Que peut-on faire ? Peut-on s’observer (se photographier) dans une
situation aussi bizarre, inconfortable et tellement hors norme par rapport
à ce que le corps a sans trop de peine l’habitude
de faire matin et soir, dans les escaliers, les magasins ou les cours d’écoles ?...
… Lumière rasante se réfléchissant sur le mur de ma chambre plongée dans la demi-obscurité d’un janvier printanier. (24 heures avant de m’aliter, j’avais pu m’émerveiller des amandiers en fleurs sur la colline su Sahel en face de Baba Ali…)
Cette immobilité forcée me mène (faute de mieux) à me rendre
compte d’une quantité de poussière lunaire murale qui existait sans exister à mon
regard d’avant ; comme si l’on me « conviait » maintenant à vivre entre les
quatre murs d’une geôle et chercher là
(rien que là) l’extraordinaire, le point de fuite qui par imaginaire me mènera là où je ne suis pas…
Ici en filigrane: l’étrange
courbe qui suggère (allez savoir pourquoi) la plume qu’un pigeon aurait égaré….
Plus loin, sur un autre mur, mon regard navigue, dérive vers le
détail d’un tableau….
« Une plongée du monde
du silence » qui malgré la pesanteur forte de l'hernie discale me fait imaginer
la légèreté d’escalader le mur juste d’un pied comme on danse…
Et de pas de danse en pas de danse, en noir et blanc ou en couleurs, pourquoi
ne pas se laisser aller à la rencontre d’un cou agréable, doux, fin et beau ?...
Oui… Mais, il y a comme à coté le regard peint d’une nostalgie (est-ce une résignation
sombre ?) qui m'interpelle et m'invite à me rassasier plutôt d'un kass mâa soit une
bonne gorgée d’eau…. Ne serait-ce pas plutôt un coup de la chevrette ?..
Douleur et souffrance ne sont peut être qu’une autre
peinture du vivre; son contrepoint du siècle….
Douleur, oui , mais aussi patience confiante dans les propriétés
souvent miraculeuses du corps à se refaire… (L’espoir, la croyance également, font
vivre dit-on…)
Croire, jusqu’à retrouver comme au tournant d’une nouvelle saison la
saveur du fruit, son parfum des vergers lointains et lumineux….
Vivre-Croire au cœur-pépin de la pomme gauche ou droite...
Abderrahmane Djelfaoui, texte et photographies
Ain Naadja, fin janvier 18
bechfa!
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