jeudi 15 mai 2014

Azzefoun : une circonscription de si beau nom







Neige et brume dense en hiver au village de montagne d’Aghrib, qui n’est même pas à 30 km des plages d’Azzefoun. Sur les pentes descendantes vers la mer où ses forêts ont tant de fois brûlé, les jeunes arbres ne cessent de repousser, d’un vert frémissant et plus svelte que toute espérance.
En arrivant aux abords de la cité, comment savoir que la nature a fini son office et que la ville commence, tant on est encore aux abords de vignobles de raisin muscat, de raisin rouge ;  tant on longe la mer et ses plages de sable ou de galets ; tant en levant les yeux on voit du maquis, des roches, des peupliers, des eucalyptus, des cyprès, des jardins avec de maisons posées dans la lumière et, tout en haut, une montagne frisée par le passage de quelque nuage…
La ville est ainsi enserrée d’ombre et de verdures inattendues où se pâment les marguerites, les chardons violets ou jaunes et même quelques coquelicots égarés, comme soûls…

 

Du haut promontoire des ruines romaines à plusieurs centaines de mètres d’altitude (appelé «le vieux Azzefoun»), on peut  admirer les criques et les caps qui, avec une netteté inouïe, s’enfoncent là bas dans les eaux  douces de la Méditerranée vers les autres villes et ports de légende que sont Tigzirt et Dellys, elles aussi , comme Azzefoun, vieilles citées refondées, développées et enrichies par les vagues d’andalous fuyant l’Inquisition d’Espagne d’il ya 8 siècles..




Azzefoun : une ville d’agriculteurs et de pêcheurs où l’on mange l’année durant de beaux légumes et des œufs frais, de la sardine et surtout du poisson - qui (pour les habitants d’Azzefoun) est autre chose que la sardine : à savoir le rouget, la rascasse, le mérou et d’autres espèces aussi délicates les unes que les autres…)
La ville bâtie à flanc de montagne est tranquille, bonhomme et sans façon. Une ville de petites échoppes, presque toutes allongées en longueur, en profondeur et d’où, en sortant, on peut parfois tomber à n’en pas croire ses yeux sur une vielle guimbarde «oubliée» en bord de trottoir depuis un demi siècle. Une Coccinelle, sinon une Dauphine peut être …








Pour ressortir de la ville, vers l’est, on redescend la cité pour dépasser le petit port (ex port Gueydon) et prendre la route dite des sources vers la lointaine Bougie, Bejaia. A plusieurs centaines de mètres de là, on croise le phare d’Azzefoun : une petite bâtisse  basse et si bien blottie contre la route qu’on la prendrait avec sa lanterne rouge pour une sorte de café, une étrange halte de routiers….  



Beaucoup plus loin, au bout de  l’asphalte louvoyant entre montagne et mer,  asphalte régulièrement affaissée par les averses d’hiver, c’est soudain, à l’embouchure d’une rivière,  l’immense plage familiale Sidi Khlifa avec ses galets nus, ruisselants de petit vent et de lumière. Une plage qu’on découvre aussi vaste que l’horizon qui l’accompagne… Ici, au printemps, et sans crier gare la lumière vire parfois au jaune sous un petit rideau de pluie fine faisant du maquis et ses roches un décor rappelant un paysage d’Irlande… Avec une éclaircie tout aussi rapide et inattendue…
Quelques kilomètres encore plus loin vers le Levant, et c’est Le Petit Paradis…. Dés qu’on met les pieds sur cette magnifique plage de sable, toute la mer vous convie et salue de l’odeur de ses algues, de son iode et son doux silence aussi effilé que le rien de brume à l’horizon… L’eau de mer y est aussi pure qu’elle l’était aux yeux de nos ancêtres…



Là,  plusieurs criques de sable, à la file l’une de l’autre rappellent les lointaines et lumineuses années 70 et 80 où elles connurent une grande fréquentation d’occidentaux. On dit que des gens venaient même de Suède ou de Norvège jusqu’à Petit Paradis … Ils y campaient non pas un ou deux jours mais souvent des mois et des mois, en famille, en groupes. C’était la période des grands aventuriers de la route à la Kerouac, des libertaires, poètes et musiciens qui s’en allaient traverser les mers, les terres et les continents sur lesquels se trouvait –se trouve et se trouvera toujours - Petit Paradis de la grande circonscription d’Azzefoun de si beau nom.
Texte et photos : 15 Mai 2013

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