lundi 16 juin 2014

Quand un suisse racontait le Mouloud 1950 à la Casbah …



L’écrivain suisse qui relate cette fête  à Alger y assiste en réalité le 1er janvier 1950 qui en est la veillée. Il grimpe à pied, de nuit, la Casbah sous feux et pétards... Il est accompagné d’un ami peintre qui va croquer de superbes dessins au trait. Le lendemain, ce duo n’est plus à Alger. Depuis 4 heures du matin, l’un et l’autre sont dans un autocar bourré de passagers, de bagages et même de trois moutons à l’arrière qui, ayant dépassé les monts et ravins de  l’Atlas tellien, roule à travers les hauts plateaux à la vitesse « immobile » de 60 kilomètres/heure vers Biskra…



A la veille de la nouvelle année 1950, Nicolas Bouvier et Thierry Vernet avaient embarqué à Marseille à bord du navire « Le Ville d’Alger ». 20 heures après, ils arrivent sous un ciel de pluie au port d’Alger pour un périple devant les mener jusqu’aux portes du Sahara… Nicolas Bouvier, journaliste, n’a que 21ans;  Thierry Vernet 23 ans, est dessinateur. Ils sont les envoyés du journal "Le Courrier" : un  quotidien catholique genevois de gauche qui va publier, entre mars et avril 1950, le récit en cinq parties de Bouvier,  illustré par les dessins de Vernet.

« Réveillon Marseille-Alger »

Dés leur embarquement sur « Le Ville d’Alger », le ton était donné. Qu’on en juge par cet extrait du premier article paru le 11 mars 1950 dans « Le Courrier » à la rubrique « Terres et Peuples» :
« Les trois premières classes sont presque vides, la quatrième par contre, est archibondée d’Algériens qui rentrent au pays pour le « Mouloud » (jour de naissance du Prophète), Noël musulman qui dans la nuit du 2 janvier met la Casbah sens dessus dessous. Dans l’entrepont, on ne parle qu’arabe, souhaits, excuses, salutations ; nous sommes les seuls à ne pas le comprendre.(…) Cette foule énormément disparate et déguenillée bagarre laborieusement à la location des chaises longues (…puis) Les mots se font plus rares, les gestes plus expressifs (…) une chanson aigue (les Arabes chantent toujours au-dessus de leur voix) monte dans l’obscurité, brode sur le bruit des turbines, s’éteint ; partout on souffle, on ronfle, on se retourne, c’est continu, égal, c’est comme le silence. La nuit est tombée, la chaleur de la cale est lourde et l’air irrespirable »…

Pour ceux qui ont un souvenir des meilleurs films de l’histoire du cinéma, on a là comme une séquence d’un documentaire noir et blanc de Joris Ivens sur les exploitations des terribles mines de charbon et leurs gueules noires …

                                                                        A fond de cale -Dessin Thierry Vernet

 

Deux suisses appelés à un grand Destin…


Thierry Vernet, jeune peintre qui maitrise déjà bien son art, a fait une première exposition à Genève et travaille comme décorateur dans un théâtre de cette même ville.
Nicolas Bouvier est lui encore en cours d’études supérieures de lettres et de droit qu’il poursuit d’un même front. Nicholas et Thierry sont camarades depuis le collège et resteront compagnons de routes pour le restant de leur vie.
 
Le « background » de Bouvier, est bourgeoisement riche.  Son grand père était Recteur de l’université de Genève et y a même son buste sculpté…
Son père, agrégé d’allemand, terminera sa carrière comme Directeur de la Bibliothèque universitaire publique de Genève, une fonction qui lui permet de recevoir professionnellement et à domicile des écrivains comme Thomas Mann (« La montagne magique »), Ian Fleming (créateur de James Bond 007), Herman Hesse ( « Le loup des steppes»), Robert Musil (« Les désarrois de l’élève Törless ») ou Margueritte Yourcenar (« Les mémoires d’Hadrien »)…
Cela dit sans compter que le grand père de Nicholas Bouvier recevait de grands penseurs tels le Bengali Rabindranath Tagore (Prix Nobel de littérature en 1913), le philosophe italien Benedetto Croce ou le philosophe français Henri Bergson…
Que Nicholas Bouvier révèle en plus dans un livre d’entretien (« Routes et déroutes ») que durant son enfance et adolescence il adorait : « Mathias Sandorf, héros d’un superbe roman de Jules Verne qui se passe entre le Maghreb, Trieste et la Hongrie », laisse supposer qu’il avait, au moment où il arrivait à Alger, une bonne connaissance de l’œuvre d’Albert Camus : L’étranger, La peste, Le Mythe de Sisyphe, L’homme révolté, Noces.… Et qu’il avait du tout aussi bien voir et apprécier « la jolie gueule » du gangster Gabin pris au piège du labyrinthe de la Casbah d’Alger dans « Pépé le Moko »…


 Nicholas Bouvier au début des années 50.



Premiers contacts avec la colonie

Dés l’approche des cotes, Nicholas Bouvier notait : « On sent Alger bien avant de l’apercevoir ; loin sur l’eau, elle envoie un parfum de sucre et de tabac ». Mais cendres et tabac ne se mêlent-ils pas ?...




A peine sortis du port, dés les escaliers de la pêcherie « (…) c’est un mendiant qui nous a ouvert les portes de la ville. Etendu en travers des seules marches qui accèdent aux boulevards, il nous a vus de loin et attend. C’est le premier miséreux d’Afrique, guetteur et sentinelle de l’armée immobile, qui occupe jour et nuit les escaliers du pays. Celui-ci a choisi une place que tous les mendiants du monde pourraient lui envier ; tous ceux qui montent à pied des quais, flâneurs ou miteux que la chaleur et la terre retrouvée poussent à la générosité, doivent l’enjamber pour passer. Il tient avec dignité sa pouilleuse petite douane, tend sa sébile, la soupèse, nous bénit sur quelques mètres, puis envoie de la main un baiser gracieux qui nous lance dans le trafic des grandes avenues »…


Le petit cireur de chaussures, pieds nus ; croqué par Mireille Miaille en 1952…



En ce maussade dimanche 1er janvier 1950, la ville européenne dort et dormira encore longtemps. La veille elle fêtait le réveillon du nouvel an. Nos deux arrivants n’auront à voir en ce poisseux dimanche que « babouches flottantes, fez rouges et tuniques blanches »… Des ombres et un silence de décor qui, avoue le narrateur, lui donne « un imperceptible malaise »… Mais le pourquoi de la tristesse des indigènes ce matin là, le journaliste genevois est loin de le savoir, loin même de s’en douter. 


Mondzaint, Rue Horace Vernet, Alger, 1947




Funérailles monstres à Sidi M’Hamed


Au cimetière de Sidi M’Hamed à Belcourt, boulevard de Lyon, où la mère de Camus habite un bâtiment de numéro impair, une marche de plusieurs milliers de personnes accompagne sous la pluie « un fils du pays » vers sa dernière demeure. Cette foule est tellement dense qu’elle reste en grande partie hors les murs du grand cimetière algérois. Le grand reporter, Ammar Belkhodja, scrutant depuis plus de vingt ans l’inédit ou l’occulté des traces du mouvement nationaliste me le confirme par téléphone depuis Tiaret où il réside : « Il y avait au moins 12 000 Algériens !.. Ferhat Abbas y a fait l’oraison funèbre accompagné par Bachir El Ibrahimi et Tewfik El Madani. Mais aussi de nombreuses associations, dont l’association des instituteurs. Ce fils du pays est, d’après les registres mêmes du cimetière, le premier à être enterré ce premier janvier 1950»… 



Monographie de plus de 300 pages éditée en 2008

Mais qui est donc Ali El Hammami dont la grande foule de « musulmans indigènes » a accompagné si solennellement la dépouille à sa dernière demeure?
Né en 1902 à Tiaret, où il fait ses études primaires, Ali El Hammami accompagne jeune ses parents à la Mecque qui, sur le chemin du retour, s’installent à Alexandrie. Après le décès de ses parents, enterrés à Alexandrie même , Ali qui a à peine plus de vingt ans (et ne cesse de relire l’immense ouvrage d’Ibn Khaldoun depuis son adolescence) s’engage sur un cargo et débarque à Tanger. De là, il ne va pas tarder à prendre part à la guerre du Rif sous le commandement d’Abdelkrim qui combat les armées coloniales dirigées par Pétain… Ce sera ensuite Paris d’où en 1924 l’Emir Khaled le délègue à un congrès à Moscou où il partagera la chambre de Ho Chi Minh qu’il instruisit de la guerre de résistance populaire du Rif…
De Moscou, il voyagera longuement à Sébastopol, à Istanbul, en Italie, à Madrid, Berlin, Genève… Traqué en Europe il finira par s’installer longuement à Baghdâd où, une dizaine d’années durant, il fait fonction d’enseignant d’histoire et de géographie. Début des années 40 il commence enfin la rédaction en français de son long roman, Idris ; qui portera en sous titre «roman d’un nord africain ». Ce n’est qu’à partir de 1946 qu’il est autorisé à résider au Caire où il publiera Idris en 1948, préfacé par l’Emir Abdelkrim banni de son pays depuis plus de 20 ans…
Dans l’une des pages de ce roman El Hammami s’épanche : « C’est à l’étranger où l’on apprend le mieux à connaitre son pays : la vieille terre où reposent les aïeux, où la langue déliée, a balbutié son premier mot, où l’œil a saisi sa première couleur et où le cerveau, ayant atteint sa maturité, l’on a commencé à comprendre un peu la trame des joies et des souffrances qui ont confabulé l’histoire de la famille à laquelle on appartient par toutes les fibres du corps et de l’âme ».

 

Dans une étude critique le Dr. Chikh Bouamrane explique : «  Ce qui frappe à la lecture d’Idriss, c’est d’abord la vaste culture de Ali El Hammamy.  Il a non seulement une connaissance sure de l’histoire de l’Islam, mais aussi de l’Europe. Les grands problèmes politiques et socio économiques lui sont familiers. En outre, rien d’important ne lui échappe de la culture arabe. Il cite souvent et parfois critique Ibn Toumert, Ibn Rochd, Ibn Khaldoun, Al Afghani, Abdou… Il se réfère aussi à la littérature française, compare telle zaouïa à l’abbaye de Thélème, tel ou tel personnage à un héros de Balzac ou d’Edmond About »…
Quelques paragraphes plus loin, il ajoute : « Idriss est un témoignage sur une période des plus troublées de l’histoire du Maghreb et sur la résistance permanente de ses habitants contre l’oppression étrangère. »
Plus de quinze jours avant son enterrement, Ali El Hammami, participait au Premier Congrès économique musulman de Karachi au Pakistan en tant que membre de la délégation tripartite du Maghreb. Prenant ensuite l’avion du retour pour le Caire avec les délégués de Tunisie et du Maroc, l’appareil s’écrase le lundi 12 décembre 1949 ... C’est donc la dépouille ramenée depuis le Pakistan qu’on enterrait à Alger en ce jour médian du vingtième siècle…


A la fin de ce jour là…


Nicholas Bouvier et Thierry Vernet abandonnent la ville européenne avec son « atmosphère de rendez-vous manqué» et se mettent à escalader les étroits escaliers obscurs et frais de la Casbah.
Malgré la pénombre, nos deux jeunes suisses comprennent très bien  ce qui s’y organise….
« Des appels modulés volent, se répondent de terrasse en terrasse.[…] Les ombres furtives qui traversent devant nous passent de seuil en seuil, distribuent une dernière consigne aux maisons qui retiennent leur monde pour le lancer au bon moment dans la rue. Aux terrasses des cafés les clarinettes lancent un trille haut et funèbre, échangent d’un quartier à l’autre une phrase aigue, puis soudain tarie. Admirable cette façon de demander le ‘la’, d’aller ensemble vers l’explosion qu’on sent imminente. Avec l’odeur de la poudre on respire l’attente »…

Et soudain : c’est la fête ! Ses bruits et sa joie… « […] éblouis, stupéfaits, détendus nous naviguons prisonniers d’une foule énorme jaillie de partout ». Alors que la ville européenne cuve encore son réveillon de la veille, la Casbah danse ! Nos deux genevois des bords du lac Léman sont « noyés dans les burnous, les turbans, les soleils chuintants d’étincelles, les sourires immenses qu’on perd et qu’on ne retrouve plus… » 


Et dans ces espaces réduits et magnifiquement tortueux, c’est « la course glapissante des femmes, le rouge et le bleu, le hurlement et les yeux agrandis des enfants qui se précipitent à nos jambes, les faces camuses et noires [mais pardi! n’est-ce pas déjà la nuit ?...] qui se renversent de rire et flambent un instant dans l’éclair des pétards… »
Bouvier ne nous rapporte pas tout à fait les ambiances léchées et très lumineuses que nous connaissons des miniatures enchanteresses de Mohamed Racim (artiste issu d’une famille de la Casbah où lui-même est né) mais on n’en n’est pas très loin quand même…
Alerte, le journaliste note : « les zigzags affolés des poules et des chèvres au milieu des explosions, les odeurs lourdes et âpres qui collent aux habits, le grésillement des fritures, avec, pour brasser ce désordre, le battement sourd des peaux d’ânes tendues au travers d’urnes défoncées… »
 

Et- comme muni d’une caméra-stylo, il zoome sur les nuées d’enfants dont, beaucoup dit-il « ont au sommet d’une tête rasée la petite tresse de leur coiffure rituelle, tous sont lavés de frais, propres et brillants comme des coquilles. Les mains pleines de pétards d’un sou, très à leur affaire, ils roulent, culbutent, trébuchent, s’accrochent aux robes des passants, hésitent, repartent, trottent silencieusement de partout à partout, sèment d’explosions leur course zigzagante… »

C’est là une saisie journalistique faite avec un réel brio, avec vivacité et une empathie extraordinairement humble. Condensée, elle charrie une multitude d’images, d’attitudes, de mouvements physiques, sonores ou d’odeurs caractéristiques (« La vapeur du thé de menthe parfume des rues entières …», écrit-il. «Sous des doigts très tendres et habiles les tambours se sont fait murmures…», ajoute-t-il). La « prise de vue » est si agréable qu’on a l’impression de vivre cet évènement d’il y a plus de 60 ans en direct, aussi bien – et mieux- que dans le meilleur des reportages TV…

Pourtant de ce monde populaire et pétaradant de joie des hauteurs de la Casbah  où le bonheur semble être posé là de toute éternité, un jeune homme de 21 ans, anonyme alors que pigiste au journal Alger ce soir, est en train de rédiger  dans une ferveur  clandestine et  psalmodiante une « Complainte » explosive dont il est loin d’imaginer que la force accusatrice va faire le tour du monde dans les cinquante ans à venir…  

Ainsi dans la célèbre revue « souffles » que dirigeait le poète Abdellatif Laâbi , pouvait-on déjà lire en son numéro 13/14 de 1969 cette filance critique : «la complainte des mendiants arabes de la casbah» d'Aït Djaffer où les coupures de la phrase obligent à un rythme, à une intonation, à une voix donc intimement liée à la révolte, à la violence d'autant plus intense qu'elle est contenue, impose une poésie orale, simple, directe, vigoureuse... L'insoutenable scandale devient concentrée dynamite car même ceux qui prétendent ne pas comprendre la poésie ne trouveront pas là le faux-fuyant de la prétendre obscurité »

 
 
                                                                         Couverture réalisée par Ait Djafer

Ismaël Aït Djaffer  dont son ami Kateb Yacine (ancien journaliste à Alger Républicain et docker à l’occasion au port d’Alger dans les années 50),se souviendra en écrivant fin des années 80 : « j’aimais les caricatures qu’il me montrait de temps à autre, au petit bureau de tabac où il aidait son père, rue Patrice Lumumba, tout près du marché de la Lyre, à la Casbah, que le peuple appelle « El-jbel » : la montagne. »

Cette Casbah de cœur et de myriades de rêves simples et quotidiens où l’on pouvait encore entendre de jeunes ados sortant d’un film d’Humphrey Bogart ou d’une musical de Farid El Attrach et Sabah se remémorer l’autre image de ferveur,  telle un haut fait talismanique,  l’exploit d’un  « grand » de Bab Ejdid, qui parti d’Alger avait réussi le tour d’ Europe avec juste 4000 francs en poche ! Un nommé Mohamed Zinet, cadet et ami d’un personnage emblématique de la vieille cité algéroise : Himoud Brahimi (déjà figurant dans le film « Pépé le Moko » aux cotés de Jean Gabin en 1936…) actuellement encore en quête à Paris et à qui le destin donnera  le surnom  de « Momo »à la fois pour ses records mondiaux de plongée en apnée à l’un des bouts de la jetée nord du port d’Alger ainsi que pour ses envolées poétiques par lesquelles il ne cessera de célébrer « Bahjati »…


En ce premier janvier 50 une autre aventure littéraire est également déjà née en Alger et va se voir diffuser le premier jeudi de ce même mois, c’est la revue « Soleil » dont le projet est lancé par un Jean Sénac d’à peine 24 ans lors d’un repas au restaurant Le Coq D’Or à la rue Hoche juste un mois auparavant… La couverture de ce premier numéro est dessinée par Sauveur Galliéro qui a fait le lycée Bugeaud avec  Camus et est lié, par ailleurs, aux illustres inconnus que sont encore  Kateb Yacine, Mohamed Dib et Mouloud Feraoun…

 
Mais pour clore ce jour  du 1er janvier 1950 où l’on fête joyeusement la naissance du Prophète à la Casbah  citons une dernière fois Nicholas Bouvier qui clôt le sens des choses par une image de civilité et de sagesse en écrivant :
« Autour des braséros, le long des escaliers on se bénit énormément, l’heure des souhaits est commencée ; les vieillards y président, leurs longues mains sèches vont de leur bouche à leur cœur, traçant en l’air d’élégantes majuscules »…

*


Nicholas Bouvier  allait dés l’année suivante, dans une minuscule Fiat Topolino de 4 chevaux, sillonner le monde d’Occident en Orient ; de Belgrade à Kaboul, en passant par Ankara, Tabriz, Chiraz et Kandahar. Puis de Lahore à Yokohama via New Delhi, Bombay, Colombo, Singapour, Saigon, Hong Kong, Manille…
Il allait au fil de cette formidable aventure d’une vie de voyages et d’écritures devenir un écrivain célèbre ; un poète, un photographe et un pertinent conférencier qui laisse le sillage de  
plus de trente ouvrages qu’on ne cesse de traduire dans les langues du monde pour le plaisir de méditer ce qu’il est convenu de nommer « L’usage du monde »…


(PS : Nicholas Bouvier repassera, en pleine guerre, par Oran, en 1957-58 où il donne une conférence avant de poursuivre vers le Maroc déjà indépendant….Mais cela est une autre histoire à piocher avant d’écrire)
 






 



 
 

1 commentaire:

  1. Bouleversant par la multiplicité des sens sollicités....Merci pour cette découverte.
    Leila Hamoutene

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