le
cheval sort enfin de sous
les
décombres
sa
crinière illuminant alors
l’appétit
du ciel
Quand on demande à Mustapha le temps
qu’il a mis pour réaliser cette œuvre,
il vous regarde d’un air amusé puis s’enhardit à vous dire : « une femme met bien neuf mois pour accoucher…
Moi, j’y ai mis trois mois… C’est comme
si j’avais fait la jument pour ça… »
Puis quand je le relance pour savoir
pourquoi , de tous les modèles humains ou d’animaux existant, il a choisi
le cheval ?.. Sa réponse d’artiste ne s’invente pas :
« C’est évident ! C’est beau ! C’est puissant ! C’est en
plus ce qu’il y a de plus difficile à réaliser ; pour moi c’était donc un
vrai challenge ».
Et sans transition, de la dite jument au
football-roi, voilà que l’illumination d’une des innombrables anecdotes dont il
est friand lui revient vous faire toucher du doigt ce que créer veut dire…
« Le grand meneur de jeu Hacène Lalmas du CR-Belcourt discutait avec Noredine Saadi, entraineur. Ce dernier essayait
de convaincre le célèbre buteur du meilleur gardien de but du monde, Lev Yachine, de jouer de façon scientifique… Lalmas
l’a écouté, écouté… puis excédé il tire un stylo Bic de sa poche et le tend à
Saadi : « Hak stylo et joue moi un corner avec… »
Mustapha avait commencé le travail par
la tête du cheval … Le matériau premier pour ce faire avait été deux passages
de roues d’une 405 Peugeot récupérés chez un ferrailleur de Boudouaou où il
avait été fouiné avec un ami du nom de Kamel Errih, dit Véno…
« Quand j’avais débité ces pièces pour la première fois, ça faisait une
tête de veau ; mais alors une vraie tête de veau … »
Bien entendu Mustapha voulait lui une
tête de cheval pur sang… Un cheval fabuleux, certainement à l’image de ceux qui
étaient chevauchés par un John Wayne ou un Kirk Douglas dans la salle obscure
du ciné du quartier de son adolescence…
Ne dit-on pas qu’un artiste avec l’âge c’est
tenace ? Je dirais même plus : c’est têtu comme un Bouceta qui doit
alors aller jusqu’au bout de son idée et de ses peines…
Sans compter que c’était le plein été
2012… « Il faisait chaud à
crever ! Avec le ferronnier qui travaillait sous mes directives pour
ajuster, découper et souder les différentes pièces de métal – plus d’une
centaine de pièces provenant de tôles, de passages de roues, de futs d’huile ou
de graisse pour la mécanique- (il
n’avait jamais vu ça le ferronnier!.. Pour lui le chalumeau ce n’était pas
pour les bêtes !...C’était contre nature… Il n’imaginait même pas que son
feu puisse aider à faire une œuvre d’’art…) on était obligés de travailler avec
un parasol et une guitoune qu’on déplaçait avec la rotation du soleil… Alors
pour détendre l’atmosphère je lui lançais des boutades du type : qu’est-ce
tu penses, on fait un cheval ou on fait une jument ?...»
Et bien entendu les amis passaient voir.
« Mustapha Nedjai et son épouse
me rendaient visite voir l’état d’avancement du travail… Ils étaient curieux… Yamo le designer aussi…
El Hachemi Ameur de Mosta. Moncef Guitta et d’autres… Les gens étaient
intrigués par ce qui était devenu un campement… Ils voulaient voir si
j’allais gagner mon pari de transformer toute cette feraille»…
Il va sans dire que Mustapha Boucetta était sûr de lui: « j’étais même convaincu à l’avance de son
élégance et de son âme… »
En fait on imagine aisément l’artiste s’endormir et s’éveiller chaque
jour, chaque nuit, avec ce cheval qui ne cessait de lui trotter dans la tête…
Un projet qui s’est admirablement concrétisé.
Question dernière, question des origines… D’où donc est né chez Mustapha
Boucetta peintre le désir de sculpter ?...
« L’idée m’est venue en
peignant… D’ailleurs des artistes qui me voyaient peindre (notamment le
sculpteur Massen) décelaient dans ma peinture des possibilités de sculpteur…
Jusqu’à aujourd’hui quand je peins j’ai plus la sensation de sculpter un
matériau que de peindre, de juste ajuster des touches avec un pinceau… Peut
être que ça me vient de mon ancien métier de restaurateur de meubles… »
On attend plus que de voir cette
sculpture exposée et voyager de salle d’exposition en salle d’exposition…
Voir également les autres sculptures du
genre que Mustapha Boucetta est en train de peaufiner : une autruche et un
énorme poisson des fables…
aucun mot n'est surprenant quand on le connait un peu ... un artiste, un vrai ! ...
RépondreSupprimertrès belle oeuvre avec si peu de moyen, bravo! Et merci à Djef de nous permettre de prendre connaissance ce travail.
RépondreSupprimerEnfin
RépondreSupprimerLa finesse fluide
La fraicheur qui demande le temps
Pour réaliser cette beauté
Cette bête humant le ciel
Au regard amusé
Un regard puissant en tendresse
Je suis un descendant de l’adolescence
Un futur faiseur de formes
Enfin
Demain
Je serai vivant
Enfermer dans ce fer
Ouverte pour tous ces contes
J’ouvre les couvercles
Ces portes pour montrer
Ma monture involontaire
Indatable
Réjean Desrosiers ( Réj Rosiers ) © 2016 06 06 004
Quand j'étais toute petite, je lançais à qui se fendait de quelque colère :
RépondreSupprimerArrête arrête ou je vais te mettre un cheval sur la tête qui va te brouter les cheveux !!!
Appropriation que je me faisais à l'âge de 4 ans de l'expression Monter sur ses grands chevaux !!!