A une douzaine de kilomètres de Tabarka, sur notre route touristique
(en 2018) vers l’est en direction de Béja-Tunis, nous rencontrions près du
village de Ras Rajel un cimetière militaire allié de la fin de la deuxième
guerre mondiale…
A l’intérieur du cimetière, bien loin avant les tombes, sur un socle de
pierres de taille, une carte gravée sur acier en anglais et en arabe. Elle
montre les villes où les forces alliées, principalement anglo-américaines
effectuèrent le premier débarquement de novembre 1942: Casablanca au
Maroc ; Oran, Alger, Bougie et Bône (Annaba) en Algérie alors sous
administration collaborationniste de Vichy…
[Rappel : si le 8 mai 1945 est le début d’une ignoble
« boucherie », comme disait Kateb Yacine à l’encontre de populations
campagnardes, villageoises et citadines du nord constantinois,
« boucherie » exécutée par la marine, l’armée de terre et les milices
coloniales françaises, ce jour-là demeure et demeurera aussi celui de la
Libération du joug fasciste pour lequel sont morts des millions de personnes de
tous les continents…]
« La campagne en Afrique du nord s'est déroulée entre les
Premières et Huitièmes armées alliées (Commonwealth, Forces Américaines et
Françaises) et l’Armée de l'Axe (forces allemandes et italiennes). L’objectif
des alliés, en attaquant les forces de l'axe en Afrique sur un second front,
était de les détruire; de rouvrir la Méditerranée occidentale, préparant ainsi
la voie au débarquement en Europe du sud; enfin de soulager la pression sur les
armées russes sur le front de l'Est ».
Parmi les 290 000 soldats anglais, américains, français et
coloniaux qui participèrent à la Bataille de Tunisie plus de 1500 étaient des
sous-officiers musulmans, sans compter les 50 000 hommes de troupe
maghrébins…
Le prix
humain de la Bataille de Tunisie fut énorme.
Dans cet
affrontement sans merci, l’aviation allemande bombarda d’ailleurs à plusieurs
reprises la baie d’Alger où se trouvaient un grand nombre de navires alliés de
guerre et de ravitaillement… Je me rappelais sur cette pelouse si verte
et tranquille du cimetière de Ras Rajel en
quels termes ma grand-mère paternelle nous racontait dans les années 70 les
nuits de ventres creux à Belcourt, où au premier coup de sirène, la population
fuyait vers les abris creusés dans les collines pour échapper aux raids de la
chasse allemande…
« La
croix du sacrifice », orientée nord, au centre du cimetière comprenant dix
longues rangées de tombes…
Tombes sous le soleil et le ciel méditerranéens… Tous jeunes soldats
alliés, venus de très loin et convoyés le long des routes d’Algérie, tombés là en
combattant les armes à la main le feu fasciste allemand et italien…
Texte et photographies
Abderrahmane Djelfaoui
9 mai 2020, Ain Naadja, Alger
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