lundi 31 octobre 2016

Fenêtre singulière (et plurielle) au Salon International du Livre d’Alger (SILA)…

Dimanche 30 octobre 2016, de 14 à 18 heures 30….

Les  séances de dédicace au SILA d’Alger ce ne sont évidemment pas uniquement que des signatures et des ventes. Loin de là !  Elles sont surtout (et cela l’a été pour moi) l’occasion de rencontres nombreuses, chaleureuses, inattendues, bruyantes, pleines de rires parfois et d’autres de retrouvailles et remontées vertigineuses d’images et d’étonnements dans notre mémoire brinquebalante et kaléidoscopique….

Comme tout espace d’exposition, le stand de livres de Casbah éditions dispose d’une grande entrée donnant sur les larges allées du pavillon central. C’est cependant de « la fenêtre » que vont venir les bonjours et sourires de la plupart des connaissances et amis…


Et avant même que les chaises et les tables ne soient ici installées pour les auteurs, voilà qu’apparait Othmane Flici, directeur bien connu à la belle barbe des éditions El Othmania, situées à quelques stands de là , hors cadre... Et la discussion sur le cru livresque de l’année de s’engager avec la journaliste Thouraya Ayad de la Chaine 3 en présence de Anissa Améziane qui supervise avec une dextérité souriante le stand Casbah déjà fourmillant de visiteurs de tous âges et de toutes origines…. Au fond du cadre, une foule monte aux étages d’autres stands…

avec Hab le Hibou

Je m’installe à peine, le cartable à mes pieds, que l’un des premiers à venir me demander une dédicace n’est autre que le célèbre Hab le Hibou de Facebook… Comme quoi (alors que le monde ne cesse de circuler à l’extérieur) la littérature n’est peut être qu’une virtualité de plus à la vie au sens noble du terme.

Felix Colozzi entre Mouloud Achour et moi même

Une autre figure émerge de l’histoire et vient nous serrer la main à moi et Mouloud Achour, écrivain et directeur d’édition à Casbah ; c’est Felix Colozzi, compagnon de Fernand Yveton, Hachelah et de Jacques Salor d’Alger républicain durant la guerre de libération nationale… Arrêté puis emprisonné à la sinistre prison de Lambése puis ailleurs jusqu’en 1962, je l’avais rencontré en 2014  alors que je travaillais à mon livre. Anna Gréki : il ne connaissait pas, par contre Colette Grégoire (alias Anna Gréki), oui, il en avait entendu parler… Félix est l’auteur de « Mémoires de prison », un livre édité aux éditions El Kalima à l’occasion du 60ème anniversaire du 1er novembre 1954…

Benmerabet, éditeur

Après l’éditeur Rachid Khettab qui passait allant vers son stand et que je n’eus pas le temps de photographier, coucou !.. C’est Benmerabet, un autre éditeur d’Alger, qui me dit avoir tiré cette année l’ensemble de l’œuvre du penseur islamique Malek Bennabi, intégralement en français. En l’écoutant je me rappelle du projet de livre du plasticien Mustapha Nedjai et moi-même qu’il devait publier mais resté dans les tiroirs au vu des coupes budgétaires décidées par l’Etat cette année suite à la chute des prix du pétrole brut… Il sourit : l’espoir fait vivre

Petite fille entre les couvertures de mes deux livres parus chez Casbah….


Puis arriva le doyen des écrivains algériens : Kadour M’Hamsadji (83 ans) avec son épouse pour dédicacer son dernier roman. Malgré l’état de ses yeux qui ne lui permet plus de distinguer à distance, on lui donnerait au moins dix ans de moins…

Kaddour M’Hamsadji dédicaçant « La quatrième épouse »


Entre deux ouvrages signés (il aurait aimé que son roman eut été doté d’une jaquette…) il m’informe de la vente dédicace de plusieurs dizaines de livres qu’il a faite la veille à Boufarik dans la Metidja, au lycée même où il fut élève après la seconde guerre mondiale et où il eut pour professeur d’arabe (dialectal, tient-il à, préciser) Mostefa Lacheraf… M’Hamssadji se rappelle encore et encore bien d’autres faits et souvenirs lointains et les raconte. Il m’étonne notamment, en me regardant un moment, pour me dire : « eh bien à te regarder et entendre ta voix ainsi que ta manière de te tenir, tes gestes, je jurerais que tu es le sosie parfait de Emmanuel Roblès que j’ai bien connu…. » J’en reste plus qu’étonné, ébahi de sentir que Roblès (auteur de « Cela s’appelle l’aurore » en 1952) est là parmi nous….

Puis apparu un camarade tout droit sorti des années soixante dix-quatre vingt, années de fac, de cinémathèque et de ciné-clubs… Venu de Constantine… Et de convoquer tous les amis communs de cette ville, les moments phares, ce qui fut et demeure en mémoire malgré vents et marées…

Où il faudrait évoquer à haute voix une phrase de William Faulkner sur le passé qui ne passe pas,
mais dont je ne me souviens plus de la structure exacte….

Fugitif passage de l’historien et archiviste Fouad Soufi. Bonne humeur !


Et parmi nous, à la table faisant l’angle du mur, cachée de « la fenêtre » d’où ne cessent d’émerger revenants et leurs histoires, un ancien diplomate, auteur atypique, inclassable et ayant courageusement travaillé sur un sujet pointu-pointu s’il en est. Il s’agit de Hocine Maghlaoui…



Puis entre lui et la suite apparut l’ami Abdesslam Zemmouri qui m’informe qu’il s’envole mardi pour le Nouveau Monde, plus exactement pour participer au marathon de New York. Rien que ça. Et avant de partir il lui faut une dédicace pour un ami et une autre pour lui… Je lui en fournis une troisième pour un ami habitant au centre de Paris, Jacques Fournier, retraité et écrivain lui-même originaire d’Algérie, du Dahra où son père était médecin de campagne à Cassaigne, actuel Sidi Ali …

Abdesslam Zemmouri : courir dans 48 heures le marathon à travers New York !

Puis le Hoggar et les Touaregs furent « là » par le fait de la présence de madame Farida Sellal venue signer son beau livre « Imzad » ainsi que la réédition de son poignant récit de vie « Farès »…

Mme Farida Sellal



Bien d’autres femmes se présentèrent aux dédicaces, les miennes comme celles de mes collègues de cet après midi. Pour moi l’étonnement fut intense et complet de voir arriver Nora Maidi-Kasse et son mari de Djelfa, elle et moi qui avions pour ami commun Hamid Nacer-Khodja… Mais également Yamina Yami venant des hauts plateaux de la région de Tiaret, Imène Nesrine Kerdel en Master des sciences du langage à l’université de Blida, Naima Guelai juste sortie de Natexis à Dar el Beida, un fleuriste de Birmandraes qui livrera son livre à Malika du Havre, Amel Benyaa qui gère avec son père la galerie d’art Benyaa aux Sources ou Leila Taleb (veuve de l’historien Taleb Biendab) venant de Paris… Encore faut-il , pour faire court, que je mette entre parenthèses bien d’autres personnes, simples ou « de la haute » comme on dit, qui ne cessèrent de succéder dans notre espace ; le notre au sens du leur et mien, mien, mien confondu…

Je ne saurais terminer sans évoquer l’image exemplaire de Mohammed Benotsmane, professeur de français dans une école primaire mixte d’Etat à Ouled Salama, prés de Blida, et poète « amateur depuis peu » comme il se définit, depuis qu’il vient de découvrir la poésie de Yahya El Ouahrani, alias Jean Sénac….

Mohammed Benotsmane

Enfin, le jour ayant déjà avalé toute sa salive, j’eus le privilège de dédicacer le dernier exemplaire de « Anna Gréki, les mots d’amour, les mots de guerre », à une amie au nom très sonnant de Djédjiga qui arriva très tard à cause d’une circulation furieuse dans Alger et ses environs et qui dut m’attendre sous le ciel noir à la grille de la foire (le SILA) où on l’avait quand même autorisée à stationner… Je signai sous le regard amusé du couple M’Hamssadji que je devais raccompagner à leur domicile…
Voilà pour une fraction de SILA
Peut être une autre vendredi prochain, inchallah



Abderrahmane Djelfaoui




2 commentaires:

  1. Et la surprise et l'émotion furent telles que ni toi ni moi n'avons dégainé nos appareils photos pour immortaliser l'instant, car sans doute après le départ si prompt de Hamid l'humilité de l'instant nous l'aurait interdit... Belle, très belle description itinérante du carrousel des âmes sur les pages des esprits

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