C’est en allant
voir Maya Azeggagh à son association le Réseau
d’Artisanes d’Art Algériennes (ReS’ART),
elle la fille du poète Ahmed Azeggagh et ingénieur reconvertie dans l’art et
l’artisanat, qu’elle m’apprit qu’il ne restait plus que deux jours pour visiter
le Festival National de la Création
féminine qui se déroulait au palais de la culture à Kouba…
Maya
Azeggagh
Sur les dizaines d’artistes
venues à ce Festival de presque toutes les wilayate du pays, 7 d’entre elles y
étaient présentes sous la bannière de son association ReS’ART me dit-elle. Nous prîmes alors rendez vous pour le
lendemain au Palais de la culture…
Et comme tout
commence par des fleurs, c’est une artiste de la composition florale que je vis
en premier, madame Nadia Barèche de Tizi ouzou, mère de famille qui bardée d’un
diplôme de sciences économiques ne s’exprime pas moins chez elle, à domicile,
tous les après midi par le langage délicat du savoir-faire minutieux et
rayonnant des compositions de bouquets de fleurs à partir de la récupération de
matières naturelles.
Madame
Barèche, à son stand
« …
Tout ce qu’il y a dans mes bouquets, me dit-elle, est récupéré. Tels les épis, les
tiges de palmier, les noyaux de dattes et d’abricots, tout comme je récupère
les pistaches, les clous de girofle, les chapeaux des glands, les pommes de
pins, les graines du frêne, les graines de potiron, la monnaie du pape appelée
lunaire, anis étoilé… Je m’évade dans ce monde de fleurs, ça me repose, ça me
déstresse… je ne vis pas de ça ; j’expose de temps en temps depuis 2007, quelques
fois dans des galeries d’art à Alger. Mon plaisir c’est quand des gens viennent
me dire : « c’est beau ! »…
Les jouets : fleurs
d’enfance ...
« …
D’abord je récupère du bois et c’est une habitude que nous avons en famille
depuis longtemps ; partout où c’est possible, le long des routes, devant
une menuiserie ou devant un tas de bois qui va être brûlé, dit madame Yamina
Souilah diplômée de l’Ecole des beaux arts d’Alger mais un peu intimidée
d’avoir à commenter un travail qu’elle fait naturellement et avec plaisir…
« Parfois
on nous dit oui prenez, parfois on nous dit non ne prenez pas le bois, parfois
on ne nous dit rien et d’autres fois on ne nous voit même pas… Depuis toujours , poursuit-elle les yeux comme embué d'un souvenir, on utilisait chez nous ce bois de récupération dans le jardin ou pour faire des
étagères. Un jour, pour l’anniversaire de mon fils qui allait avoir deux ans, l’idée nous est venue de faire des jouets en
bois… Comme j’ai la chance d’avoir un mari passionné de bricolage et qui va de
temps à autre travailler dans une menuiserie, je lui ai fait le dessin avec ses
accessoires, un cheval. Lui il l’a usiné et réalisé. La surprise a été totale
pour mon fils. Ca a aussi fait grand plaisir aux petits neveux qui sont venus à
son anniversaire … Alors l’idée, naturelle, a été de faire encore d’autres
jouets. A partir de là mon mari m’achète une petite machine, une sorte de scie
sauteuse, qu’on met à la maison et il m’explique comment on l’utilise. Avec j’ai
commencé à faire des petites voitures, des tas de petites voitures… »
Verso de la carte
de visite de madame Yamina Souilah
« Comme
j’en ai fait beaucoup, on m’a dit : « mais pourquoi tu ne les vends
pas ces voitures ?.... » Dans le cadre d’une association j’en ai
vendu quelques unes puis ca a été la rencontre avec le président de ce 7ème
festival que mon travail intéressait et qui m’a conseillé de faire d’autres
jouets en bois que des voitures… »
Une
bougiotte sort de l’ordinaire.
Voici ce qu’en dit
le catalogue d’exposition présentant madame Tamazouzt Benmoussa.
« …
Revisitant des ustensiles de la vie quotidienne ou concevant des objets de
décoration à base de toile de jute, de raphia ou de morceaux de bois récupérés,
elle nous avait notamment marqués par ses poules de paille, et de toutes
tailles, qui lui avaient valu d’être distinguée lors de la 5ème
édition du Festival de la création féminine, placée sous le thème « D’orge
et de blé »….
Depuis plus de sept
ans, Tamazouzt travaille avec une plante naturelle le raphia, qu’elle achète
avec la toile de jute. Par contre elle souligne que tout ce qui lui sert de support et formes est
récupéré telles les boites de conserve de tomate, le carton dur d’emballage,
les sachets de plastique, (et parfois les feuilles de figuier séchées) qu’elle
modèle pour faire par tissage et collage des coffrets, des vases, des
porte-clefs, des miroirs ou des tables basses…
Inspirées
des trouvailles d’internet : pourquoi
pas des pneus de récup ?...
Zafira Ouartsi
Baba, directrice de l’école Artissimo, en visite au 7 ème Salon
Extrait du
catalogue officiel : « Passionnée
d’art et d’artisanat depuis toujours, quand Sofia, qui a longtemps tenu une
boutique d’artisanat d’art à Alger, rencontre Nawal qui s’exerce depuis
plusieurs années à différentes disciplines artistiques (modelage, céramique,
décoration d’intérieur) , la connexion se fait, et cela donne du beau. […]
« Pneus
qu’elles récupèrent chez les vulcanisateurs, bois de palette recyclés, cordes de
tous types… se mêlent et se réinventent dans des salons, tables, fauteuils…
surprenants de contemporanéité ».
« Mais
tout ne vient pas de la récup comme les tissus par exemple, dit madame
Benziada, sinon ce ne serait pas top… »
Timimoun
contre le sachet plastique
Maya Azeggagh (du
réseau de femmes artisanes Rest’Art) et Zafira Ouartsi Baba (Artissimo) au
Festival National de la Création Artistique
Dans le catalogue distribué:
« Héritière du savoir faire de ses aînées dans la tradition régionale de Timimoun, reconnue pour ses tapis
traditionnels, Khadidja Amrane, âgée de 37 ans, tisse depuis toujours, en
famille, laine et chiffons pour en faire des tapis à usage domestique. Encouragée
par le réseau national d’artisanes Res’Art
avec lequel elle a poursuivi des formations
[…] elle découvre les avantages économiques et les différents usages
possibles du sachet en plastique en matière de tissage pour en faire des tapis
et des nappes… »
Oran :
la récup du plastique est aussi une belle affaire.
Femme très économe,
originaire de Blida et habitant Oran
madame Baya Soussi, qui se définit comme « femme au foyer active » - Premier Prix au Salon d’Oran 2012
pour ses premiers travaux-, a commencé timidement à recycler les sachets en
plastique pour en faire des pochettes de portable ou des trousses d’écoliers
pour ses propres enfants « tous
ravis »…. Récupérant ensuite les sacs plastiques qui, « ne doivent pas errer dans la nature »,
et les mettant d’abord en lanières et pelotes, elle se lance ensuite dans le tricotage,
crochetage et tissage des paniers ordinaires (shopping, plage, pique-nique) tout
comme des sacs arrondis de toutes couleurs leur donnant ainsi une vie
utilitaire et écologique, activité qui lui procure aujourd’hui de grandes
commandes. « Je suis ravie , me dit-elle souriante et fière, que
l’opinion publique algérienne soit de plus en plus sensible à la récupération
et transformation des matériaux usagés »…
Asma
et la revivification du patrimoine
Asma Bouabdellou, avec
sa consœur Salima Mazri Badjadja, qui travaillent en tant qu’architectes
stylistes à Constantine, ont créé depuis
2011 une ligne prêt à porter de vêtement et accessoires (pochettes, sacs,
bijoux, etc) nommée Pantaroual.
« En tant qu’architecte impliquée dans la
restauration du patrimoine à Constantine, j’ai participé à la restauration du
palais du Bey Hadj Ahmed, la Medersa du Cheikh Ahmed Ben Badis, El Ketania… A
partir de là, on a commencé à s’inspirer des tenues et vêtements algériens
traditionnels, mais revisités. Pourquoi la femme ne porterait-elle pas dans ses
activités la tenue traditionnelle de tous les jours et non plus seulement
à l’occasion de fêtes… On peut ainsi mettre un pantalon Haouka ou Mdaour qui
n’est ni marocain ni tunisien, mais un seroual bien de chez nous qui nous
permet de renouer avec notre sensibilité et notre manière d’être; ces pantalons
qui nécessitaient dans le temps 12 mètres de tissu, nous réalisons aujourd’hui avec 2 mètres… C’est très élégant, pratique et on y est à l’aise. Nous avons
maintenant mon amie et moi un appartement commun avec deux machines
industrielles (acquises avec l’aide de la Chambre d’Artisanat) pour la réalisation
de ce travail qui se développe. Dans ce cadre la récup n’est pas chose nouvelle
pour nous, mais une idée force du patrimoine où chaque chose récupérée a
sa valeur. Nous ramassons tout ce qui est ancien avec le peu de moyens que nous
avons… La matière première pour nous demeure le sac de jute que nous traitons.
Tout dernièrement en récupérant des cageots en plastique on a juste voulu faire
passer un message puisque avec ces éléments aménagés et décorés on peut autant
faire une installation de détente dans un jardin qu’en intérieur… »
Hind
Hamar du réseau ResT’Art
Diplômée de l’Ecole
régionale des beaux arts de Constantine, en miniature, Hind Hamar, mère de
famille, s’est orientée récemment vers la récupération de jean et des chutes de
tissus…
Journaux
et papiers récupérés….
« … Sensible aux enjeux environnementaux, et
devant la masse de vieux journaux s’entassant dans tous les coins, Goussem
Djellouli s’initie en autodidacte au recy
clage
de ce matériau […] pour en faire des objets de décoration figuratifs ou
abstraits. »
(Catalogue Recup’Art)
L’autre dimension du fil électrique : devenir bijou….
Céramiste d’argile
et sculpteur de formation, Narimène Hakimi s’est retrouvée à Doubaï où son mari
travaille dans la nécessité d’élaborer une nouvelle voie à sa création puisqu’elle n’avait
plus son atelier. Ses moyens du bord n’étaient que du simple fil électrique mou
et flexible dans sa gaine colorée, ou du fil de corde (el halfa) et des pierres dures et brillantes… Elle senti vite en poétesse
du modelage que ces éléments contradictoires pouvaient faire symbiose en dégageant une belle et sobre harmonie en
étant assemblés… Elle devint « créatrice
de bijoux de fil électrique, dit-elle, qui ne sont pas ornés de métaux
précieux mais avec des chutes d’aluminium que je récupère pour les travailler
bombés ou plats, mats ou brillants… »
Entre la réalisation de plusieurs bijoux
Narimène Hakimi écrit de la poésie…
Chafika
Aitoudia : d’un rève en 3D aux bijoux uniques de récupération
Chafika Aitoudia est
un designer issue de l’Ecole des beaux arts d’Alger, promo 2000. « Pour ce qui est du bijou je m’y intéresse
depuis 2006. Je les dessinais en 3D sur ordinateur, mais tous les artisans que
j’ai contacté pour réaliser mes modèles ne voulaient pas les réaliser. Je ne
sais pas pourquoi. Peut être ils n’aiment faire que leurs propres modèles.
Ainsi plusieurs de mes créations sont restées en stock 3D. Mais avec d’anciens
bijoux à moi en argent et en or blanc que je ne porte plus j’ai commencé à rêver
de ce que je pourrais en faire… C’est comme ça que j’ai dessiné ma première bague,
un simple anneau en argent que j’ai orné de pierres semi précieuses et du fil
de soie rouge. La pièce est apparue… »
« Pour la bague en bois, je l’ai aussi dessinée,
mais je ne savais pas avec quel matériau j’allais la réaliser, mais je l’avais
comme esquisse sur micro. J’avais des chutes de bois ; du sapelli, un bois
rouge exotique qui est très léger et très résistant à l’humidité ; un bois
noble et cher. D’une chute de ce bois que j’ai ramassé sur un chantier où je
travaillais j’ai commencé longuement à la sculpter, la découper, la tailler en
y adjoignant une plaque d’argent récupéré d’un vieux bracelet acheté à la casse…
Ces bijoux qui prennent du temps pour être réalisés sont des pièces uniques ;
je ne fais pas dans la grande série pour ne pas dévaloriser la valeur de l’objet »
*
De ce tour d’horizon
notre texte (malheureusement limité) ne porte que sur le quart des femmes
artisanes et artistes présentes à ce 7ème Festival… C’est dire la
richesse multiforme de leur travail et créativité souvent passés sous silence
mais créations qui une fois découvertes nous étonnent, nous émerveillent et nous
laissent rêveur par leurs trouvailles paraissent , par leur ligne d’une sveltesse
t raffinée. Beautés, beauté, beauté mesdames ! Salut respectueux à
vous toutes et bonne continuation.
Abderrahmane
Djelfaoui
Texte et photos
élégante relève , gracieuse continuité , intelligente suite de ce que nos mères ont toujours fait, dans un souci économique et esthétique ...
RépondreSupprimerje me souviens que durant toutes nos vacances, mes soeurs et moi en compagnie des voisines, nous organisions des ateliers de travaux manuels... nous avons travaillé rafia, jute, alfa , capsules, riz, lentilles, fayots, macaronis, plâtre, laine, fil à broder, bois, perles ...pour fabriquer des objets de décoration, ou des bijoux ... des siestes animées et studieuses, où nous apprenions en éclats de rires à être des artistes inconnues, comme le furent nos mères
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RépondreSupprimerquand on fait une aussi vive et radicale critique publique "on" met son nom et sa qualité artistique ou professionnelle qui permet de se faire "juge". Pour ce qui est des photos les sources sont là, datées, archivées et signées . J'attends donc votre nom puis l'on avisera...
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SupprimerJ'ai supprimé le premier commentaire, pour insérer notre mise au point!
Supprimerle plagia ne concerne pas vos photos qui sont très belles d'ailleurs! mais concerne Maya Azeggagh. Dans votre introduction:"Maya Azeggagh à son association le Réseau d’Artisanes d’Art Algériennes (ReS’ART), elle la fille du poète Ahmed Azeggagh et ingénieur reconvertie dans l’art et l’artisanat, qu’elle m’apprit qu’il ne restait plus que deux jours pour visiter le Festival National de la Création artistique qui se déroulait au palais de la culture à Kouba" alors que le FESTIVAL DE LA CREATION FEMININE avait clôturé l'activité le 29 Novembre, et Maya fait croire qu'elle a reproduit notre travail, et clôture le 16 décembre (référence votre date de publication le 14 décembre)
Mise au point des membres du comité d’organisation du FESTIVAL NATIONAL DE LA CREATION FEMININE (FNCF)
RépondreSupprimerEncore une fois, nous trouvons malhonnête de la part de Maya Azegah, et de l’association Res’art de tenter de s’approprier le travail réalisé par d’autres.
Les créatrices dont le FNCF, sous l’égide du Ministère de la culture, a organisé une exposition au Palais de la culture du 24 au 29 novembre 2016 étaient au nombre de 33. Elles ont été sélectionnées par le comité d’organisation du festival. Et c’est un pur hasard, si quelques-unes d’entre-elles sont affiliées à RES ‘art (le comité du festival n’en était d’ailleurs pas informé). Elles avaient été repérées parmi d’autres, lors d’une exposition organisée à la maison diocésaine.
Donc dès le départ, RES’art ne peut se prévaloir d’aucun mérite dans la présence de ces créatrices à la 7ème édition du festival.
Que Maya veuille faire venir un ami journaliste pour lui faire découvrir les œuvres réalisées par ces femmes à partir de matériaux de récupération, c’est très bien ! C’est justement l’objectif principal du festival : rendre visible le génie créateur des femmes. Cependant ni elle, ni l’association ne doivent en tirer une quelconque gloriole, Car c’est le festival et son comité d’organisation et donc le Ministère qui ont mis sur pied tout l’évènement.
Le choix du thème (adapté à la conjoncture économique mondiale) la sélection des participantes, leur prise en charge totale, la mise à disposition gratuite des espaces pour l’exposition, l’organisation de toutes les activités, l’animation scientifique et artistique, et la médiatisation des créatrices, y compris sur la toile (site web et page Fb).
Tout, absolument tout, a été organisé par le comité du festival !
Nous apprécions les magnifiques photos réalisées par M.Djelfaoui, mais concernant les textes, il s’est inspiré de tout ce que nous avons-nous mêmes écrit dans le catalogue de l’édition, quand il n’en a pas reproduit des paragraphes entiers…
Alors un peu d’honnêteté intellectuelle s’il vous plait !!!
PS/ le vrai nom du festival « festival national de la création féminine » et non de la création « artistique »comme mentionné dans le blog .
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RépondreSupprimerMerci pour vos explications c'est correcte
RépondreSupprimerAsma
Ya3tikom essaha Mesdames :D
RépondreSupprimerQue c'est beau, bien fait, ingénieux et miraculeux si j'ose dire :)
Nesta3ref bikom Mesdames et que j'aimerais vous ressembler !!!!
Châpeau bas Mesdames, bravo :D
Vive les femmes algériennes :D
Yasmine Djelfaoui
bonjour
RépondreSupprimerje souhaite prendre contact avec Mme Yamina souilah svp!