Jeudi
5 octobre au matin, au bord de la magnifique baie toute bleue allant d’Arzew à
la Salamandre, à quelques kilomètres à l’ouest de Mostaganem, nous étions levés
du bon pied, avions pris le petit dej
en échangeant nos multiples impressions et photos en nous préparant à quitter l’hôtel
situé sur les Sablettes où nous n’avions passé qu’une nuitée…
La journée
précédente avait été celle des fortes émotions par la (re) découverte de la
maison de Sidi Ali (ex Cassaigne) où Jacques Fournier, fils d’un médecin de la
colonisation des monts du Dahra dans les années 1920-50, avait passé son enfance. (Médecins avaient
été également le grand père de Jacques tout comme son oncle, le frère de son
père). Une maison qu’il pouvait enfin présenter directement à ses petites
filles Delphine et Caroline qui visitaient pour la première fois leur terre
originelle d’Afrique…
Sous les grenadiers d’un jardin
d’antan…
Dans la rue
de la maison, rue baptisée depuis du nom du chahid Dourar Mohamed (1901-1956)
Une grande partie
de cette belle journée revenait à Mostefa Abderrahmane, cinéaste, qui aura
notre guide depuis Mostaganem et, une fois arrivés à Sidi Ali, aura pu
contacter par son savoir faire de terrain, humble et coutumier, les voisins puis l’un des
petits enfants des occupants de la maison (qu’on alla chercher à la mairie) qui
nous ouvrit la porte et fit visiter la maison aux Fournier avec la simplicité
souriante d’un villageois tranquille…
Demandant pour la petite histoire (comme on dit) à
Mostefa Abderrahmane ce que le Dahra représentait pour lui, il me
répondit après un moment de méditation:
« Sidi Ali comme tous les lieux de mémoire où
j'ai réalisé la plupart de mes documentaires à l’image des villages et lieux
dits de Nekmaria, Oulad Maâlah, Sidi Lakhdar, Hadjadj, Amariche...représente
pour moi une halte plus que nécessaire dans le vaste et majestueux Dahra.
C'est
dans cette contrée à la fois naturelle et sauvage où j'ai rencontré des êtres
d'une générosité sans limites. Face à la caméra, ces femmes et hommes qui ont
été de véritables acteurs de la révolution ont livré leurs cœurs et des
témoignages forts émouvants toujours à l'aise ; alors que la plupart n'ont
jamais été devant une caméra. Leur posture et leurs gestuelles ainsi que leurs
paroles m'ont enseigné l'art d'être soi-même, d'être généreux. Ils ont des
cœurs où l'on entre sans frapper. »
« Hadjaj Beach »
A une
quarantaine de kilomètres à l’est de Mostaganem, Nadir Kaid, retraité, nous
reçoit dans son cabanon à la magnifique vue panoramique sur la plage et sur le
couchant sur l’horizon marin…
(photo Nadir Kaid)
(Photo
Nadir Kaid)
De cette région de vielles montagnes et ses plages, Jacques
Fournier écrit dans son livre autobiographique et d’essai « L’Algérie
retrouvée » :
« L’Algérie retrouvée.
1924-2014 », page 28, éditions Bouchène ; Paris, Saint Denis, 2014…
C’est ce livre,
-après que moi et les filles sommes allé nous baigner, pratiquement seuls dans
l’eau douce et fraiche d’octobre (à l’exception de deux Algériens de Paris qui
campaient sur la plage !) que Jacques, entouré de tous, va sortir de son
sac et dédicacer à l’ami Nadir.
Un livre étonnant,
fouillé et rigoureux qui se divise en 8 chapitres allant de « Famille pied-noir », « Jeunesse algérienne » ,
« Alliance kabyle » (qui narre le mariage de Jacques Jacqueline à
la fille ainée de Mohand Tazrout), « Décolonisation », « Vu
de l’autre rive », des passages sur ses voyages en Palestine et
certains aspects de la colonisation française en Algérie jusqu’à une projection
de ce que pourraient être au 21 ème siècle les rapports de cœur et de raison
entre « L’Algérie et la France »…
Flashs
sur la route de Ténes-Alger
Arrêt pique-nique,
après nous être approvisionnés
dans une épicerie de village tenue par deux femmes
dont une fille de moudjahid qui nous dit, à Jacques et moi,
qu’il lui semblait bien avoir entendu
son vieux père parler d’un médecin de ce nom là…
A une autre halte, Delphine a tenu à sortir de la voiture,
traverser la chaussée et marcher pieds nus
sur les chardons
de la terre d’Afrique…
Caroline
devant la montagne du cap de Ténes.
La route en lacets creusée dans la falaise :
beauté féérique du paysage et, juste à nos pieds, un amas de canettes de bière
et autres détritus…
Sous
un eucalyptus dans la région de Gouraya, Jacques Fournier est un peu fatigué certes,
mais il le dit : il est heureux d’avoir à nouveau accompli à son âge
vénérable le voyage de l’enfance et du souvenir et de l’avoir partagé cette troisième
fois avec les enfants de son fils Denis, Delphine et Caroline, elles mêmes
émerveillées.
Que dire pour cette
fin de voyage qui n’en est pas une en fait, mais à considérer seulement comme
une étape ? Je crois que Mostefa Abderrahmane l’a bien dit et résumé en
parlant de l’homme lui-même :
« Jacques
fait aussi partie de ces gens du Dahra, humbles et grands. Pour moi, il n'a
jamais quitté l'Algérie qu'il porte dans son cœur, cette Algérie qu'il voudrait
voir aller dans le concert des Nations parmi les plus prospères. Durant les
trois courts et riches séjours qu'on a partagés depuis l'année 2005, il nous a
procuré beaucoup d'émotions et de partage comme savent le faire les hommes de
sa stature. »
Merci Jacques et à
bientôt !
Abderrahmane
Djelfaoui.
merci pour ce voyage Abderahmane Youcef Tounsi
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