C’est
à l’occasion du Salon International du
Livre de Paris (Porte de Versailles du 24 au 27 mars 2017) que j’ai
rencontré l’amie Yasmina-Karima Bennini .
En
fait, c’est une autre amie commune, Nora Maidi Kasse de Djelfa , enseignante et poétesse qui nous avait mis en
relation à partir des belles et odorantes steppes d’Algérie où elle vit et
écrit…
Avec Yasmina-Karima Bennini au stand ALGERIE où je
dédicaçais mon ouvrage
: « Anna
Gréki, les mots d’amour, les mots de guerre » paru aux éditions Casbah.
(Selfie :
Abderrahmane Djelfaoui)
Les souvenirs
retrouvés, Yasmina-Karima BENNINI m’a écrit cette lettre :
Cher ami,
À l'heure où l'on ose
débaptiser des rues qui portent les noms de valeureux combattants pour
l'indépendance algérienne, au prétexte que n’être pas Algérien de souche ou
musulman, rendrait inéligible au martyr, un ouvrage récent, entre autres, sauve
la face à sa belle manière, la tienne, cher Abderrahmane Djelfaoui…
"Mazal El kheïr fi bladna" *, puisque des
pétitionnaires en faveur de la réhabilitation du nom de la rue Fernand Iveton à
Oran par exemple, à force d’ardeur et de détermination, ont eu gain de cause.
Toi Abderahmane tu as de ton côté joué ta partition et rappelé Anna Greki,
l'héroïne de guerre et la poétesse, à la Mémoire vive des Algériens, en signant
"Anna Greki, Les mots d’Amour, Les mots de guerre ...".
Portrait d'Anna Gréki dessiné par le peintre algérien Denis Martinez
Tu as minutieusement et patiemment récolté documents et
témoignages, redonnant vie et voix à la si discrète et belle Anna, précocement
disparue. D’elle, tu nous apprends de nombreuses et précieuses bribes de son
vécu auprès de cette incroyable cohorte d’amies, activistes codétenues et pour
certaines, torturées comme elle. Des braves telles la chanteuse Fadéla Dziria,
Jacqueline Gueroudj et Louisette Ighilahriz l’auront reconnue comme l’une des
leurs. Les conditions de détention, la torture et les jours sans fin sont un
terreau propice aux adoptions plénières et aux sororités auxquelles, la mort
elle-même peine à mettre un terme.
Le microcosme des Lettres et des Arts, dont Yacine, Haddad,
Amrani, Issiakhem et Lacheraf et tant d’autres, lui aussi aura su reconnaitre
en Anna Gréki sa qualité de pair, poétesse courageuse, sensible et forte, apte
à construire à leurs côtés, le storytelling de notre imaginaire de toute jeune
Nation. Alors oui, il est bon qu’en Algérie et au-delà des frontières, nous
puissions mieux connaitre le parcours de vie, les combats, la passion et l’œuvre
poétique d’Anna Greki et de tant d’autres artisans de nos valeurs et notre
légitime fierté de creuset patriotique.
Iveton et Greki doivent figurer au panthéon de nos héros
conscients et assumés, ils sont des Justes qui ont quitté leurs postures
naturelles et leurs zones de confort, leurs appartenances originelles.
Célébrons-les collectivement et loyalement et confirmons-les sur tous les
canaux et supports comme nos héros historiques dans notre quête légitime et
universelle de liberté, de dignité et de justice, sans chauvinisme ni
partialité. Notre Histoire n’est pas consanguine, N’avons-nous pas puisé encore
plus de vigueur et de détermination dans l’exemplaire élan libérateur des
Vietnamiens et n’avons-nous pas été nous-mêmes, une salvatrice source
d’inspiration pour bien des peuples?! En cela, notre Histoire contemporaine,
pour ne parler que de celle-ci, portait dès le début dans son ADN les marqueurs
éclatants de l’universalité.
Claudine
Lacascade, compagne de combat et de cellule à Serkadji d’Anna Gréki
Un témoin à qui je dois beaucoup dans l'écriture de mon ouvrage
(photo :
Rachid Khadda)
Anna Greki la femme, le livre et les figures féminines qui
le traversent, font de cet ouvrage un plaidoyer qui s’ignore peut-être, pour la
reconnaissance (débarrassée des archaïsmes patriarcaux) du Genre et des
origines des parties prenantes de l’épopée Algérienne. Pour toutes ces raisons,
ta démarche est résolument universelle, féministe et restaure certains aspects
de nos oublis et dénis collectifs. Très cordialement.
Yasmina-Karima
Bennini
Paris XV
Paris XV
*Le bien subsiste dans notre pays.
… Tu me garderas mon pays
comme le sage tiens sa langue
comme la terre tient ses corps
et leur promesse de saisons…
Anna Gréki
Bône 1956
(Algérie capitale Alger)
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