Dimanche 30 octobre 2016, de 14 à 18
heures 30….
Les séances de dédicace au SILA d’Alger ce ne
sont évidemment pas uniquement que des signatures et des ventes. Loin de
là ! Elles sont surtout (et cela
l’a été pour moi) l’occasion de rencontres nombreuses, chaleureuses,
inattendues, bruyantes, pleines de rires parfois et d’autres de retrouvailles
et remontées vertigineuses d’images et d’étonnements dans notre mémoire
brinquebalante et kaléidoscopique….
Comme
tout espace d’exposition, le stand de livres de Casbah éditions dispose d’une
grande entrée donnant sur les larges allées du pavillon central. C’est
cependant de « la fenêtre » que vont venir les bonjours et sourires
de la plupart des connaissances et amis…
Et avant même que les chaises et les
tables ne soient ici installées pour les auteurs, voilà qu’apparait Othmane
Flici, directeur bien connu à la belle barbe des éditions El Othmania, situées
à quelques stands de là , hors cadre... Et la discussion sur le cru
livresque de l’année de s’engager avec la journaliste Thouraya Ayad de la
Chaine 3 en présence de Anissa Améziane qui supervise avec une dextérité
souriante le stand Casbah déjà fourmillant de visiteurs de tous âges et de
toutes origines…. Au fond du cadre, une foule monte aux étages d’autres stands…
avec Hab le Hibou
Je m’installe à peine, le cartable à mes
pieds, que l’un des premiers à venir me demander une dédicace n’est autre que
le célèbre Hab le Hibou de Facebook… Comme quoi (alors que le monde ne cesse de
circuler à l’extérieur) la littérature n’est peut être qu’une virtualité de
plus à la vie au sens noble du terme.
Felix Colozzi entre Mouloud Achour et moi même
Une autre figure émerge de l’histoire et
vient nous serrer la main à moi et Mouloud Achour, écrivain et directeur
d’édition à Casbah ; c’est Felix Colozzi, compagnon de Fernand
Yveton, Hachelah et de Jacques Salor d’Alger
républicain durant la guerre de libération nationale… Arrêté puis
emprisonné à la sinistre prison de Lambése puis ailleurs jusqu’en 1962, je
l’avais rencontré en 2014 alors que je
travaillais à mon livre. Anna Gréki : il ne connaissait pas, par contre
Colette Grégoire (alias Anna Gréki), oui, il en avait entendu parler… Félix est
l’auteur de « Mémoires de prison »,
un livre édité aux éditions El Kalima à l’occasion du 60ème
anniversaire du 1er novembre 1954…
Benmerabet, éditeur
Après l’éditeur Rachid Khettab qui passait allant vers son stand et que
je n’eus pas le temps de photographier, coucou !.. C’est Benmerabet, un
autre éditeur d’Alger, qui me dit avoir tiré cette année l’ensemble de l’œuvre
du penseur islamique Malek Bennabi, intégralement en français. En l’écoutant je
me rappelle du projet de livre du plasticien Mustapha Nedjai et moi-même qu’il
devait publier mais resté dans les tiroirs au vu des coupes budgétaires décidées
par l’Etat cette année suite à la chute des prix du pétrole brut… Il
sourit : l’espoir fait vivre…
Petite fille entre les couvertures de mes deux livres
parus chez Casbah….
Puis arriva le doyen des écrivains
algériens : Kadour M’Hamsadji (83 ans) avec son épouse pour dédicacer son
dernier roman. Malgré l’état de ses yeux qui ne lui permet plus de distinguer à
distance, on lui donnerait au moins dix ans de moins…
Kaddour M’Hamsadji dédicaçant « La quatrième
épouse »
Entre deux ouvrages signés (il aurait
aimé que son roman eut été doté d’une jaquette…) il m’informe de la vente
dédicace de plusieurs dizaines de livres qu’il a faite la veille à Boufarik dans la Metidja, au lycée même où il fut élève après la seconde guerre mondiale
et où il eut pour professeur d’arabe (dialectal, tient-il à, préciser) Mostefa
Lacheraf… M’Hamssadji se rappelle encore et encore bien d’autres faits et
souvenirs lointains et les raconte. Il m’étonne notamment, en me regardant un
moment, pour me dire : « eh
bien à te regarder et entendre ta voix ainsi que ta manière de te tenir, tes
gestes, je jurerais que tu es le sosie parfait de Emmanuel Roblès que j’ai bien
connu…. » J’en reste plus qu’étonné, ébahi de sentir que Roblès
(auteur de « Cela s’appelle
l’aurore » en 1952) est là parmi nous….
Puis apparu un camarade tout droit sorti
des années soixante dix-quatre vingt, années de fac, de cinémathèque et de
ciné-clubs… Venu de Constantine… Et de convoquer tous les amis communs de cette
ville, les moments phares, ce qui fut et demeure en mémoire malgré vents et
marées…
Où il faudrait évoquer à haute voix une phrase de
William Faulkner sur le passé qui ne passe pas,
mais dont je ne me souviens plus de la structure
exacte….
Fugitif passage de l’historien et archiviste Fouad
Soufi. Bonne humeur !
Et parmi nous, à la table faisant l’angle du mur, cachée de « la fenêtre »
d’où ne cessent d’émerger revenants et leurs histoires, un ancien diplomate, auteur
atypique, inclassable et ayant courageusement travaillé sur un sujet
pointu-pointu s’il en est. Il s’agit de Hocine Maghlaoui…
Puis entre lui et la suite apparut l’ami Abdesslam Zemmouri qui m’informe
qu’il s’envole mardi pour le Nouveau Monde, plus exactement pour participer au
marathon de New York. Rien que ça. Et avant de partir il lui faut une dédicace
pour un ami et une autre pour lui… Je lui en fournis une troisième pour un ami habitant
au centre de Paris, Jacques Fournier, retraité et écrivain lui-même originaire
d’Algérie, du Dahra où son père était médecin de campagne à Cassaigne, actuel
Sidi Ali …
Abdesslam
Zemmouri : courir dans 48 heures le marathon à travers New York !
Puis le Hoggar et les Touaregs furent « là » par le fait de
la présence de madame Farida Sellal venue signer son beau livre « Imzad » ainsi que la réédition de
son poignant récit de vie « Farès »…
Mme Farida
Sellal
Bien d’autres femmes se présentèrent aux dédicaces, les miennes comme
celles de mes collègues de cet après midi. Pour moi l’étonnement fut intense et
complet de voir arriver Nora Maidi-Kasse et son mari de Djelfa, elle et moi qui
avions pour ami commun Hamid Nacer-Khodja… Mais également Yamina Yami venant
des hauts plateaux de la région de Tiaret, Imène Nesrine Kerdel en Master des
sciences du langage à l’université de Blida, Naima Guelai juste sortie de Natexis
à Dar el Beida, un fleuriste de Birmandraes qui livrera son livre à Malika du Havre, Amel Benyaa qui gère avec son père la galerie d’art Benyaa aux Sources ou
Leila Taleb (veuve de l’historien Taleb Biendab) venant de Paris… Encore
faut-il , pour faire court, que je mette entre parenthèses bien d’autres
personnes, simples ou « de la haute »
comme on dit, qui ne cessèrent de succéder dans notre espace ; le notre au
sens du leur et mien, mien, mien confondu…
Je ne saurais terminer sans évoquer l’image exemplaire de Mohammed
Benotsmane, professeur de français dans une école primaire mixte d’Etat à Ouled
Salama, prés de Blida, et poète « amateur depuis peu » comme il se
définit, depuis qu’il vient de découvrir la poésie de Yahya El Ouahrani, alias
Jean Sénac….
Mohammed Benotsmane
Enfin, le jour ayant déjà avalé toute sa salive, j’eus le privilège de
dédicacer le dernier exemplaire de « Anna
Gréki, les mots d’amour, les mots de guerre », à une amie au nom très sonnant
de Djédjiga qui arriva très tard à cause d’une circulation furieuse dans Alger
et ses environs et qui dut m’attendre sous le ciel noir à la grille de la foire
(le SILA) où on l’avait quand même autorisée à stationner… Je signai sous le regard
amusé du couple M’Hamssadji que je devais raccompagner à leur domicile…
Voilà pour une fraction de SILA
Peut être une autre vendredi prochain, inchallah
Abderrahmane Djelfaoui
Et la surprise et l'émotion furent telles que ni toi ni moi n'avons dégainé nos appareils photos pour immortaliser l'instant, car sans doute après le départ si prompt de Hamid l'humilité de l'instant nous l'aurait interdit... Belle, très belle description itinérante du carrousel des âmes sur les pages des esprits
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