Des
dizaines de photographies en noir et blanc de la période de 1958 à 1963 prises
par Mohamed Kouaci (1922-1996) ont été
exposées samedi 4 novembre à l’espace Caritas de la Maison diocésaine à Alger.
Préparée par des femmes bénévoles travaillant au profit de l’œuvre médicale et
humanitaire de Dar El Ikram (qui prend en charge des malades d’Alzheimer),
l’exposition a été ouverte par Safia Kouaci.
Responsable du service photo du Ministère de l’information du GPRA à
Tunis, Mohamed Kouaci « était un
photographe, que son engagement a amené à voir et comprendre certains aspects
de la guerre de libération à laquelle, par l’image, il participait »,
écrivait de lui Pierre Chaulet qui fut responsable du journal El Moudjahid…
Section
de l’ALN en prière
Moudjahidates
Frantz Fanon, ambassadeur du GPRA et
auteur de « Les damnés de la terre »
et de « L »an V de la révolution »
La manifestation s’est poursuivie dans le recueillement par la
projection d’un film documentaire : « Barrage de Beni Behdel. Sous les eaux, un centre de torture ». Ce film aux belles images poignantes et
généreuses est l’œuvre du réalisateur mostaganémois Mostefa Abderrahmane. Il s’ouvre des les premières minutes de projections par ces mots de
commentaire de son ateur :
« Au mois d’octobre 2012,
alors que je faisais un reportage sur les camps de concentration de la période
coloniale française, à Skikda, précisément dans le massif de Collo, j’ai
appris, par voie de presse, l’existence d’un centre de torture unique en son
genre en Algérie, se trouvant dans les environs de Tlemcen
De Skikda, l’idée est venue
d’organiser une randonnée pour un groupe de jeunes de Mostaganem, passionnés de
photographie, pour découvrir le barrage de Beni Behdel, site historique méconnu
pour la plupart d’entre nous, situé à Bni Snouss, région aux mille martyrs qui
a payé un lourd tribut lors de la guerre de libération nationale pour que vive
l’Algérie»…
Détail d’une carte de l’époque
coloniale avec le nom de « Beni Badhel » au lieu de Beni Behdel…
Le débat sur le film, rehaussé par la présence de musicien Mustapha
Sahnoun, membre de la Troupe du FL N à Tunis, de mesdames Abderrahim
(secrétaire de Saad Dahlab , Ministre des affaires étrangères dans le dernier
gouvernement du GPRA) et Myriam Ben Bella permit des bribes témoignages inédits
sur la lutte de libération ainsi que sa caractérisation de mouvement humaniste et pleinement universaliste.
La séance se poursuivit
naturellement par une présentation de la vie et de l’itinéraire d’Anna Gréki,
poétesse et révolutionnaire née à Batna, dans les Aurés en 1931 et décédée à
l’âge de 35 ans à Alger en 1966…
Lounis Ait Aoudia, Président de
l’Association des amis de la Rampe Louni Arezki, Casbah
Lounis Ait Aoudia se référant à certaines des photographies exposées (présentes
dans le débat au même titre que les spectatrices pour la plupart), relate des
anecdotes de son adolescence vécues le 3 juillet 1962, place du Gouvernement,
aujourd’hui place des Martyrs. Dont celle d’un garçon de 16 qui sort de la
foule compacte qui vibre sur la place pour monter sur le socle de la statue du
duc d’Orléans, monter sur son cheval de bronze et y arrimée un drapeau
algérien de victoire plus grand que la
statue elle-même…
J’imagine Anna Gréki (Colette Melki de son nom de femme mariée) à Alger
lors de ces jours de liesse populaire, dans les rues parmi le peuple ; elle
qui en ce juillet 62 écrit un poème inoubliable intitulé EL HOURIA :
« …Hors de la matrice énorme
de la guerre
Tu nais dans un soleil de cris et
de mains nues
Prodiguant des juillets
moissonneurs et debout
« Nos morts qui t’ont rêvée
se comptent par milliers
Un seul aurait suffit pour que je
me rappelle
Le tracé du chemin qui mène au
bonheur…
… Le ciel indépendant ne parle
qu’au futur
Il nous reste à présent l’énergie
de l’espoir
Je t’aime Liberté comme j’aime
mon fils »
Madame
Myriam Ben Bella demandant sa dédicace
Une médecin
d’hôpital découvreuse d’histoire et de poésie
Une partie
de la chaine des bénévoles humanitaires, hier, aujourd’hui et plus encore
demain…
Abderrahmane
Djelfaoui
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