J'aime les images de départ...
Pour la marche du 41 ème vendredi, je suis arrivé avec quelques minutes de retard place du 1er d'Alger...
Mais depuis « la maison des syndicats » (si silencieuse depuis des lustres), j'entendais 800 mètres plus loin s’élever les chants collectifs devenus plus longs, plus mélodieux et bien plus maîtrisés que les semaines passées...
Des milliers sinon des dizaines de milliers de citoyennes et citoyens avançaient déjà avec détermination sur la rue Hassiba Ben Bouali avec la tête du cortège aux environs de la trémie du boulevard Amirouche... Seul, dans le ciel radieux de cette fin novembre, un hélicoptère vrombit au dessus du centre ville vers où se dirigent les marcheurs…
Marche de protestation certes, mais surtout d’une affirmation
neuve des jeunes ; notamment leur manière décontractée d’aller en groupe, de
rire, de dire, chanter, huer, siffler, s’habiller et marcher d’espoir…
Et d’un trottoir l’autre,
les arbres offrent l’oxygène nécessaire aux chants de la mémoire
du présent…
Au creux de la longue rue Hassiba Ben Bouali (héroïne de la guerre de
libération disparue à la fleur de l’âge) il est temps pour moi de me situer
parmi les gens de cette ville où je suis né, où je renais et ne cesse de renaître saison après saisons de tant de décennies de pluies et de lumière…
Le drapeau du jardin suspendu… Certainement un ou une mordue des
plantes vertes et des fleurs, tant sur un si petit espace elle (ou il) a su faire
monter tout l’espoir de la nature au premier étage !...
Sur toute la largeur et longueur de la chaussée et ses trottoirs,
malgré la densité humaine des marcheurs personne ne marche sur les pieds d’un
autre…. Un civisme réinventé ! (dans
les marches mais pas encore partout ailleurs dans les quartiers…)
Plus loin, sur la rue Didouche Matoub Lounès avec la Grande Poste en
perspective …
Bouregaa dans la lumière d’un défilé qu’il ne peut voir de sa prison…
… arbres et pancarte… têtes et drapeaux … mains levées et lumière…
J’essaie, quant à ces chevauchements d’images et mots d’ordre qui fusent,
d’imaginer les analyses et commentaires (en relations à des sources de données
que le présent ne donne pas…) que des historiens feront dans moins d’une
décennie…
La réponse d’aujourd’hui est dans le symbole de ce drapeau amoureusement
monté de fleurs en tissu…
Et en fin de marche devant le port et la baie d’Alger, cette « image »
presque telle que je l’écrivais dans « Alger séparation » en 2002 :
EL DJAZAIR
plume d’oiseau arrachée
aux calendes du doute
bleu nylé des collines du temps
qui de blanc furent
et disparurent
ville d’eaux inconnues
Abderrahmane Djelfaoui, texte et photographies
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