraits de l’histoire
telle que la raconte Pablo Néruda dans le recueil de ses articles et papiers
intitulé : « né pour naître » (« PARA NACER HE NACIDO »),
traduit de l’espagnol par Claude Couffon et édité en 1980 par Gallimard.
… Lorsque la nouvelle de la
découverte de l’or en Californie s’ébruita, une multitude de Chiliens se
transporta là bas à sa recherche. On partait de Valparaiso qui était à l’époque
le port le plus important du Pacifique Sud. Les émigrants étaient des mineurs,
des paysans, des pêcheurs, des aventuriers, irrésistiblement attirés par le
hasard éblouissant. Des hommes accoutumés à vaincre au Chili les difficultés
engendrées par une terre pauvre et âpre.
… Parmi eux se trouvait Joaquin
Murieta, le plus célèbre des bandits du Chili. Mais n’était-il vraiment qu’un
bandit, qu’un hors-la-loi ?
C’est le sujet de mon poème.
Murieta eut de la chance. Il
dénicha de l’or, se maria avec une compatriote, et tandis qu’au prix d’un
effort inouï il continuait à chercher de nombreux gisements éclata le drame qui
changea sa vie.
Mexicains, Chiliens et
originaires de l’Amérique centrale vivaient dans les quartiers pauvres des
cités qui poussaient comme des champignons aux environs de San Francisco. On
entendait le soir, palpiter les guitares et s’élever les chansons du continent
brun.
Bientôt cette avalanche d’étrangers,
d’or, de refrains et d’allégresse suscita la violence. Les Nord-américains
constituèrent des associations de gardes blancs qui s’abattaient la nuit sur
ces gîtes, incendiant, rasant, massacrant.
L’idée du Ku-Klux-Klan, sans
aucun doute, est née de là. Car ces premiers croisés yankes qui voulaient débarrasser
la Californie des Latino-Américains et, aussi, bien entendu, faire main basse sur
leurs découvertes, montraient le même racisme frénétique que ceux qui leur ont
succédé jusqu’à nos jours. C’est au cours d’une de ces razzias que fut
assassinée la femme de Joaquin Murieta.
Le Chilien, qui était au loin,
jura, à son retour, de se venger.
Dés lors, les humiliations et les
raids des bandes ne restèrent plus impunis.
La nuit, le clan vengeur partait
à la chasse aux Nord Américains et ceux-ci tombaient comme dxes épis murs
chaque fois qu’ils rencontraient Murieta et ses hommes.
Durant plus d’un an cette guérilla
secrète s’exerça comme elle put et, pour répondre à la légende des bandits
au grand cœur, vola le riche pour donner au pauvre, autrement dit restitua aux
détroussés ce que leur avaient dérobé les détrousseurs.
Joaquin Murierta mourut comme les
gens de son milieu : durant une escarmouche, et criblé de balles. Sa tête fut exposée à la foire de San
Francisco et enrichit ceux qui faisaient payer les badauds pour contempler ce
triste trophée.
Pourtant Murieta – ou mieux, la
tête de Murieta- ressuscita pour un nouveau destin. Une légende surgit qui,
cent ans plus tard, continue de chevaucher dans la mémoire de tous les peuples
de langue espagnole. Une multitude de livres, de chansons, de poésies
populaires maintiennent vivant son souvenir. Les Nord-Américains l’ont traité
de bandit, mais le terme s’est ennobli dans le souvenir du peuple, qui le
prononce avec respect quand il s’agit de Murieta…
Affiche de la pièce de théâtre écrite par Pablo Neruda
Salvador Allende et Pablo Neruda. (À l’époque du livre
sur Joaquin Murieta…) FUNDACIÓN ALLENDE
Abderrahmane Djelfaoui
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