dimanche 17 novembre 2019

ALGER TEMPS DE GRÊLE ET CHANT DES PLUIES – 39 è VENDREDI DE MARCHE …





Dés la sortie de la station du métro Ali Boumendjel, un petit vent froid me saisit. Le temps couvert va-t-il être-t-il être le bon compagnon des marches populaires qui s’annoncent en plusieurs endroits de la ville ?..






J’ai l’impression de voir les ferronneries des balcons se rétracter à ce froid de novembre ; pas âme qui se penche à aucun des balcons. Larbi ben M’hidi vide ou presque. Seuls scintillent par dessus les feuillages quelques rayons qui réussissent à voler un trou aux nuages…

Aller vers l’est ou le nord ?  Je me décide finalement aller voir du coté de la Place des Martyrs à un quart d’heure de marche de là…

Le bon choix ! Dés le niveau du square Port Said (Théâtre national algérien), je distingue un morceau d’arc-en-ciel au loin …



Je me presse de le prendre au zoom (numérique) même si la qualité n’est pas idéale, et avance à grands pas dans l’espoir de mieux le saisir de plus prés…




Face à cette beauté, je me dis que cet Arc-en-ciel est venu lui aussi « vendredir »  avec les algérois au-dessus des mosquées, de la chambre de commerce et de l'ensemble de la place des martyrs...
C’est un bon présage…


Pensant d’abord aller à un bout du boulevard du 1er Novembre attendre l’habituel fleuve humain de Bab El Oued, des chants et des slogans entonnés déjà à très hautes voix me parviennent du coin est de la place des martyrs …








Scandant sans arrêt et  très fort plusieurs mots d’ordre, les femmes et hommes qui avancent en s’étirant sur tout le long de la vieille rue Bab Azzoun me rappellent un poème de 2002 que j’avais écrit dans « Alger séparation » :


ALGEROIS

Toutes séparations
Inscrites
A nos os
Vertébraux
Leurs peines jointes (ne) se dissolvent
Aux hauts filtres des voix




Après le Théâtre national algérien,  la foule des marcheurs se fait plus dense au centre du boulevard Abane Ramdane.
Comment ne pas imaginer ici la fierté souriante du Abane qui anima le Congrès de la Soummam devant ce fleuve populaire qui se déploie pacifiquement sous ses yeux?..
L’Histoire est dans la rue.


« Ya ‘Aliiiiiiiiiiiiiiii !... Ya ‘Aliiiiiiiiiiiiiiii !... »  Un jeune lance un long cri d’Appel à l’aide au regretté Ali la Pointe héros de « la bataille d’Alger » ;  appel qui repris avec ferveur par des milliers de voix suivis d’autant de sifflets et claquements de mains…. « Ya ‘Aliiiiiiiiiiiiiiii !... Ya ‘Aliiiiiiiiiiiiiiii !... »

 


Tout est mis dans la rue, l’Histoire, l’Enfance, mais aussi le sentiment soucieux que les choses, comme on dit, ne sont pas simples…




Et les premières  gouttes de pluie d’aller crescendo…










Puis arrivés au niveau de  l'hôtel Essafir (ex Aletti), (en restauration), la pluie lâche toutes ses cordes...

Pour la petite histoire, l'Aletti fut l'hôtel préféré du cinéaste égyptien Youcef Chahine ("Le Moineau"...) chaque fois qu'il était invité à Alger, à la Cinémathèque entre autres...
Il aimait le coté vieux siècle de ses chambres, de ses meubles et de sa grande salle de restaurant. Il y retrouvait, me disait-il, l'atmosphère de sa ville méditerranéenne d'Alexandrie...

A la rue suivante c'est un bâtiment historique. Avant de devenir l'Apn (ASSEMBLEE POPULAIRE NATIONALE  que l’on sait) il fut des décennies durant la grande mairie d'Alger (où, humblement né à Belcourt je fus inscrit au registre d'état civil un jour d’août 1950 par le mari de ma tante qui était technicien des transmissions radio...)
Cette mairie comprenait aussi un bel espace d’exposition de peinture appelé la Galerie des Quatre colonnes où on exposait jusqu’à fin des années 70…

Et là, c’est soudain la grêle !





Coté Place Emir Abdelkader, le ciel est presque noir…





Suivant ceux de la Place des Martyrs de quelques minutes, c’est l’arrivée du « tsunami » de Bab El Oued…


Le plus grand Alger se ballade en chantant sous la pluie…
Hommes, femmes, enfants et vieillards.
Mais surtout les jeunes, la grande majorité, bruyante avec humour et bonheur…




Et le le Bab El Oued d’aller en chantant à pleins poumons ses mots d’ordre vers la Grande poste à la rencontre d’autres identiques fleuves humains venant  d’El Harrach, Hussein Dey, Kouba, Ruisseau, Belcourt, Salembier, Fontaine bleue, 1er Mai, El Biar, Telemly, former le nouvel Arc-en-ciel du 39 è vendredi de marche à Alger…




©Abderrahmane Djelfaoui





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