Alors que j’emmenais ma fille à un service de radiologie
spécialisé pour une échographie de contrôle, je fais une de ces rencontres qui ne m’arrive qu’une fois l’an et encore !
Rencontre fabuleuse !
Dans le hall d’attente, ma fille assise sur une chaise
roulante, je vois sortir par les portes battantes de la chambre du Scanner (« danger
radiations ») une silhouette amie que je n’avais pas vue depuis longtemps…
Est-ce bien lui ?... Il n’avait pas son habituel fez
rouge sur la tète, mais une casquette de marin et il avançait lentement, péniblement, à l’aide
d’une canne vers une chaise pour s’assoir…
BAHAZ, - descendant d’une lignée d’artistes africains, maître
du Guembri, cet instrument à trois cordes qu’il fabrique lui-même avec de la
peau de chameau qu’il ramène du Sahara…
Je l’interpellais affectueusement. Nous nous serrons la main
et il se met immédiatement à me parler de
santé qui n’est plus ce qu’elle était… De la carte d’artiste qu’il avait reçue
il y a deux ans maintenant mais qui ne donne pas du tout ce qu’on espérait d’elle…
Puis ayant passé sa main dans sa vénérable barbichette de 76
printemps, il sourit en disant : « Oui, je me rappelle, tu nous as
photographié Denis Martinez et moi, à Mostaganem, devant le bulldozer qu’il
avait peint lors de la biennale des artistes »…
Il y a de cela des années, mais c’est comme si c’était hier…
Un portrait-poème de
Denis Martinez en hommage à son ami Bahaz
Je lui rappelais de mon coté ses relations d’amitiés avec mon
cousin feu Mohamed Belhadji, cinéaste, son camarade des années 60… Le nom fit tilt et il me dit qu’ils fréquentaient
ensemble le club de l’USMB et enchaina sur le père de Mohamed Belhadji,
Abdelkader qui était alors infirmier à l’HPB de Blida. Un hôpital psychiatrique
où venait également Abderrahmane Aziz
chanter au profit des malades…
Souvenir qui l’emmena à en évoquer bien d’autres, les yeux luisants :
Nadir qui avait créé le premier ballet au TNA d’Alger ; le « train
culturel » vers l’ouest initié par feu Mohamed Boudia « assassiné à
Paris allah yerhmou par les
israéliens » ; Nouredine Saoudi et la musique andalouse; les villages de Racont-Arts avec Denis Martinez…
Une des infirmières ayant appelée ma fille pour descendre en
salle d’échographie, j’eus, le cœur serré, juste le temps de l’embrasser, de
lui souhaiter prompt rétablissement et bonne santé. « Je suis heureux, me dit-il, qu’on
ai parlé un peu de Denis Martinez, même s’il n’est pas là. Lui aussi a de
petits problèmes de santé… »
Je le laissais avec sa fille qui l’accompagnait…
Abdererahmane
Djelfaoui : texte et photographies
Touché par ce rappel attendrissant. Je lui en toucherait un mot mardi prochain. Merci.
RépondreSupprimer