Le mois de la
renaissance des mimosas et autres arbres fleuris, le mois de mars, est devenu
chez nous le mois où l’on célèbre la mémoire de Larbi Ben M’hidi, bien sur,
mais celle de tous les innombrables qui n’ont cessé d’illuminer cette terre de
ses rives marines aux lointaines dunes sahariennes dont les belles héroïques,
les éternellement généreuses et jeunes d’hier et d’aujourd’hui pour lesquelles la
parole publique reste trop souvent discrète, trop basse…
1954 –
1962 : l’histoire ne peut oublier le battement de vos cœurs, de vos mains
ni la douce clarté résolue de vos yeux,
de vos âmes….
Quelques
jours plus tard, à la veille même du 8 mars pour elles toutes, pour toutes
celles d’aujourd’hui, connues et non connues, j’ai fais cette peinture (si ce
n’est cette peinture « enfouie » qui s’est imposée à ce que je la
fasse de mes neurones-yeux et de tous mes doigts, vite …), et vite la mettre en
ligne…
Cette
peinture « me venait » en même temps que des dizaines, si ce n’est des
centaines de réminiscences fortes de poésies lues des années durant, des
poésies ressouvenues là, maintenant,
par bribes, que j’aurais tant voulues (mais
comment ?.. Comment !) aligner d’un seul souffle, d’un seul
regard et mouvement tel un drapeau lumineusement gai qui ondule au vent…
Que
voulez-vous que je vous dise ?
La seule
possibilité iconique et symbolique du moment fut pour moi de mettre à fleur de
sens L’ETOILE, NEDJMA …
L’étoile, d’Orient et d’Occident…
Ce qui
m’amena spontanément à joindre un poème des années 20 du siècle dernier…
Un poème du
poète bengali Rabîndranâth Tagore traduit en français (dédié à ma Chafika..)
LE JARDINIER D’AMOUR
LE SERVITEUR
Oh ! Reine aie pitié de ton serviteur.
LA REINE
L’assemblée est terminée et tous mes serviteurs sont partis.
Pourquoi viens-tu à cette heure tardive ?
LE SERVITEUR
Mon heure vient quand celle des autres est passée. Dis-moi quel
travail reste à faire pour le dernier de tes serviteurs.
LA REINE
Qu’espères-tu puisqu’il est trop tard ?
LE SERVITEUR
Fais-moi le jardinier de ton jardin de fleurs.
LA REINE
Quelle est cette folie ?
LE SERVITEUR
Je renoncerai à tout autre travail, je jetterai dans la
poussière mes lances et mes épées. Ne m’envoie pas dans des cours lointaines.
Ne me demande plus de nouvelles conquêtes : Fais-moi le jardinier de ton
jardin de fleurs.
LA REINE
Quel sera ton service ?
LE SERVITEUR
Celui de tes loisirs. Je garderai fraîche l’herbe du sentier où
tu marches au matin et où, à chacun de tes pas, les fleurs avides de mourir,
bénissent le pied qui les foule.
Je te balancerai parmi les branches du septaparna tandis que la lune, tôt levée dans le soir, s’efforcera à
travers les feuillées de baiser ta robe.
Je remplirai d’huile odorante la lampe qui brûle près de
ton lit et, de merveilleux décors de santal et de pâte de safran, je décorerai
ton tabouret.
LA REINE
Qu’auras-tu pour ta récompense ?
LE SERVITEUR
La permission de tenir entre mes mains tes poings mignons
pareils à de tendres boutons de lotus, et de passer autour de tes bras des
chaînes de fleurs ; de teindre la plante de tes pieds du jus rouge des
pétales de l’Ashoka et d’y
cueillir, dans un baiser, le grain de poussière qui par mégarde pourrait s’y
être égaré.
LA REINE
Mon serviteur, tes prières sont exaucées. Tu seras le jardinier
de mon jardin de fleurs.
Une poésie
qui me connecta tout aussi spontanément, naturellement si je puis dire à un
poème que j’écrivis il y a prés d’une vingtaine d’années, O
Palestine, publié en octobre 2002 dans le numéro 3 de La
Revue des Archers, à Marseille…
Ô PALESTINE
ces temps qui nous brûlent
les yeux
et vrillent de nuées noires
le vol des oiseaux
amnésiant jusqu'à l'encre
sympathique des enfances
quand refleuriront-ils
par delà le feu
par delà les cendres
Avec ce
dessin de Richard Martin lui-même, responsable de la Revue et Directeur du
Théâtre Toursky situé à l’Impasse Léo Ferré, à la frontière des quartiers nord
de Marseille :
Un poème, un
souvenir de solidarité qui a fait soudain jonction avec l’actualité au cours de
la marche de ce 8 mars à Alger, rue Larbi Ben Mhidi … L’actualité d’un symbole aux
significations plurielles qui m’a ému ; actualité d’une image (signée
Abdelghani Chebouche) à laquelle je n’ai pu résister à lui faire écho, à la repartager
à mon tour…
En ce lendemain de marches si spectaculairement pacifiques, humaines, lumineuses d’espoir digne et fraternel dire le plus simplement du monde:
Abderrahmane Djelfaoui
Ain Naadja, le 9 mars 2019
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