« Une expo sur la préhistoire ?! Mais vraiment à quoi bon ?...
Déjà que l’histoire, elle-même !…. » s’exclameraient bien gens
sans trop réfléchir …
Pourtant qui peut oublier l’exposition des
restes de Lucy « la mère de
l’humanité » à l’occasion du Panaf?
Jamais peut être un musée d’Alger n’avait connut une telle influence ; si vieux
et tranquille dans ses jardins silencieux le musée était soudain devenu une
ruche sinon une place publique recherchée… N’y est-on d’ailleurs pas venu
d’autres villes et localités ? Et beaucoup de jeunes avec leurs parents,
tel un raz de marée, heureux, dont la
majorité (une masse qui n’a cessé de gonfler depuis 2009), ne jurant que par
les activités de face book, de jeux, de
films, de sms et autres
communications de copier-coller in live. Les médias, tous supports
confondus, ne s’étaient-ils pas alors emparé du filon de la nuit des temps :
une jeune femme de plus de 3 millions d’années nommée Lucy ? A croire
qu’il y a bien un lien (positif) entre la préhistoire et le numérique !..
D’abord
un scoop d’histoire sur la préhistoire…
Tabelbala, vous
connaissez? Moi non plus avant que des préhistoriennes préparant cette
exposition ne m’en parlent. « Tabelbala
est un site au sud de Beni Abbès dans la région de Béchar. On y a découvert une
technologie de fabrication d’outils extraordinaire », dit posément
Faiza Riache, chercheur en préhistoire, commissaire de l’exposition et conservatrice
du patrimoine culturel au Musée National du Bardo. Son enseignante de
préhistoire, chercheur et contributrice à l’UNESCO, madame Aumassip, précise :
« Extraordinaire, parce qu’on y a inventé différentes manières
d’obtenir des éclats »…
Qui n’existaient pas
avant, je demande…
« Si on les a inventé, c’est que cela
n’existait nulle part ailleurs…. Et cela il y a un million, un million
deux cent mille ans, à peu prés…» Une époque où la région de Tabelbala
avait certainement des lacs et des savanes où évoluaient des hippopotames, des zèbres,
des crocodiles et autres immenses oiseaux disparus depuis… Une région de chez
nous où des inventeurs anonymes ont vécu et participé à transformer l’histoire
de l’humanité il y a plus d’un million d’années, juste le temps pour la lumière
de sortir de notre galaxie, une des plus humbles de l’univers. De quoi rêver…
Façade d’entrée
du Musée (photographie Abderrahmane Djelfaoui)
Nouvelles recherches et
pluridisciplinarité
Pour revenir à
l’exposition et avoir un aperçu sur la manière dont a été conçue « L’Algérie dans la préhistoire »), sa
laborieuse préparation depuis une année et les objectifs attendus, nous nous
sommes adressés à un autre membre du staff du Musée, madame Boudjebbour Samia, archéologue
et conservatrice en chef.
« Cette exposition procède d’une nouvelle
vision de la préhistoire vu que les recherches des cinquante dernières années
ont amenés beaucoup de changements. Par exemple à coté des sites anciens, comme
celui Ain El Hnach, découvert en 1949, il y a des sites de fouilles nouveaux qui
ont apportés des informations nouvelles et ont permis de préciser beaucoup de
connaissances sur la préhistoire en Algérie, au Maghreb et en Afrique du nord.
Cette exposition est donc née grâce aux chercheurs qui ont bien voulu remettre
au Musée leurs conclusions de fouilles, leurs résultats d’études et d’analyses,
leurs photographies inédites, leurs films et leurs relevés. Cela s’est fait avec
la collaboration des professeurs de l’Institut d’archéologie et les chercheurs
qui sont en activité. »
Panneau mural sur
les fouilles effectuées à Errayeh, prés de Sidi Ali, Mostaganem
par l’équipe du
docteur Derradji Abdelkader
De
grandes espérances.
On ne peut ni tout
expliquer ni « tout montrer » par les mots. Il faut bien entendu,
comme les équipes de chercheurs eux-mêmes qui se donnent la peine et le plaisir
d’aller sur le terrain des fouilles que nous, tous publics intéressés, allions
voir de prés les innombrables objets soigneusement mis en valeur pour cette
grande exposition. Y aller en groupe, en amis, avec nos enfants, ou nos invités
côtoyer la ligne de crête d’un passé d’avant le passé…
Il faut savoir que
les non voyants, par exemple, trouveront des documents d’explication en braille
dans chaque espace et pour les jeunes et moins jeunes des copies de galets, de
silex, de poteries ou flèches et autres qu’ils pourront toucher, palper, sentir
de leurs propres doigts… D’ailleurs, précise Faiza Riache, Commissaire de
l’exposition, « depuis 2012, nous
avons prévu en parallèle de faire des ateliers de préhistoire. Et pour cela
j’ai moi-même fait une formation avec les enfants… Des ateliers fonctionneront pour
donc pour les 6 à 13 ans. On leur montre comment se fait une fouille
archéologique. Egalement un atelier de peinture rupestre. Et au-delà de cette
exposition, il est prévu un programme tout au long de l’année. Le 1er
juin nous espérons organiser un rallye de préhistoire avec plusieurs groupes
d’enfants dont chaque groupe représentera un homme de la préhistoire :
l’homo sapiens, l’australopithèque,
etc., avec au centre du jeu une énigme à résoudre…Mais pour cela, bien sur, les
enfants devront lire attentivement l’exposition… » Une sorte de
recherche au trésor… « Exactement ! »
La commissaire
d’exposition devant une des vitrines d’exposition du Bardo (Photo Abderrahmane
Djelfaoui)
Procession d’il y
a 7000 ans peinte sur la paroie de l’abri du taureau à Tin Hanakaten
Pour le plaisir
allons donc au Bardo pour (un peu) comprendre comment l’humanité a commencé son
aventure qui ne tenait qu’à un fil; (un peu) méditer les conséquences sur nos
vies d’aujourd’hui et de demain, et certainement même (beaucoup) sourire de
notre smartphone a qui il a arrive parfois de bugger alors que nos ancêtres avaient eux trouvé un moyen sur de
nous communiquer en « hors champ » leurs peintures et dessins depuis
des distances qui se comptent en millénaires bien avant l’invention même des
permières cités et de l’écriture en Mésopotamie (aventure qu’on peut par ailleurs
redécouvrir en allant cliquer sur Youtube)…
C’est d’ailleurs à
peu de chose prés le vœu de la conservatrice en chef qui nous a fait l’honneur
d’une visite inédite. Pour elle, cette exposition qui a demandé tant d’efforts,
un temps long et nécessité les
contributions multiformes et neuves de très nombreux chercheurs et spécialistes
de la communication, cette expo doit avoir de fructueux prolongements dans la
vie active comme il en est déjà dans certains pays voisins…
« Que cette exposition ouvre donc des portes, dit-elle. Que la recherche soit sérieusement aidée à
être développée et transmise aux jeunes générations. Cela avec la contribution
de différents ministères, pas uniquement celui de la culture. Egalement ceux de
l’enseignement supérieur, de l’environnement, du tourisme…et cela dans la
perspective d’intégrer harmonieusement différentes branches et activités pour valoriser notre pays qui a un patrimoine
archéologique très riche et régulier dans le temps. Régulier pour seulement
dire que depuis les temps de la préhistoire à nos jours cette terre, notre
terre, a toujours été habitée, sans rupture depuis Ain El Hnech, depuis deux
millions d’années et Tighnennif depuis 700 000 à 900 000 ans... »
Galerie de
vitrines et panneau mural sur l’environnement préhistorique d’un des terrains
de fouilles qu’est Taza
Abderrahmane Djelfaoui
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire