Elle dont s’envole l’oiseau.
Elle dont on entend battre les ailes,
couler l’air et
Le ciel faire sillage au lointain du
silence…
*
Quand on pose la question, je ne sais pourquoi, je reviens souvent au
long poème : « Jamais seul »,
d’Anna Gréki…
Rien au monde n’est à moi
Que tu ne m’aies raconté
Par une façon de voir
Les choses comme elles sont
Par une façon de dire
Le mot juste au moment bon
On n’invente jamais seul
Tu me vois à ta mesure
Je te veux fort par orgueil
Par amour serait plus juste
En vérité je te veux
Simplement à mes côtés
Dans le meilleur dans le pire
On n’invente jamais seul
Pas plus les désirs
Empoisonneurs – énervante
Rivière de thé tiède -
Que cette velléité
Sournoise comme un rongeur
Repu d’horizons larvés
On n’invente jamais seul
Pas plus la marche en plein ciel
Quand nous sommes corps à corps
Avec les monts qui ploient
Sous le poids de notre science
Bonne à faire ressurgir
Des forêts dans le Hoggar
On n’invente jamais seul
Ni les villes ancrées sur
Les roches pétrolifères
De l’Atlantique ni
Les planètes lancées de
Mains d’homme de main de maître
Au beau milieu des étoiles
On n’invente jamais seul
Ni le moyen d’être uni
Sans s’entendre et sans se voir
A longueur d’année de temps
Ni le moyen d’être libre
Avec la joie jaillissant
De nos richesses conquises
On n’invente jamais seul
Et sur les jalons blessés
De notre si simple histoire
Chargée de plus d’avenir
Que de moissons sur la mer
Il y a depuis la boue
Des rêves entrelacés
D’inconnus qui nous ressemblent
On n’invente jamais seul
La patience la confiance
Nous tenons leurs fruits en main
Grâce à des millions d’amis
Qui furent patients confiants
Longtemps avant nous pour nous
Anna Greki
« Algérie capitale Alger »
Préface de Mostefa Lecheraf
In « J’exige la parole », PJ Oswald
Société Nationale d’Edition et de Diffusion – Tunis [1963]
***
De la poésie que dire vraiment ?…
Dicte-t-on au poète se taire
Que tous les djinns grattent
Tessons mots en cendre
Tant il est des figuiers dans la ville
Qui ne promènent plus verdure
La pollution couchant leurs feuilles
Quant aux hauts eucalyptus
Ils sirotent calmes aux banlieues
Me souvenant que grand-mère était belle
Arbres que nos yeux ont pleurés
Résine des temps
Sève de bois mort
*
La
poésie est-elle une voix ?..
En elle passent les années
Neuves à zéro
Comme ont passé craquelures
De passerelles de bois
Les anciens bateaux
*
مَــــــنْ فَــتَـحَ كِـتَـــــابَــةُ الصَــمْـتِ
لا إِسْــمَ لَهُ
وَ لا وَجْه
إلا عُــيونِــهِ في قَــلْــبِــهِ
*
La
poésie est-elle une voie ?...
l’artiste ouvre sa colère aux lectures
passionnelles
de ses semblables
il est celui qui panifie cette colère
la transforme désir croustillant et
viril
pour mordre la bêtise aux fesses,
l’imposture à la gorge
*
Du
fond altier des siècles….
Djelâl-Eddine Roûmi écrivait en persan
en ses Odes mystiques :
Dés l’instant où tu vins dans le
monde de l’existence,
Une échelle fut placée devant toi
pour te permettre de t’enfuir
la fuite d’entre nos murs reste d’une dramatique actualité…
brûlante fleur sans tige ni pollen…
pourtant la découverte de magnifiques
jardins
suspendus en cette existence humaine si
brève
demeure une musique aussi divine que
celle qui enchante
les derviches du sama’…
jardins mozartiens
jardins de la danse du karma…
*
Lumière –
O
mes yeux
D’infinie
gratitude
Au
monde
Tu
es nid sans paille
Feu
d’eau
Perpétuelle
danse d’initiation
Sans
maître
Une
herbe au ciel couché
Un
soupçon d’oubli
En
onde d’éternité
Aérienne
dune
Au
cœur de la mémoire
Que
serions-nous
Sans
toi sinon l’écume d’ombre
De
nous-mêmes
O
tapisserie aiguillée de pins
Morsure
sans bruit de froidure
Inquiète
portance d’oiseau
Et
pépiement de son silence
Toi
qui vagabonde par les nuages
Etanchant
les sources de pluie
Le
jasmin que tu annonces
Te
prononce
*
Poèsie
Quel oiseau en vol douterait
Du battement des ses ailes
Et quelle baleine de son petit
Tout oiseau poursuit un sillage
Et tout cétacé le plongeon de son
souffle
Dont les écailles seules
Savent se faire l’écho
·
Les quelques
« réponses » toutes aussi provisoires que durables apportées ici sont
extraites de mes recueils : « Mona Monaurore, la septaine
d’amour », « ô ville de cent lieux, ville noire », « Nedjai
à Nedjai, une odyssée » et « la mer vineuse (disait l’aveugle) ».
Il en est bien sûr d’autres encore mais que la steppe tient à dorloter au petit
vent de ses songes…
http://www.livrescq.com/livrescq/
Abderrahmane Djelfaoui
voir: @AbderrahmaneDjelfaouiMaPMoesie
Expliquer la poésie par la poésie,c'est la sublimer, la depulper jusqu'à la sève pour y tremper les doigts gourmands de l'inspiration et du rêve. La comprendre ? Non ! Mais la prendre à petites gorgées comme un thé chaud, et la rendre d'haleine à la menthe suave... Merci poète
RépondreSupprimerExpliquer la poésie par la poésie,c'est la sublimer, la depulper jusqu'à la sève pour y tremper les doigts gourmands de l'inspiration et du rêve. La comprendre ? Non ! Mais la prendre à petites gorgées comme un thé chaud, et la rendre d'haleine à la menthe suave... Merci poète
RépondreSupprimer