Ce qui frappe en cette période de l’année, dés qu’on
aborde les chaussées défoncées, surchargées d’automobiles et autres véhicules de Bougara ( Rovigo pendant plus d'un siècle durant la colonisation française…), c’est la présence verticale d’innombrables familles de cigognes
ayant fait leurs nids sur chaque poteau et lampadaire du centre ville sans
parler de certains toits et minarets…
A cette hauteur elles donnent l’impression d’être « la population
souveraine de la ville »…
Président de la Fondation Terre (en
hibernation pour l’heure) et guide de montagne reconnu depuis des décennies, Mohamed
Belaoud, m’apprend que ces grands oiseaux qui, dés l’été, migrent du nord
européen vers nos contrées ont l’habitude de voir leurs mâles faire seuls le
long voyage un mois à l’avance afin de préparer les nids pour la femelle et les
petits…
"Pour faire grandir leurs petits, les parents vont et viennent avec de l'eau et des nourritures glanées à Oued Hammam El Ouane... Au mois d'août, toutes les familles s'envoleront ensemble pour se rassembler d'abord au sud de la ville avant de s'envoler traverser nos hauts plateaux et le Sahara en direction du Sénégal... Plus de 3000 kms "à vol d'oiseau"...
"Pour faire grandir leurs petits, les parents vont et viennent avec de l'eau et des nourritures glanées à Oued Hammam El Ouane... Au mois d'août, toutes les familles s'envoleront ensemble pour se rassembler d'abord au sud de la ville avant de s'envoler traverser nos hauts plateaux et le Sahara en direction du Sénégal... Plus de 3000 kms "à vol d'oiseau"...
(Au pays des cigognes de mon enfance et de tant de
régions où je les ai croisé–Ain Bessam, la Kabylie, l’Oranie- je n’ai jamais pu avoir entre les mains ne
serait-ce qu’un petit livre de 30 pages qui m’aurait expliqué leur vie er leurs
exploits)…
Par contre, si vous vous prenez le temps de faire un
arrêt pour discuter un moment avec certains « vieux » attablés à
l’une des terrasses de café (qu’y a-t-il donc d’autres pour passer le temps
dans ce pays ?), vous apprendrez que Bougara a subi
comme la plupart des autres villages et villes d’Algérie les affres de
« la décennie noire », avec exode de populations et retours partiels…
Vous apprendrez aussi que si cette région est
considérée comme une région agricole des plus riches des alentours de la
capitale, elle n’en souffre pas moins terriblement de manque d’eau depuis plus
d’une génération alors qu’existe un barrage en amont…
On voit sur cette photo Mohamed
Belaoud en discussion avec un habitant de la ville qui en nous racontant une
partie de son histoire (l’histoire de sa famille) nous apprend au passage qu’il
est originaire de palmeraie d’El Oued située à plus de 500 kms au sud est
d’Alger…
Un échange décontracté (le
bonhomme nous faisant l’offre de nous inviter à déjeuner chez lui…) tout près
de la place de la vieille église (fermée) au-devant de laquelle est érigé un
monument avec une plaque de marbre gravée à la mémoire des martyrs de la
révolution de libération nationale (1954/1962)
Une église qui me rappelait
d’ailleurs, en une fraction de seconde, une autre église, dans un village
tunisien d’un tout autre contexte, où la bâtisse avait été transformée en un
riche musée exposant de très belles mosaïques de la période romaine et
chrétienne initiale….
(voir : https://djelfalger.blogspot.com/2018/10/enfidha-voyage-millenaire-dans-une.html)
– village où je n’avais pas remarqué de cigognes…
De cette terrible Histoire
humaine, ses avatars connus ou tus, on ne sait ce que les cigognes pensent,
elles qui sans aucun instrument naviguent au-dessus de la planète depuis la
nuit des temps et continueront peut être à le faire après la disparition de
l’espèce humaine…
Si je parle de « disparition »
c’est en pensant à au moins deux écrivains contemporains d’importance :
Jules Roy (1907-2000) et
Jean Pélégri (1920-2003) qui sont nés à Rovigo aujourd’hui Bougara…
Jules Roy avait écrit entre autre:
« Les cerises d'Icherridène », 1969
et « Le maître de la Mitidja » en 1970…
Jean Pélégri,: « Ma mère,
l’Algérie » en 1988 en revenant visiter son pays. De cet ami de
Mohamed Dib, Kateb Yacine et Bourboune, le journaliste et écrivain Jean Daniel
écrivait en 2003 :
« ni Gabriel
Audisio,
ni Emmanuel Roblès, ni Jules Roy, ni Albert Camus ne se sont sentis, comme Jean Pélégri, aussi
naturellement que lui, fils de toutes les Algérie, arabe, berbère, espagnole et française. Depuis les Oliviers
de la justice jusqu'au Maboul, c'est un véritable cante
jondo de l'Algérie paysanne qui est chanté par lui dans sa
complexité baroque. Le Maboul est,
avec Nedjma de Kateb Yacine, le seul roman faulknérien de notre littérature. »
Notre littérature !..
Tout un
programme d’équilibre en vol par-dessus les continents de l’oubli, des
illusions dérisoires et rétrogrades, mais surtout du manque (chez tous les
certains bien connus) du sens de la responsabilité civique et du simple courage
humaniste…
Abdererahmane Djelfaoui
Alger-Bougara-Hammam El Ouane
12 juin 2019 (le jour où un de nos premiers ministres passa sa première nuit à la prison d'El Harrach-Alger)
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