9 minutes ! C’est
certainement le passage le plus court d’une personnalité du cinéma durant les
cinq jours du Festival du documentaire et
film court qui s’est tenu à la Maison de la culture Ould Abderrahmane Kaki
du 27 au 31 mars derniers…
René Vautier, juillet 2009 à Alger
9 minutes où
« Mr RENE VAUTIER brosse son
portrait de cinéaste militant anticolonialiste. Il revient notamment sur sa
participation et ses tournages en Algérie pendant la guerre de libération
nationale, où il a été blessé par un tir de soldat français sur sa caméra et
dont il a gardé un fragment dans le crane », dit le synopsis distribué
lors de la projection…
9 minutes denses
où, avant de résumer sa riche et
inégalable carrière, celui que certains ont vite et respectueusement nommé
« le père du cinéma algérien » pour avoir filmé dans les maquis, dit
de lui même: « René Vautier
vient d’apprendre qu’il a un cancer
qu’on ne plus soigner. Les toubibs ont renoncé à s’occuper de lui en lui
disant : tu as quelques mois pour régler tes affaires alors règle
les »…
Emotion dense que
celles de ces quelques minutes qui rendent hommage au cinéaste disparu en
janvier 2015 (le film est bouclé en mars 2015), un cinéaste humble et passionné
qui de son adolescence de résistant au nazisme jusqu’à la fin de sa vie n’a
cessé d’œuvrer pour les causes de libération des peuples du joug colonial
français.
Cette fraternelle
et pathétique surprise nous a été offerte par le cinéaste documentariste Hadj
Fitas qui avait rencontré René Vautier lors du Festival Panafricain d'Alger il
y a 7 ans , Festival dont Vautier était l'invité d'honneur aux cotés d’autres
cinéaste du monde tel l’américain Dany Glovéro…
Festival
panafricain –Hadj Fitas et Dany Glovéro
Heureuse et simple
rencontre entre hommes d’images….
Hadj Fitas a fait depuis
les années 70 un long parcours de journaliste, de reporter radio et surtout de producteur
et réalisateur indépendant de documentaires. Il avait notamment réalisé en 2004
un film de 13 minutes « Cinéma et
histoire », où il faisait un parallèle entre la guerre du Vietnam et celle
d’Algérie en interrogeant l’historien Benjamin Stora, les cinéastes Yves
Boisset, Mohamed Chouikh et Mohamed
Bensalaha ainsi que l’essayiste Malek Chebel…
Pour ce coup, Fitas
a trouvé durant le Festival Panafricain d’Alger de juillet 2009, en accord avec
René Vautier, la formule juste pour un témoignage fort : poser sa caméra à
hauteur du réalisateur breton, le cadrer en gros plan et le laisser faire son
autoportrait…
Pour la performance il faut être
bien entendu René Vautier. Et René Vautier explique avec calme et un sourire
souverainement pacifique qu’il se consacre désormais à Brest, région où il
était né en 1928, à classer pour la cinémathèque l’ensemble de ses films qu’il
a fait aux quatre coins du monde… Il a du d’abord les chercher, ses films et,
comme il dit « en recoller les morceaux » suite à toutes les
atteintes terribles que n’a cessé de lui assener la censure (et les
condamnations des tribunaux) au cours des soixante ans de sa longue et
extraordinaire carrière. Une trentaine de films dont les plus célèbres sont
sans doute « Algérie en
flammes » (1958) et « Avoir 20 ans dans les Aurés » (1972), mais
nous n’oublierons pas pour notre part de rappeler ici « Les trois cousins », une fiction tragique
sur la vie de trois cousins algériens à la recherche d’un travail en France
dont un des rôles saillants était interprété par le regretté Mohamed Zinet, chef
d’orchestre de l’inoubliable « Tahya ya didou » projeté sur l’écran
du cinéma l’Algéria de la rue Didouche Mourad en 1971 en présence de Mohamed
Salah Mentouri premier maire d’Alger…
Puisse ce court film être
largement distribué par les moyens modernes que nous connaissons afin que la
majorité des Algériennes et des Algériens puissent le voir ; car, comme le
souligne Vautier lui-même dans ce film : « L’histoire moderne s’écrit
en images »…
Souhaitons également longue vie
et santé à tous les festivals ici et là dans le pays qui permettent de faire réellement
connaitre le patrimoine culturel, le faire vivre, le préserver, le transmettre.
Abderrahmane
Djelfaoui
Hadj Mohamed Fitas / Bio express:
- Etudes de sociologie à l'université d'Oran
-Journaliste au quotidien "La République" d'Oran (1974/75)
-Formation de réalisteur à l'Institut National de l'Audiovisuel de Bry sur Marne/ Paris (1976-77)
-Reporter radio à "Radio France", et à "Radio France Internationale" (1977-78)
-Réalisateur au Centre audiovisuel de la Zone Industrielle d'Arzew de SONATRACH (1980-90)
-Producteur et Réalisateur indépendant, depuis la création de "VIDEO PRO" en 1990 et sa filiale "VP FILMS". Cette filiale a réalisé des documentaires pour le compte de la Télévision Algérienne, et les chaines France 2, France 3, TV5 et Radio Canada
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