mardi 3 janvier 2017

IMZAD de Djahida Houadef

Doyennes, peinture digitale, 2016

En septembre 2016 Djahida Houadef me demandait un texte que, me disait-elle, « je vais utiliser dans un dépliant pour un Salon International à Paris si on arrive à trouver un sponsor. »


Boostée par la jeune agence algérienne iFRIKYA ROOTS, Djahida a bellement exposé au Carré du temple à Paris.

Ici mettant en place les éléments de son expo, avant l’ouverture de la manifestation 
(photo iFRIKYA ROOTS)

Couverture du dépliant

Djahida Houadef :
poétesse des lignes et sons d’éternité

Les titres bellement évocateurs de ses expos depuis plus de  deux décennies : Casbadjiates (Algéroises), Cassassettes (Conteuses),  Chadjara» (Arbre), N’gaoussiates (Femmes ressources de son pays d’enfance), Offrande au pays du Cèdre jusqu’aux digitales d’Imzad (Femmes nuit de l’Ahaggar) montrent que féminité et nature sobre et aimante sont au cœur de la vie de Djahida Hoiuadef, jeune fille et plasticienne  mûre de l’Algérie indépendante…. Dans toutes ses communications: «les femmes sont toujours présentes dans mon vécu», dit-elle.  Depuis les pentes d’antique montagne chaouie à N’Gaouss où elle n’a cessé ni cessera de vivre enfant dans les vergers de son grand père : « animaux, verdure, arbres, fleurs étaient la couverture panoramique de cette terre.»  Un panoramique auquel il faut ajouter les intimités du ciel, les parfums de la terre, les fleurs, les papillons, les oiseaux, les petits cours d'eau et leur musique…  «  Il m’est impossible de ne pas utiliser toutes les teintes naturelles, ces tons spécifiques à l’Algérie qui est un pays de lumières. D’ailleurs, l’environnement dans toute sa diversité définit la présence Divine et lorsque l’individu se rapproche de cette biodiversité, il éprouve un apaisement. » Aussi  en lieu et place de « carrière » ou « d’itinéraire », parlons plutôt de potentiel vif, toujours aussi joyeux et rayonnant que durant sa vive enfance. Un potentiel inentamé de courage et d’espérances malgré les difficultés et avanies des conditions de création que Djahida Houadef partage avec la majorité des artistes du pays d’Algérie. « Peindre me protège du mal » est son fier sourire en écho qui nous est offert.

Abderrahmane Djelfaoui

Angles cachés, peinture digitale, 2014

Ce que nous murmure Djahida

Imzad : n’est pas seulement un nom mais  un de ces pays lointains où la lune balance sur des faux du ciel  bleu. Un de ces pays qui n’a pas totalement effacé  le bariolé de son carnaval  ancestral à la perle d’une lune de pierre ponce.
Un de ces pays d’en nous aux musiques envoutantes, dont on ne peut cependant  pas voir les instruments dans la nuit de leurs danses.  Danses de femmes, bleues et noires aux regards d’étoiles. Généreuses. Acérées. Qui captent les papillons eux-mêmes les élancer de  leur rythme et souffle réguliers au ras des dunes…
Tant (elles le savent ces gardiennes d’Imzad)  que la nuit est à l’opposé du rêve de leurs jours. Tant il n’y a d’autre chaleur que la mélopée aux doigts des longues attentes ; mélopée savante à traire le souvenir. A filer le crin pour l’amant revenant des longues traversées; ce guerrier impassible des déserts, de tous les déserts à qui on offre le plus généreux chant pour son glaive de héros…
Imzad…
Réelle ou fausse seigneurie de la vie ?  Réelle ou fausse transfiguration par l’archet de toutes les nuits au ras d’herbes sèches qui n’arrêteront peut être pas, d’ici un siècle encore, de défier les vents solaires. Herbes et femmes unies ; en simples dignités de poussière et pourtant déesses lointaines de ce monde d’errements…

Abderrahmane Djelfaoui

Imzad, peinture digitale, 2014



Chuchotements poétiques, peinture digitale, 2016

Djahida Houadef et son public, Paris (photo iFRIKYA ROOTS)


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