Fatiha Bisker
A embrasser d’un seul tenant la production de Fatiha Bisker, on se sent
accueilli en ami, presque en confident.
D’emblée, on se sent emporté par une aura d’aise
lumineuse. Une aura qui n’a rien de compliqué ou de tragique – comme on aurait
pu s’y attendre tant la vie de l’artiste, multiforme, sans cesse sous le coude
des nécessités, n’a jamais été facile…
L’étonnement est là.
De la majorité de ces agréables huiles sur toile rayonne une joie douce,
presque chantonnant, dirait-on. Une joie
qui s’offre comme soyeux tissage et ne demande qu’à être partagée. Le plus
souvent simple, brève ou longue, elle occupe l’espace d’un bleu de mer qui semble
murmurer le souvenir des plages de l’enfance heureuse avec le père et les
frères….
« Océane »,
est intitulé l’une d’elles. Son échappée de liberté …
Ou tout simplement « le bleu du silence » où repose en paix un poisson cloué dans la finesse de ses arêtes…
Et quand ce n’est pas la mer, ce sont des fenêtres –
esquissées ouvertes ou closes. Sinon des métaux « impalpables », dira
l’artiste par le biais d’une légende.
Ayant conquis l’espace de notre regard, ces toiles créées
par une femme de la ville, elle qui a également travaillé l’art de témoigner
par les mots, ces toiles ne peuvent rester accrochées au mur, muettes. Elles sont porteuses d’une voix. Elles épèlent
subtilement au milieu de quelques « sans titre » : « un
matin la mer » , « peinte
dans l’azur », « songe bleu »,
« fontaine d’une nuit » ou
même : « pénombre pourpre »…
Cette même voix pacifique par laquelle la peintre s’emploie, avec la patience
du jeu (la patience du je), à faire s’épouser tous les bleus qu’elle
conçoit ou qui viennent à elle avec leurs tonalités diverses dans une même ensemble
harmonieux. Les lier pour le meilleur d’une toile à l’autre ; d’une saison
à l’autre ; d’une vie soucieuse et difficile à cette humble joie bleutée, faite
art pour le partage…
C’est que l’artiste sait d’expérience artistique (elle
qui a silencieusement méditer la création de quelques grands peintres du siècle
– Mark Rothko pour n’en citer qu’un) que ce qu’on nomme harmonie ou beauté est
affaire de travail patient, toujours renouvelé, aéré par le goût et le plaisir
d’une tension appliquée…
Puis, bien entendu, en contrepoint magnifique à
cette ondoyance des bleus, s’élève « Espace et plume », toile d’une
svelte et blanche voilure sur un fond rouge. Un rouge dont l’ocre brun à la
base poétise le rêve, toute la mélancolie de son élan… Une toile qui invite
l’imagination à respirer. Jusqu’à s’allonger d’aise, comme cette femme à la
plante qui ressemble comme une sœur aux jeux d’enfance d’un Picasso
Abderrahmane
Djelfaoui
Catalalogue de l'exposition:
"Emotion plurielle"
Palais de la Culture, Alger
Février 2015
L'espace et la plume
Bleu de silence
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