Quand les algérois comme nous
n’ont pas les moyens d’aller loin
(« pour se dépayser »), ils montent juste au-dessus de la plaine ;
celle de la Mitidja…
C’est ce que nous avons fait
en famille cette fin de journée brûlante de juillet. Aller observer de là haut le coucher de notre
boule du monde, le coucher du soleil…
La route qui descend de la crête
vers Hammam Melouane est bordée, envahie par de hautes herbes sauvages, sèches,
bellement odorantes mais prêtes à s’embraser…
On sent d’ailleurs dans l’air une
odeur de cendre, lointaine …
Au fond de la gorge : l’oued
Bouserdina avec ses cailloux et son remarquable filet d’eau malgré l’été, la
sécheresse…
En bord de route, un pin sur un talus attire notre attention
et nous prie de faire halte… Il est accompagné d’un magnifique olivier, mais
tous deux semblent solitaires tant ils donnent l’impression de vieillir et,
sans un mot, s’en aller à petits pas de cette contrée où ils ont pourtant
prospéré des millions d’années…
Une des raisons, la plus directe de cette régression est
l’érosion des sols… Erosion terrible et
toujours plus cruelle sur ces pentes d’une terre riche, humide et foncée…
L’érosion, plus les feux de forets, comme on en voit encore trace du dernier
dont l’odeur des 48 heures passées est toujours inquiétante et étouffe presque
celle du lentisque et des autres plantes…
Pourtant, par endroits, la nature sur l’étroite route en
lacets fait quasiment rêver, telle une carte postale… juste le temps de
prendre une photo à la va vite…
Puis, la lumière du jour commençant peu à peu à chuter nous
rebroussons chemin vers la route de la crête pour aller observer l’autre versant de la montagne, laissant
Hammam Meloune et son oued derrière nous…
De nos yeux voir…
Et de l’air à nos narines sentir les tableaux composés
par dame Nature…
Si c’était possible, on aimerait ramener les doubles de tout
cela dans son quartier pour en enjoliver trottoirs et murs nus des HLM des
cités…
Malgré la légère brume et la lumière décroissante, ce qui
peut se voir encore de la vaste plaine de la Mitidja est enivrant…
Si les
jeunes figuiers pouvaient dire, ils raconteraient des mythologies
entières accompagnés du son des oiseaux et des criquets… Ici le passage d’une
seconde à une autre est un monde…
Ma fille, silencieuse et consciencieuse, photographie…
La nuit tombe comme tomberont bientôt une à une les étoiles…
Il est l’heure d’allumer les phares de la voiture et
redescendant la montagne puis traversant la plaine obscure de regagner rêveurs
la périphérie de notre mégalopole…
Abderrahmane Djelfaoui
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire