dimanche 29 décembre 2019

Déserts... ALGERIA... Début de ce siècle...





En 2005 paraissait en Italie une anthologie littéraire bilingue (français/italien) de 198 pages sous le titre générique de ALGERIA ...

L'initiative en revenait à Emanuele Bettini, historien essayiste et poète, Président du PEN Club itialien et Bruno Rombi, poète.

Les traductions des textes (quatre romanciers et vingt poètes algériens) étaient réalisées par Bruno Rombi ainsi que les traductrices Serenella Pirotta Stefinlongo et Daniela Panigada.











C'est ainsi que dans ce choix paraissait des poèmes
récents que je venais d'écrire à cette époque "Au cœur du désert" ...





Ici un poème faisant partie de mon recueil mais qui n'apparaissait pas dans le choix fait:



                                    à  Alamine Khawlen
                                                    (Dame de l’Imzad)



pas de musique
dans l’Ahaggar
que ce crin de cheval
étiré et noué
par lequel tu fais vibrer
immensité de l’oubli

sa fine herbe sucée

entre le jour et sa nuit aimée


(Alamine Khawlen, 80 ans à l'époque, était l'une dernière barde célèbre ( à la fois chanteuse, poétesse et joueuse d'imzad) dans la région de Tamanrasset)



















Abderrahmane Djelfaoui

voir d'autres textes sur les sites:

@AbderrahmaneDjelfaouiMaPMoesie

 https://djelfalger.wixsite.com/poem

vendredi 20 décembre 2019

« SUR LES CHEMINS DU SALAGOU »






« J’aime photographier les gens, les paysages, les matières, les lumières. Mêler mes photographies et créer des images par superposition, photomontage, collage.  Mêler les mots aux images. »

C’est le crédo de Joëlle Jourdan photographe depuis 1986 et créatrice de l’association « ART ET NATURE ».


Le 11 juin 2005, sur la place du village de Celles prés du lac Salagou (France), l’association « MAS Terres Rouges » organisait une rencontre sur la promotion de la région dans le souci d’un développement local harmonieux, respectueux de l’environnement.
Y était programmée, entre autres, une exposition de sept panneaux au format 27 x 60 cm de la photographe Joëlle Jourdan que j’accompagnais de la calligraphie de courts poèmes que j’avais écris deux mois auparavant.




[les oiseaux d’ici / ressemblent tant / à leurs frères de chez nous / ils ont même sautillement / à la becquée / la même pudeur à partager / lumière des chardons / et silence des pierres]



[toucher la pierre / de ses pieds et / du bout de ses doigts // en lécher le silence / aux cigales des pins / et volcans éteints]




[retrouver un bout du monde / d’avant le bon dieu / d’avant ses anges / résine odorante / aux narines des tempes]






[Terre / que peut-il m’arriver / que la vie / puis / la mort bien après ]



[sous un frêle olivier / la table de roche / déposée là / par les entrailles d’avant le monde / entrailles de tout / ce qui luit au soleil / suant rosée des âges ]


[fleurs immobiles / mousses pensives / papillons enivrés / de la pâte du temps / sans dent /sans nom ] 

[écouter l’imperceptible / d’une souche / sortie de terre / laper un morceau / de soleil au ciel]





[s’asseoir / et écouter / le brassage de l’air / au passage / d’une mouche ]




[grimper / grimper / au-delà / des cîmes / de soi


grimper / grimper / au-delà / de tout nombre / et naissance

plus haut / plus haut / que la respiration ancestrale / au plus haut des arbres

puis descendre / descendre / caillasse / poussière / les papillons / nous ouvrant / le chemin / rêche / de la civilisation

descendre / encore descendre / jusqu’en dessous / de la ceinture / et là / boire enfin / leur eau potable]







© Joëlle Jourdan - Abderrahmane Djelfaoui



Pour d'autres textes voir mes sites:

@AbderrahmaneDjelfaouiMaPMoesie

 https://djelfalger.wixsite.com/poem

samedi 14 décembre 2019

" APRES SINISTRE DELUGE"





Au matin du 10 novembre 2001 des trombes de pluies déferlantes inondent en quelques minutes Bab El oued le plus grand quartier populaire d’Alger …

«Les dégâts ont été particulièrement catastrophiques puisqu’on a enregistré en quelques heures des pertes humaines considérables qui s’élèvent à plus de 800 morts et 150 disparus et des pertes matérielles évaluées à plus de 30 milliards de DA (selon la source officielle) sans occulter le terrible choc psychologique subi par toute la population algéroise. », écrit 17 ans plus tard  le Pr Abdelkrim Chelghoum, Président du Club des risques majeurs…

Pour ma part, j’écrivis sur le coup une poignée de poèmes rassemblés sous le titre APRÈS SINISTRE DÉLUGE - traduit à l’arabe « ma ba’d ettoufân » par la poétesse Inam Bioud - et publié quelques semaines plus tard avec des peintures acryliques de l’artiste Azwaw Mammeri aux éditions Casbah…



Un recueil poétique aux tailles 8 x 22 cm et de 40 pages imprimées








Acrylique de Ali Azwaw Mammeri










Un des poèmes était dédicacé à l’ami Azwaw Mammeri, l’artiste auteur des peintures accompagnant le recueil.



L’artiste Ali Azwaw Mammeri (1954-2019) dans sa chambre atelier



A ce stade s’intercale un chapitre de plusieurs poèmes écrits à partir de Genève et que j’ai justement nommé GENÈVE… J’en extrais, pour le ton du recueil, le second poème « ô mouettes du long quai Ador » où le poète arrivé pour un cours séjour d’Alger interroge…



A Alger, la vie reprend à contre courant de la tragédie…




Quelques mois plus tard, en mars 2002, presque l’ensemble de ce même recueil (avec des variantes) paraissait de l’autre coté de la Méditerranée dans « La revue des ARCHERS », revue du théâtre Toursky de Marseille dirigé par Richard Martin …


Mon poème s’ouvrait d’ailleurs avec, sur la page lui faisant face, un dessin de Richard Martin lui-même.






APRES SINISTRE DELUGE se clôturait dans les deux livraisons par le même poème. Sans la traduction arabe dans la livraison de Marseille.








©Abderrahmane Djelfaoui



Pour d'autres textes voir mes sites:

@AbderrahmaneDjelfaouiMaPMoesie

 https://djelfalger.wixsite.com/poem


lundi 9 décembre 2019

ALGER SOLEIL AU 42 ÈME VENDREDI DU 10 ÈME MOIS !..















6 décembre. Place du 1er Mai, Ministère de la jeunesse et des sports….13 heures 52...

A peine sorti de la bouche du métro je tombe sur un carré qui élève une large banderole appelant à « l’Unité » et « l’Action Pacifique »  contre « les Elections de la Bande »...

Au dessus de nos têtes la divine lumière d’un ciel bleue!







Sur la chaussée, les premiers milliers de marcheurs femmes et hommes passent au vu de cette banderole de la détresse : « Les habitants de ce bâtiments sont en danger »…


Derrière nous: la place du 1er Mai avec l'entrée principale de l'hôpital Mustapha...
Devant : la pente de la rue Hassiba Ben Bouali permet de voir des milliers, des dizaines de milliers (des centaines de milliers?...) d'hommes, de femmes et d'enfants dont le fleuve s'allonge, s'allonge en chantant et en claquant des mains...

Quel appareil peut comptabiliser le nombre exceptionnel de cette population? - Sans compter celle derrière nous. Sans compter celle (hors cadre devant nous) qui est au niveau de Amirouche, sinon de la Grande Poste...

Quel appareil pourrait même sérieusement comptabiliser le nombre des smartphones en action? Combien de centaines de milliers de photos? Combien de vidéos?...

Et il n'est que 14 heures 20...



« Lâ », « Lâ », « Lâ » , « Lâ »...
NON, NON, Non, Non, Non,
est imprimé noir sur blanc sur les papiers brandis à la main de ces hommes et femmes du peuple...

La pancarte explique (comme toute la planète le sait) qu'ils ne sont pas contre toute élection mais contre les conditions et le contenu de celle ci...






La vieille dame de la rue Hassiba Ben Bouali est à son balcon verdoyant et fleuri d’où elle salue, comme d’habitude, tous les manifestants qui défilent, eux comme leurs enfants. Accoudée à son balcon, elle est à l’aise dans sa robe traditionnelle, un foulard lui enserrant la tête et un autre aux couleurs de « Viva l’Algérie » aux épaules…


La pancarte « dit » : « La mascarade des élections n’est qu’une vile TROMPERIE. Ils dégageront tous »


D’un seul mouvement et sans le besoin d’aucun agent de la circulation la foule dense s’ouvre pour laisser passer une ambulance qui se dirige en sens inverse vers l’hôpital Mustapha…







Les portraits géants en Noir & Blanc des résistants Ali la Pointe et Larbi ben M'hidi, anéantis physiquement par l'armée coloniale il y a plus de 60 ans...

Le passé est-il vraiment passé? « Le passé refait-il surface pour dévoiler toutes les vérités ? »…



A 700 mètres de Hassiba, d’autres marcheurs « descendent » par milliers la chaussée de la rue Didouche Mourad dans la perspective de la Grande Poste… 
Là où tous les flux se rejoignent.

















Ayant fait jonction avec les étudiants massés au niveau de la Fac centrale, avec les flux humains venant de la Place du 1 er mai (par la rue Hassiba puis par le boulevard Amirouche), puis jonction avec les vagues humaines de Bab El Oued et Place des Martyrs, une partie des marcheurs se retourne et remonte le Didouche Mourad en direction d’abord de la Place Maurice Audin…
















Quelle communion patriotique!

Non comme mot de la fin, mais celui du meilleur départ.











Abderrahmane Djelfaoui, 
texte et photographies.