jeudi 17 avril 2014

Contemporanéité de l’antique (poésie d'hier et d'aujourd'hui)




En route vers l'ouest...

Samedi dernier, 12 avril, laissant gronder les bolides sur l’autoroute, on a pris la vieille route des champs en bordure de mer. Fraicheur d’horizon. Bleu d’azur…

Cyprés saluant le Chenoua (photo Abderrahmane Djelfaoui)

Sur des dizaines de kilomètres se fredonnait  une sensuelle histoire d’amour  entre cirrus du ciel et virile silhouette du Chenoua par un matin méditeranéen embaumé de la résine des pins… 

E faire rougir la terre. 

De bien être. Du bonheur.

Cette bande de terre si bellement rouge de coquelicots !.. 

Terre de la nuit des temps attentive à la fluidité des chants et aussi pensive que les écailles de la mer toute proche, sereine et lumineuse.



Une ville immémoriale depuis tant et tant de siècles....

Dans le frou frou des oliviers et leurs herbages d’oiseaux, des voix  s’appellent et se répondent en modulant la grâce tonale de leurs langues arabes, françaises, occitane…
Nous sommes sur les gradins du théâtre antique de Tipasa...
On y entend d’abord « la voix » d’Anna Gréki que ma gorge éveillée d’arôme café noir lui prête en la révérant…

… On n’invente jamais seul
Rien au monde n’est à moi
Que tu ne m’ais raconté
Par une façon de voir
Les choses comme elles sont
Par une façon de dire
Le mot juste au bon moment…

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…Près d’ici dehors la terre tremble
Sous une couche de chaleur fine
La ville endormie s’ouvre au soleil
Comme une figue sur ses épines…

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Face à un public (dont beaucoup sont de simples visiteurs du week-end) et tournant le dos à la fosse du théâtre où passe un lézard qui zigzague sur les pierres, Aurélia Lassaque déclame de courts poèmes où il est question de salamandres comme l’indique le titre même de son dernier recueil… Puis elle annonce une vieille chanson du 15ème siècle, une chanson du pays d'Oc, chanson occitane qu’elle module a cappella, tout en finesse et nostalgie au point que les oiseaux arrêtent de piailler, l’écouter…



De jeunes étudiants et étudiantes clament tour à tour du Jean Sénac, en français, en algérien, puis le chantent en chœur sur une entrainante mélodie chaabi. C’est inédit pour Senac "El Ouahrani"! Applaudissements et you-you fusent…
Puis, d’une voix de routard,  c’est Michel Baglin, toulousain d’adoption qui clame face au soleil « Un présent qui s’absente » :
Qu’on crée des routes, des œuvres ou des voyages,
on ne connaitra  qu’une incertaine présence
s’ils ne nous mènent pas au cœur du paysage.

Suivront des poétesses au verbe ciselé en arabe moderne ou fusant en algérien de la haute ou basse Casbah avec un brin d’humour qui fait claquer les mains emplissant l’air de rires et de you-you..…



Enfin, Bruno Doucey, poète et éditeur, clot cette brillante tournée en commençant par affirmer :



"La journée du poète a commencé il y a 3000 ans…"



Accompagné par un jeune instrumentiste égrenant les notes d’un ‘oud, Bruno Doucey lit des poèmes de son dernier recueil « S’il existe un pays » où il rend hommage à l’immense poète populaire grec Yannis Ritsos (qui fut mis en Musique par Mikis Théodorakis…)


Ritsos peignant sur une pierre...



Toi Yannis mon frère
qui offres à l’avenir sa moisson de lumière

Ton livre sera brûlé
devant les colonnes
d’un temple à Athènes




Oui : « la journée du poète a commencé il ya plus de 3000 ans ». Elle se poursuit et se poursuivra 12 fois mieux sur les deux rives...
 
 
 Abderrahmane Djelfaoui

voir: @AbderrahmaneDjelfaouiMaPMoesie 
 

1 commentaire:

  1. une promenade poétique , accrochée au souffle de sa plume et au cri de son âme d'artiste ...j'y étais ...j'y suis encore assise à l'ombre de ma steppe en contemplation de l'horizon iodé , rimé qui m'est venu de lui à travers cette longue route qui nous sépare et nous unit comme une mer de blé d'orge ou de maïs belle et nourricière de mon âme toujours avide de beauté ! Nora

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