Neige et brume dense en hiver au village de montagne d’Aghrib, qui n’est même pas à 30 km des plages d’Azzefoun. Sur les pentes descendantes vers la mer où ses forêts ont tant de fois brûlé, les jeunes arbres ne cessent de repousser, d’un vert frémissant et plus svelte que toute espérance.
En arrivant
aux abords de la cité, comment savoir que la nature a fini son office et que la
ville commence, tant on est encore aux abords de vignobles de raisin muscat, de
raisin rouge ; tant on longe la mer
et ses plages de sable ou de galets ; tant en levant les yeux on voit du
maquis, des roches, des peupliers, des eucalyptus, des cyprès, des jardins avec
de maisons posées dans la lumière et, tout en haut, une montagne frisée par le
passage de quelque nuage…
La ville est ainsi
enserrée d’ombre et de verdures inattendues où se pâment les marguerites, les
chardons violets ou jaunes et même quelques coquelicots égarés, comme soûls…
Du haut
promontoire des ruines romaines à plusieurs centaines de mètres d’altitude
(appelé «le vieux Azzefoun»), on
peut admirer les criques et les caps
qui, avec une netteté inouïe, s’enfoncent là bas dans les eaux douces de la Méditerranée vers les autres
villes et ports de légende que sont Tigzirt et Dellys, elles aussi , comme
Azzefoun, vieilles citées refondées, développées et enrichies par les vagues
d’andalous fuyant l’Inquisition d’Espagne d’il ya 8 siècles..
Azzefoun :
une ville d’agriculteurs et de pêcheurs où l’on mange l’année durant de beaux
légumes et des œufs frais, de la sardine et surtout du poisson - qui (pour les habitants d’Azzefoun) est autre chose que
la sardine : à savoir le rouget, la rascasse, le mérou et d’autres espèces
aussi délicates les unes que les autres…)
La ville
bâtie à flanc de montagne est tranquille, bonhomme et sans façon. Une ville de
petites échoppes, presque toutes allongées en longueur, en profondeur et d’où,
en sortant, on peut parfois tomber à n’en pas croire ses yeux sur une vielle
guimbarde «oubliée» en bord de trottoir depuis un demi siècle. Une Coccinelle,
sinon une Dauphine peut être …
Pour
ressortir de la ville, vers l’est, on redescend la cité pour dépasser le petit
port (ex port Gueydon) et prendre la route dite des sources vers la lointaine
Bougie, Bejaia. A plusieurs centaines de mètres de là, on croise le phare
d’Azzefoun : une petite bâtisse
basse et si bien blottie contre la route qu’on la prendrait avec sa
lanterne rouge pour une sorte de café, une étrange halte de routiers….
Beaucoup
plus loin, au bout de l’asphalte louvoyant entre montagne et mer, asphalte régulièrement affaissée par les
averses d’hiver, c’est soudain, à l’embouchure d’une rivière, l’immense plage familiale Sidi Khlifa avec
ses galets nus, ruisselants de petit vent et de lumière. Une plage qu’on
découvre aussi vaste que l’horizon qui l’accompagne… Ici, au printemps, et sans
crier gare la lumière vire parfois au jaune sous un petit rideau de pluie fine
faisant du maquis et ses roches un décor rappelant un paysage d’Irlande… Avec
une éclaircie tout aussi rapide et inattendue…
Quelques
kilomètres encore plus loin vers le Levant, et c’est Le Petit Paradis…. Dés
qu’on met les pieds sur cette magnifique plage de sable, toute la mer vous
convie et salue de l’odeur de ses algues, de son iode et son doux silence aussi
effilé que le rien de brume à l’horizon… L’eau de mer y est aussi pure qu’elle
l’était aux yeux de nos ancêtres…
Là, plusieurs criques de sable, à la file l’une
de l’autre rappellent les lointaines et lumineuses années 70 et 80 où elles
connurent une grande fréquentation d’occidentaux. On dit que des gens venaient
même de Suède ou de Norvège jusqu’à Petit Paradis … Ils y campaient non
pas un ou deux jours mais souvent des mois et des mois, en famille, en groupes.
C’était la période des grands aventuriers de la route à la Kerouac, des
libertaires, poètes et musiciens qui s’en allaient traverser les mers, les
terres et les continents sur lesquels se trouvait –se trouve et se trouvera
toujours - Petit Paradis de la grande circonscription d’Azzefoun de si
beau nom.
Texte et photos : 15 Mai 2013
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