Mustapha
Boucetta avait invité quelques amis à un diner de fin d’aout afin d’exorciser
(si possible) l’étouffante chaleur de ces derniers jours. Qui plus est une
invitation avec une spéciale loubia sauce
blanche et pimentée au menu !... De quoi s’esclaffer, bien sûr ; mais
quand on connait les bons us et coutumes culinaires de la maison de l’hôte on
ne décline pas…
La loubia, généreuse et succulente, était bien
heureusement accompagnée de salades de poivrons grillés, de salade verte et
autre… Cela sans parler au dessert du
raisin et du melon de saison offerts frais sortit du réfrigérateur… Un repas convivial,
toutes fenêtres ouvertes à la fraicheur de la nuit, qui donna bien entendu prétexte
à l’expression d’un grand nombre d’anecdotes et souvenirs des uns et des autres
sur la loubia, le roi de la loubia, les frites belges ou encore de quelques enjeux
connus ou non reconnus des olympiades de Rio…
Fin
de loubia, le temps d’un rafraichissant dessert de fruits de saisson….
Puis vint le thé. C’est
le moment que choisit Mustapha Boucetta, en chef d’orchestre averti, pour nous
faire la surprise, inattendue et de taille. Superbe tant elle avait quelque
chose d’olympique elle aussi malgré (et peut être même grâce à) ses 25 ans d’âge
et d’oubli…
Mustapha
Boucetta, Rachid Nacib, Areki Larbi, Mustapha Nedjai et moi-même (photographe)
autour d’un livre d’art réalisé main…
De Poitiers à un concert de Amar Ezzahi …
Bonheur comme une
de ces grosse bulles de savon, toute légère et irisée, que les enfants s’amusent
à souffler au nez des passants…Une surprise qui réveille autant la joie que la
douleur de bien des souvenirs…
Un livre
fait main sur du très beau papier et relié par une fine cordelette…
L’histoire est
simple, comme toutes les histoires que ne cessera de conter Mustapha
Boucetta. Le fait est qu’il reçoit dernièrement un colis lui
arrivant de France… « Je tombais des
nues » en recevant le paquet, nous dit-il… Et ouvrant le pli il trouve
un grand livre d’art fait main avec pour auteur Abdelwahab Mokrani…Serait-ce
un message de l’au-delà de l’ami tragiquement disparu il a deux ans?...
Mais l’expéditeur, qui est-il donc?.. Pas de nom si ce n’est une étiquette « Aux bois gravés. 73 rue de la cathédrale. 96 000.
Poitiers »...
Délicatement de
mains en mains et tour à tour autour de
la table desservie nous feuilletons ce beau livre en papier d’alfa datant d’un
quart de siècle. 1991, exactement. Un poème
écrit par Abdelwahab Mokrani et illustré de plusieurs dessins d’artistes
français gravés tout simplement au linonéum en noir et blanc…
La suite de l’histoire
c’est… internet. Mustapha Boucetta va sur Google et fait des recherches sur « Aux bois gravés ». Il tombe
immédiatement sur le patron de cet atelier d’impression, Gérôme Bouchard… Puis
sa page facebook. Billet de remerciement avec cette touche de bon savoir vivre de notre
hôte qui écrit : « Et ma maison
à Alger est la tienne… ». Ce à quoi Bouchard répond qu’il aimerait
bien un jour visiter Alger et, surtout, à cette occasion, assister à un concert
de Amar Azzahi…
Ceci n’est évidemment
pas la fin de cette étrange et belle histoire, mais juste la fin de son premier
épisode…
Abderrahmane Djelfaoui, texte et photos
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