Le
bombardement de la Syrie dans la nuit du vendredi 13 au samedi 14 avril 2018
a soudain fait ressurgir une archive poétique de ma mémoire…
Celle
d’un de mes Paris mélancolique, mais un Paris pacifique et ouvert comme peut l’être
le vol gracieux d’un pigeon...
Ici (dans cet article) le jeu de va et vient entre des poèmes lointains
déjà (2004) et des photographies que j’ai prises prés d’une quinzaine d’années
plus tard…
Paris donc et, dans Paris, la Seine d’abord…
qu’est-ce donc que ce fleuve
sinon déjà une mer
en ses profonds cils imaginaires
et ses péniches
navires à pigeons
annonçant belles autres rives
d’ailes
et tous ces ponts si différents
à enfermer ô lumière
tant de leurs souvenirs et odeurs
de rouille
qu’est-ce donc que ce fleuve
qui d’une seule Seine
peut polir des mille et des cent
et me pousse par l’arche de ses quais
à abandonner les boulevards
vers ces étranges oiseaux
têtes de pingouins onduler mouettes
à la berge pacifique du ressac
Ce qui me rappelle (ce qui n’est pas si difficile pour un
homme de ma génération) de nombreux vers du poète turc Nazim Hikmet écrits
à Paris, dont ceux-ci :
…Dans quelle ville as-tu mangé
le pain le plus blanc ?
A Paris,
surtout les croissants :
tu te croirais à Istanbul
chez un boulanger de Chehzadé.
le pain le plus blanc ?
A Paris,
surtout les croissants :
tu te croirais à Istanbul
chez un boulanger de Chehzadé.
Qu'as tu aimé le plus fort à Paris ?
C'est Paris….
C'est Paris….
Un poème
de mai 1958 qu’il faut bien évidemment relire en entier pour ses si justes
détails d’époque et d’atmosphère d’une autre guerre… Une ville par ailleurs bellement
célébrée par une poignée de poètes de la Résistance : Aragon, Eluard,
Seghers, Desnos mais aussi d’autres dés le 19 eme siècle, tel Baudelaire, qui en
firent par delà le fracas de révolutions (avortées) et de conquêtes coloniales
(tues) la capitale de la modernité poétique…
place des Vosges
à Zazi
une femme me fut là
cœur et histoire
gazelle brune
fine en émoi
et comme si le temps avait
soudain fermé ses pages
violemment
elle disparue
laissant hébétées les arcades
le jet d’eau en pleurs et
au bout d’un banc à coté de moi
un oiseau me picorant la mémoire
Lycéennes et lycéens sortant d’une
visite guidée à la maison de Victor Hugo…
Paris ce fut à cette période précise la rencontre avec les poètes Abdelatif
Laabi (frondateur de la revue Souffles
et traducteur de la poésie palestinienne de combat) accompagné de son épouse, ainsi
que de Pierre Dhainaut qui arrivait de Dunkerque avec sa femme ; tous
invités gaiement par le couple Mazo…
à Bernard et Mireille Mazo
il pleut sur la Marne
à mouiller la chanson
des poissons endormis
il pleut d’elle
une pluie d’anges
évanescents
si lentement qu’un canard
la remontant semble être
lui-même le courant
Je n’ai
malheureusement pas pu retrouver trace de photos prises à ce moment là. (Nous devions
retrouver Nimrod Bena, Lionel Ray, Mohamed Bennis, Luis Mizon et d’autres
poètes encore à la Sorbonne…) N’empêche ! Une page manuscrite d’un poème
de Pierre Dhainaut …
Un poème de Bernard Mazo qui m'était dédicacé et même traduit à l'arabe...
Ainsi qu'une interview que llui avaéit faite le journal El MOUSTAQBAL (2 decembre 2000) et dont il était fier...
Ainsi qu'une interview que llui avaéit faite le journal El MOUSTAQBAL (2 decembre 2000) et dont il était fier...
"20 000 poètes écrivent de la poésie en France,
mais la vente de chacun de leur recueil
ne dépasse pas les 300 exemplaires..." dit-il
Ce Paris pluriel, Paris de la camaraderie et de l’estime dans le
respect des différences, leurs richesses et complétude ne serait-il plus qu’un
souvenir ?…
ô Maillol aux champs
Maillol au vent
tes femmes pensent
tes femmes dansent
immobiles et nues
si belles et
polies au Jardin
des Tuileries
D’Alger je ne cesse pourtant d’en rêver (naif ?) le demain d’une
neuve rive, mer d’hiver à mes jetées…. Rêver par delà la nuit du vendredi 13 au
samedi 14…
Abderrahmane Djelfaoui, poèmes et photographies
voir: @AbderrahmaneDjelfaouiMaPMoesie
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